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Quelle citoyenne, quel citoyen veut-on préparer ?

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Nous assistons à nouveau aujourd’hui à la remontée en puissance des valeurs conservatrices, voire réactionnaires.
La compétition, la sélection, l’élitisme sont plus que jamais à l’ordre du jour, en parfait accord avec l’individualisme qui prévaut dans la société.
Le retour aux bonnes vieilles méthodes apparaît comme la solution à tous les maux de société.
Face à cette régression, à cette désignation de la pédagogie comme bouc émissaire, nous réaffirmons notre choix d’une éducation qui, parce qu’elle considère l’enfant comme un
être social, une personne à part entière, lui apporte les aides appropriées à ses apprentissages en ne les isolant pas artificiellement de ses expériences, et développe ainsi sa capacité à être auteur et acteur des nécessaires évolutions sociales.
Nous réaffirmons par la présente notre volonté que les enfants ne soient pas les victimes des mouvements d’un balancier idéologique dont on mesure bien que les intérêts sont ailleurs.

LES ORGANISATIONS DU CLIMOPE : CEMEA, CRAP-Cahiers pédagogiques, Education & Devenir, FOEVEN, Les Francas, le GFEN, l’ICEM, La Ligue de l’enseignement, l’OCCE


OUI à l’autorité

La famille confie son enfant à l’Ecole ou à un cadre éducatif parce qu’elle sait qu’il y trouvera pour lui, une autorité rassurante pour apprendre et s’émanciper.
L’autorité, pouvoir d’organiser, de commander, suppose des qualités reconnues pour l’exercer.
– L’enfant, l’adolescent, a besoin de savoir qui le protège de l’injustice, des erreurs préjudiciables, des dangers divers et variés, et donc qui mérite ce pouvoir de commander, d’organiser.
– Il peut se construire positivement s’il se sait protégé par l’adulte qui fait respecter des règles justes.
– Apartir de là, il reconnaît l’autorité de la règle, c’est le point de départ d’un rapport à la loi fondateur de démocratie.
L’autorité qui permet à l’enfant de s’épanouir c’est celle qu’il peut avoir l’espoir d’exercer, parce qu’on lui donne à comprendre qu’on l’estime assez pour mériter cet honneur.
La pédagogie coopérative en définissant des rôles et des
responsabilités à exercer dans les apprentissages avec des
pairs permet d’intégrer la notion d’autorité nécessaire à tout fonctionnement social.
C’est par la pratique du dialogue de la démocratie, aussi bien à l’école qu’en centres de vacances, que l’autorité est distinguée de l’arbitraire imposé de l’extérieur.
L’autorité n’est pas attendue comme venant de l’extérieur, chacun a pu se l’approprier. Pas d’avenir démocratique d’un groupe social, d’un peuple, si ses jeunes ne sont pas préparés à l’exercice partagé de l’autorité.
OUI à l’éducation dont la finalité est l’émancipation.


OUI à la culture

L’école n’a pas à se contenter de savoir a minima. Elle offre un potentiel culturel considérable : combien d’adultes n’auront connu qu’à l’école le théâtre, la physique ou la poésie, la pratique des arts plastiques
ou de certains sports ? Activités pourtant si importantes dans une vie adulte !
L’école est riche de savoirs vivants à dimension culturelle, quand elle permet la pratique des arts, la rencontre avec des artistes et des professionnels, avec des
oeuvres. En dévoilant les conditions de la genèse de ces savoirs, les enjeux qui ont présidé à leur élaboration, elle permet de les relier à la culture des nations et des
sociétés.
L’école est également par nature le lieu de rencontre de disciplines différentes et de personnes d’origines différentes. C’est en fait une richesse : plus d’imaginaires, plus de besoin de réfléchir à ce qui relie les humains.
Oui à une école forte de toutes ses dimensions culturelles, aussi bien dans le savoir que dans toutes ses mixités.
OUI, l’école est le premier établissement culturel de France.


OUI aux mixités

Notre tradition scolaire et les valeurs qui y sont attachées, en particulier le principe d’égalité entre tous, nous ont conduits à “oublier” les diversités. Pourtant les mixités sont une richesse !
Mixité sociale pour que les établissements scolaires et les centres de vacances et de loisirs incluent tous les jeunes. car la diversité est source de richesse et de justice.
Mixité d’origine (nationalités, religions) pour que les pratiques éducatives démocratiques donnent tout leur sens au bien « vivre ensemble. »
Mixité de condition pour que la mixité fille-garçon se réalise sans stéréotypes ; pour que les mixités d’âges favorisent les apprentissages, les échanges de savoirs et
le dialogue entre générations.
Mixité d’état pour de meilleures relations valides-non valides, une vraie intégration des personnes handicapées, des enfants hyper-allergiques, mais aussi des enfants
précoces.
Oui aux mixités dans toutes les formations afin de réussir l’intégration !


OUI à la maîtrise des savoirs

Tous les élèves ont la capacité d’apprendre, de comprendre, de savoir, et de réinvestir leurs savoirs dans des pratiques et des conquêtes nouvelles.
Favoriser les recherches et les débats sur les savoirs chez les apprenants est le plus sûr moyen de vaincre le manque de motivation, l’endormissement intellectuel, la sélection à conséquences sociales qui se fait entre ceux qui écoutent les discours venant d’en haut et ceux qui n’y trouvent plus leur compte.
Mettre en place des situations de recherche et de confrontation s’apprend et contribue aussi à l’élévation des qualités professionnelles des personnels de l’éducation.
Lire et écrire sont donc des savoirs-pouvoirs décisifs en éducation qui nécessitent que les recherches et les situations de formation reprennent et soient soutenues. Dans ces domaines, le repli sur des savoirs fixés une fois pour toutes ne va pas dans l’intérêt de ceux qui apprennent.
Aucun savoir, s’il est critiqué et documenté sérieusement, ne saurait être à l’écart de la vie scolaire. En particulier les savoirs informatiques, politiques, éthiques, les savoirs de la création et de la pédagogie qui ne sauraient être des savoirs réservés aux enseignants. La laïcité permet d’aborder tous les savoirs.
Tous les savoirs de l’école ont droit à une égale dignité : savoirs conceptuels ou savoir faire, savoir apprendre et savoir comprendre, savoir du sujet ou savoirs inachevés, savoirs du patrimoine ou représentations mises en jeu: ils méritent tous le débat critique et l’élucidation de leurs utilités particulières.
Les savoirs pédagogiques des enseignants sont une richesse qui doit être reconnue.
Oui, il est urgent de construire des savoirs citoyens dès
l’école, sur la prise de parole dans les groupes, sur l’élaboration des décisions, leur vérification par l’effet de réalité.


OUI à la laïcité

L’Ecole offre à l’enfant un espace et un temps propres à la transmission du savoir.
Dans ce cadre les enseignants, les programmes, les manuels, les locaux… sont laïques. L’écolier, le collégien, le lycéen ne doit pas subir d’influences, directes ou
indirectes, émanant de croyants, d’agnostiques ou d’athées. Ce principe de neutralité en matière religieuse et idéologique est le garant de la liberté de conscience de
chaque enfant. Celui-ci doit être informé de la réalité sociale qui l’entoure, dont les religions font partie. Cela ne peut se faire que par un cours objectif, qu’il soit de
français, d’histoire ou de philosophie… L’élève lui-même est tenu de s’abstenir de toute forme de prosélytisme.
OUI à la laïcité qui consiste à rendre populaire la raison, à apprendre à penser et à agir de façon libre et responsable.


OUI à l’éducation globale

Pour un enfant ou un adolescent, l’éducation ne se
découpe pas en tranches.

À la table familiale, dans la cour de récréation, en
classe, en centre de loisirs ou de vacances, dans son
quartier, tous les temps sont éducatifs. Bien souvent,
c’est le manque de cohérence qui préside : avis contradictoires des parents, des enseignants, des aînés, des
éducateurs ou animateurs. Il est toujours aussi urgent
que ces adultes se coordonnent. Ce n’est pas en multipliant
les réunions ou en rendant précaire la prise en charge éducative qu’on y arrivera. Il vaut mieux faire des formations en commun, échanger pour mieux se
connaître, bâtir ensemble des projets éducatifs à l’échelle locale.
C’est le rôle des services publics de garantir tout cela.
Les enfants doivent pouvoir bénéficier de la coopération
des adultes.
Oui au souci partagé d’un projet d’éducation globale.


OUI à la coopération

À l’école, la compétition et l’individualisme amènent les élèves à travailler les uns contre les autres. À l’inverse,
la coopération permet aux élèves de travailler ensemble, les uns avec les autres.


Le rôle de l’école est d’offrir à tous les enfants un climat
sécurisant et propice aux apprentissages.
Ce climat positif se bâtit avec les élèves, par l’estime de soi et des autres.
Construire les apprentissages ensemble, au service de tous, passe par des dispositifs favorisant la responsabilité des élèves (travail en groupe, tutorat, entraide, …).
Ces façons actives d’apprendre, par et pour les autres,
participent de l’éducation citoyenne : apprentissage du
débat démocratique, élaboration de règles de vie
constructives.
Les apprentissages prennent sens dans la mise en oeuvre de projets avec la participation réelle des élèves.
Oui, à la Coopération comme système cohérent de valeurs, d’attitudes et de pratiques donnant du sens à l’école et aux apprentissages.


OUI à l’effort

Sur cette question, les malentendus sont nombreux.
Le travail prévu doit avoir un sens pour celui qui apprend. Un enfant ne fait pas des efforts par habitude ou alors ce n’est plus vraiment un enfant. À l’adulte de veiller à ce que le sens soit découvert ou au moins présenté avant la mise au travail. Il faut aussi encourager celui qui apprend et accompagner ses efforts.
Les élèves ne se mettent pas au travail tout de suite ? Il convient de regarder le contexte dans lequel ils sont placés, prendre le temps de passer d’une situation à une autre.
Les modalités de travail (consignes, évaluations…) doivent être éclaircies par l’adulte pour permettre à
l’élève d’apprendre à s’organiser.
Le monde qui entoure les enfants et adolescents les met constamment en situation de réactions immédiates, les adultes ne doivent pas répondre par « Tout le travail tout de suite ».
Oui, pour apprendre, pour grandir, il faut faire des efforts. Les pédagogues en sont convaincus, les enfants et les adolescents l’admettent lorsqu’ils en ont fait l’expérience positive.


OUI aux rituels structurants

« Si tu viens n’importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m’habiller le coeur…
Il faut des rites, dit le renard au petit prince. »
A. de Saint Exupéry

Lorsque nos enfants vont pour la première fois à l’école,
nous espérons la plupart du temps qu’ils retrouvent les
rituels d’apprentissages qui nous ont construits. Il peut
arriver que nous les redoutions, mais ils ne nous sont
jamais indifférents.

Tous les élèves sont heureux d’apprendre et de s’investir
quand ils ont repéré la régularité de pratiques pédagogiques
:
– où leur effort n’est jamais vain, et, où ils trouvent au
bout, la considération de ce qu’ils font et de ce qu’ils
sont,
– où l’épreuve est calibrée et porteuse d’espoir de réussir,
– où chaque difficulté programmée est assortie d’aide ou
de protection,
– où l’affrontement de la difficulté est toujours payé d’estime, jamais de dévalorisation.
Le rituel d’un exercice maîtrisé permet :
– de profiter pleinement de cette maîtrise génératrice
d’estime de soi,
– d’avoir l’esprit libre pour avoir le courage de tenter
autre chose plus difficile ou différent,
– de marquer son histoire personnelle de repères temporels positifs où il se sent progresser dans des défis relevés.
Oui au rituel, occasion de donner le goût de l’apprentissage
coopératif, avec un partenaire de travail
gratifiant par l’estime qu’il nous fait ressentir et que
nous ressentons à son égard.


OUI à l’éducation civique

À la question : Quels citoyens veut-on former ? La réponse est forcément politique. Si l’on veut des citoyens conscients, responsables, solidaires, critiques, il faut s’en donner les moyens.
Seule une éducation qui donne aux jeunes de vraies
responsabilités dans leur école, leurs associations, leurs centres de vacances et de loisirs, peut les amener à devenir ces citoyens actifs et à donner du sens « aux savoirs civiques ». Si l’on veut développer leur esprit critique, il faut saisir toutes les occasions de le faire dans le cadre des programmes scolaires et dans toutes les activités qui leur sont proposées et assurer ainsi leur réussite personnelle et leur formation de futurs citoyens.
Oui à une éducation civique active et émancipatrice qui ne se contente pas de rabâcher des leçons « d’instruction civique ».


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