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Quel chantier !

Vous vous souvenez ? Le précédent ministre de l’Éducation nationale avait dit qu’il ne ferait pas de loi. Il en a bel et bien porté une, dite loi pour une école de la confiance. Un bel oxymore, tant son passage au ministère a spectaculairement entamé la confiance des personnels.

Nous avons subi une politique faite d’improvisation, d’opportunisme et de reculs : gestion chaotique de la pandémie, renoncement à la mixité sociale, abandon de fait du socle commun, instrumentalisation de la laïcité dans une conception crispée et crispante, réforme incohérente du lycée et du baccalauréat, recentrage en primaire sur des « fondamentaux » étriqués, à grand renfort de contrôles tatillons et d’injonctions pédagogiques rétrogrades. Le chantier de reconstruction est lourd.

Un symptôme : il y a eu 1 600 ruptures conventionnelles à l’Éducation nationale en 2021, contre 296 en 2020. C’est peut-être un détail pour certains, mais ça veut dire beaucoup !

Autre symptôme : la prolongation de deux semaines de la période d’inscription aux concours de recrutement des enseignants, faute de candidats. Le métier n’attire décidément plus : étonnant, non ?

Il devient urgent de rétablir la confiance et l’envie. Mais comment redonner du sens aux métiers de l’Éducation nationale ? Par où commencer ? Où est la charrue ? Où sont les bœufs ?

Faut-il commencer par une nette revalorisation des salaires ? Que ce soit efficace ou non pour remobiliser, les annonces se suivent, qui vont toutes dans le même sens : finalement, la revalorisation ne sera pas générale et laissera de côté ceux qui sont dans la seconde moitié de leur carrière. Sauf s’ils s’engagent à travailler plus.

Faut-il accorder une plus grande marge d’autonomie aux équipes éducatives, comme marque de reconnaissance de leur professionnalisme ? Le fonds d’innovation pédagogique d’« au moins » 500 millions d’euros sur le quinquennat pourrait aller dans ce sens, mais on ne connait pas les critères d’attribution, on ne sait si des écoles se retrouveront en concurrence, etc.

Faut-il lancer une nouvelle grande réforme ? Celle qui s’annonce dans l’enseignement professionnel n’est pas partie pour recréer la confiance. Celle dont nous rêvons n’est pas à l’ordre du jour ; elle commencerait sans doute par définir ce que l’on entend par excellence !