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Revue de presse du dimanche 16 octobre 2022
L’actualité c’est d’abord et surtout l’hommage à Samuel Paty, assassiné il y a deux ans. Et cette insupportable interrogation : les choses ont-elles changé ?
Samuel Paty
«Samuel Paty nous manque» : ému, Pap Ndiaye rend hommage au professeur assassiné
« Le ministre de l’Éducation nationale a rendu hommage samedi à l’université de la Sorbonne, à Paris, au professeur assassiné il y a deux ans. « Le traumatisme est toujours là », a souligné Pap Ndiaye. « Que nous l’ayons connu ou non, Samuel Paty nous manque, car nous savons que (…) l’espoir et la considération qu’il avait pour les jeunes font partie de ces forces qui font tenir ensemble la République, la rendent plus tolérante » et « préparent les citoyens de demain », a ajouté le ministre lors de cette cérémonie organisée dans un amphithéâtre de la Sorbonne, où une salle porte désormais son nom, par l’association des professeurs d’histoire-géographie (APHG) »
Sa sœur a prononcé un discours très remarqué, revenant sur les circonstances : « Non, Samuel n’est pas responsable de sa propre mort »
Lors de la remise du prix Samuel Paty, le 15 octobre à La Sorbonne, Mickaëlle Paty, soeur du professeur assassiné, s’est exprimée pour la première fois officiellement. Abonnés
Cet hommage avait lieu à l’occasion de la remise du Prix Samuel Paty. Prix Samuel Paty : « Ce qui nous a marqué, c’est la qualité de la réflexion de ce groupe et de ce projet », déclare le président du jury. La classe lauréate, une classe de quatrième originaire du Vaucluse, a enquêté sur l’intolérance religieuse passée dans sa région, sous forme de podcasts.
Et qu’en est-il aujourd’hui de cet enseignement de la liberté d’expression ? De la laïcité ?
« L’école face aux attentats et à l’assassinat de Samuel Paty : enquête inédite de l’historien Sébastien Ledoux Dans le cadre du programme de recherche 13 novembre, l’historien Sébastien Ledoux a enquêté entre 2017 et 2021 pour recueillir les réactions du monde scolaire face aux attentats de 2015. Après plus d’une centaine d’entretiens, l’assassinat de Samuel Paty a relancé sa recherche. Il s’en explique. »
Beaucoup d’enseignants se sentent démunis. « Mon métier ne sera plus jamais comme avant » : deux ans après l’assassinat de Samuel Paty, les enseignants toujours marqués.
La mort du professeur d’histoire-géographie, décapité le 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures de Mahomet, a éveillé une vigilance qui ne quitte pas les enseignants. Certains s’avouent toujours démunis face à des sujets comme la laïcité, mais témoignent de l’importance de leur mission. Le Monde, abonnés.
Et les atteintes à la laïcité se poursuivent, voire augmentent. Atteintes à la laïcité à l’école : les derniers chiffres préoccupants du ministère de l’Education – L’Express (lexpress.fr). “Le ministère de l’Education nationale a recensé 313 signalements en septembre pour des atteintes à la laïcité dans les écoles, collèges et lycées. Une « montée en puissance que l’on observe depuis un an », selon Pap Ndiaye.”
Atteintes à la laïcité à l’école : l’Education nationale défend «une politique de transparence» – Libération (liberation.fr). “Le ministère a recensé en septembre 313 signalements pour des atteintes à la laïcité. La hausse de la part des incidents liés au port de tenues religieuses est à attribuer notamment à l’incitation faite aux chefs d’établissement de «remonter tous les signalements», a précisé le ministre Pap Ndiaye.”
Le droit de parler librement des religions est-il toujours un problème ? « L’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire, qui suivait d’autres actes terroristes du même genre en France au nom d’une certaine idée de l’islam, a produit une énorme émotion. Nous vous proposons de revenir au problème qui est posé, aux fait et aux droits qu’avait Samuel Paty de faire ce qu’il a fait. Même s’il avait commis quelque chose d’illégal, l’assassiner est insupportable et ce n’est pas du tout comme cela que l’on répond aux choses illégales. Il faut rappeler qu’il avait pleinement le droit d’organiser un cours où il a débattu des caricatures de Mahomet. Le droit de parler librement des religions, si dur à obtenir dans notre histoire occidentale, est-il toujours un problème ? » Podcast. France Culture
Laïcité : un enseignement difficile dans les collèges et les lycées. Vidéo de FranceTV
Pire, les menaces de mort recommencent.
Un professeur menacé de mort en Alsace pour avoir évoqué les caricatures de Mahomet
Le rectorat de Strasbourg a « fermement » condamné mercredi les menaces de mort proférées dans un lycée du Haut-Rhin par l’oncle d’une élève contre un professeur, qui avait évoqué en classe « la liberté d’expression, les caricatures de Mahomet et Charlie Hebdo ».
Un professeur d’histoire-géographie d’un lycée de l’Essonne a été placé jeudi 13 octobre sous protection policière après avoir été visé par des menaces de mort en référence à Samuel Paty, cet enseignant décapité le 16 octobre 2020 et dont la mort tragique est commémorée à partir de ce vendredi.
Echos des systèmes
Mardi, les lycées professionnels sont en grève pour protester contre une nouvelle réforme (la deuxième en 3 ans).
Voie professionnelle : Les syndicats face au silence de Pap Ndiaye (cafepedagogique.net). “Dans une lettre ouverte du 10 octobre, les secrétaires généraux de 7 syndicats (Cgt, Fsu, Unsa, Snetaa FO, Snalc, Sud et Cnt) interpellent Pap Ndiaye sur son silence à propos de la réforme de la voie professionnelle. Un silence qui souligne la position du ministre et de la réforme… et qui inquiète pour la suite de la concertation.”
«Réforme» des lycées pro : la place des enfants de 15 ans n’est pas au travail. Article réservé aux abonnés
Pour assurer une formation qualifiante à ces élèves issus pour majorité des classes populaires, il faut commencer par rendre les heures d’enseignement qui n’ont cessé d’être retirées aux cours des gouvernements successifs. Des enseignants appellent à manifester le 18 octobre partout en France.
Dépenses pour l’éducation : la part des collectivités en baisse (lagazettedescommunes.com)
Selon Repères et références statistiques 2022, la part des collectivités dans le financement des dépenses pour l’éducation baisse depuis 2015.
Éducation à la sexualité en milieu scolaire | Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse
L’éducation à la sexualité (EAS) en milieu scolaire s’inscrit dans une histoire assez chaotique qui, après quelques réticences, a conduit le ministère en charge de l’éducation nationale à mettre en place progressivement à partir de 1973 un dispositif en lien étroit avec le ministère de la santé et les ministères chargés de l’égalité et de la protection de l’enfance, et en collaboration avec les collectivités territoriales.
L’école républicaine a-t-elle un avenir ? (radiofrance.fr). “Alain Finkielkraut s’entretient avec les universitaires, Camille Dejardin, auteure de Urgence pour l’école républicaine (essai paru aux éd. Gallimard), et Mathilde Brezet.
« La dévaluation de l’enseignement public ratifie l’abandon de ceux qui n’ont que l’école pour s’élever.
Ce qui se joue à l’école concerne chacun de nous du fait de ses conséquences sur la société. Or l’ascenseur social républicain n’opère plus. L’école trahit ses usagers, ses acteurs et, surtout, ses promesses d’égalité des chances par l’instruction et l’éducation à la citoyenneté. » Camille Dejardin, Urgence pour l’école républicaine.”
Lycée : le nouvel enseignement facultatif de maths en première n’est suivi que par une petite minorité d’élèves (lemonde.fr). “Emmanuel Macron avait promis un « retour des maths dans le tronc commun » en 1re générale. Avec l’enseignement facultatif mis en place, l’objectif est loin d’être atteint, mais le ministère de l’éducation nationale réfléchit à un enseignement obligatoire.” Par Eléa Pommiers
L’Éducation nationale a-t-elle délaissé les psychologues en milieu scolaire ? (telerama.fr). “La crise sanitaire a accentué le mal-être et les difficultés d’un grand nombre de jeunes, mais les “psyEN” n’ont pas les moyens de les suivre. Effectifs en berne, outils peu adaptés et manque de temps, les professionnels se bornent à cibler leurs interventions.
« Notre constat, c’est : psychologie partout, psychologues nulle part. » Sylvie Amici, présidente de l’Association des psychologues et de psychologie dans l’Éducation nationale (APsyEN), observe que le sujet de la santé mentale des jeunes, s’il fait l’objet de nombreux articles et études, ne se traduit pas sur le terrain, se heurtant même à une réalité bien connue aujourd’hui : comme le reste des professionnels de l’Éducation nationale, le nombre de candidats PsyEN est en baisse, notamment dans le premier degré.
« Il y a de moins en moins de titulaires recrutées, donc de moins en moins de titulaires formées, explique celle qui est aussi formatrice académique. On constate beaucoup de postes vacants… Cette baisse d’attractivité est liée aux conditions de travail : pas de reconnaissance, petits salaires, peu de moyens. » Rien que pour l’académie de Créteil, une trentaine de postes sont actuellement non pourvus, soit environ soixante-dix établissements scolaires sans aucune présence de psychologue.”
L’orientation et le parcours de l’élève, au périscope de l’IH2EF [Balado – Vidéo] – Thot Cursus. “Que ce soit la réforme du baccalauréat, la transformation de la voie professionnelle, la loi relative à la liberté de choisir son avenir professionnel ou encore la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants : toutes ces réformes, en valorisant la notion de parcours, entendent rompre avec le cloisonnement de l’appareil de formation, jugé responsable de son inefficacité d’ensemble au regard des objectifs quantitatifs et qualitatifs fixés par la nation.”
Instruction en famille : une victoire en justice historique à Rennes – Le Télégramme (letelegramme.fr). “C’est une première en France. Dix familles bretonnes ont remporté leur combat face au rectorat de l’académie de Rennes pour exercer l’instruction en famille (IEF). Dans cette affaire, le rectorat exigeait des raisons spécifiques à l’enfant concerné pour que l’instruction à domicile soit autorisée. Une exigence qui n’est pas prévue par la loi.”
Enseignement supérieur
Parcoursup : un « cheval de Troie » au service de l’extension de la sélection à l’entrée des universités – Educavox. “Traditionnellement, et fort logiquement, l’évaluation des acquis des lycéens parvenus en fin de leurs études secondaires repose principalement sur des bilans élaborés par les enseignants et personnels de direction du second degré. Cependant, depuis quelques années, on assiste en ce domaine à une sorte de transfert de responsabilité de l’enseignement secondaire vers l’enseignement supérieur. D’abord engagé lentement, ce processus s’est accéléré ces dernières années avec l’invention des plateformes télématiques de pré-inscription en première année de l’enseignement supérieur, et tout particulièrement de celle qui est en activité au moment de la rédaction de cet article : Parcoursup.“ Écrit par Magliulo Bruno
Parcoursup : « La non-hiérarchisation des vœux est un sujet conflictuel qui pourrait être enterré par l’adoption d’une solution médiane » (lemonde.fr). TRIBUNE de Claire Mathieu, ex-chargée de mission au ministère de l’enseignement supérieur lors de la conception de Parcoursup en 2017-2018
“Alors que Parcoursup est critiqué pour la durée de sa phase de réponse et le stress que la plate-forme génère chez les candidats, Claire Mathieu, ex-chargée de mission au ministère de l’enseignement supérieur, propose, dans une tribune au « Monde », deux façons de hiérarchiser les vœux.”
Les universités pourront-elles faire face à la crise énergétique ? – Educpros (letudiant.fr). “Dans un contexte de guerre en Ukraine, les universités enregistrent une hausse de leurs factures d’énergie. Le surcoût pourrait atteindre 400 à 500 millions d’euros en 2023. Le ministère de l’Enseignement supérieur a publié une circulaire pour décliner le plan de sobriété énergétique dans les établissements mais ne prévoit que des aides « au cas par cas ».”
Ressources
Équité versus Égalité en éducation – Thot Cursus. « Comment l’école peut sortir des ornières pédagogiques pour atteindre des objectifs professionnels.”
“Nous sommes face à des changements sociaux professionnels importants où les diplômes sont en train d’être remplacés par des compétences et les structures hiérarchiques remplacées par des structures groupales et cercles de décisions. L’école est la dernière à muter, elle attend, elle observe, elle expérimente peu ou plus depuis plus de 30 ans. La créativité appliquée est la compétence clé qui a désertée les salles de cours. Pourquoi ?
En voulant contrôler la qualité et les cadres scolaires, le système pédagogique a eu pour effet de stériliser, de neutraliser les velléités créatives et les initiatives qui sortent des programmes définis. Et cette stérilisation a gagné jusqu’aux écoles pédagogiques.
Est-ce un choix, une conséquence ? Difficile à dire car c’est aussi lié à la vocation des professeurs à devenir des enseignants ou à rester en poste alors qu’ils ont usé leur motivation.”
Le monde informationnel, impacts et enjeux pour l’éducation et la démocratie – Educavox, Ecole, pédagogie, enseignement, formation Compte rendu à lire.
Protéger les savoirs scolaires du pouvoir politique : un enjeu partout
« La censure de ce qui est enseigné à l’école est une réalité dans un certain nombre d’Etats. Comment s’en protéger en France ? » Par Jean-Pierre Véran. Blog de Médiapart.
Philippe Vitale : L’école et les curriculums (cafepedagogique.net). “Pourquoi la question du curriculum n’arrive-t-elle pas à émerger en France alors que l’Ecole n’arrive pas à faire face à la montée des inégalités ? Philippe Vitale, sociologue à l’université d’Aix Marseille, retrace dans un nouvel ouvrage (L’école et les savoirs scolaires, PUR éditions), un siècle de sociologie du curriculum. Il donne les clés de cette sociologie de Durkheim à Bernstein et Young. Les savoirs scolaires sont-ils si bien installés que cela ?
La question du curriculum revient dans le débat éducatif, notamment avec la campagne du CICUR. La question est partie de France au début du siècle dernier avec Durkheim et pourtant vous dites que c’est « un mauvais objet » pour nombre de sociologues. Comment expliquer ce purgatoire en France à la différence par exemple du Royaume Uni ?”
Education inclusive en Europe : des politiques actuelles et de leurs prémices | EHNE. “L’éducation inclusive est le nouveau cadre prôné par les instances internationales et notamment l’Union européenne pour développer les systèmes éducatifs nationaux dans le sens d’une meilleure efficacité pédagogique et d’une lutte contre toutes les formes de discrimination. Cette analyse se propose de situer cette ambition actuelle dans une perspective historique européenne. En effet, les pays du continent européen ouvrent dès le xixe siècle une large réflexion sur l’éducabilité des enfants « anormaux », à partir de laquelle apparaissent d’abord des prises en charge réputées ségrégatives au début du xxe siècle avant que leur condamnation dans les années 1970 donne naissance à l’intégration puis à l’inclusion scolaires.”
Géraldine Duboz (avec l’aide de Bernard Desclaux).
Dans la librairie des Cahiers pédagogiques
N° 579 – RESPECT
Coordonné par Julien Garric et Françoise Lorcerie, septembre-octobre 2022
Enseignants, élèves, parents : dans les établissements scolaires aujourd’hui, chacun peut se plaindre du manque de respect. Le ministère de l’Éducation nationale a d’ailleurs fait de « respecter autrui » l’un des quatre savoirs fondamentaux à transmettre à nos élèves. Comment apprend-on à respecter autrui ?
Coordonné par Ben Aïda et Jean-Michel Zakhartchouk, juin 2022
Ce dossier s’inscrit dans une réflexion critique menée sur les « fondamentaux » à l’école énoncés dans les discours injonctifs (« lire, écrire, compter, respecter autrui »). Il s’agit de s’interroger à la fois sur le sens à donner à l’écriture des élèves (qu’écrivent-ils, pourquoi, pour qui ?) et sur l’apprentissage du geste