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Quel cadre législatif ?

La première convention concernant l’égalité hommes-femmes dans le système éducatif date des années 80. Cette décennie a marqué le début des actions d’égalité dans le domaine scolaire, notamment en matière d’orientation et de choix professionnels plus diversifiés. Ainsi, dans cette perspective d’adapter la langue à l’évolution professionnelle, Madame Yvette Roudy, ministre des Droits de la Femme, a mis en place en 1984 une commission de terminologie chargée de la féminisation des noms de métier et de fonction, présidée par Madame Benoîte Groult. Le 11 mars 1986, une circulaire relative à la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre met en valeur « l’accession des femmes de plus en plus nombreuses, à des fonctions de plus en plus diverses ».
Le 14 septembre 1989, le secrétaire d’État chargé des Droits de la femme et le secrétariat d’État de l’Enseignement technique signent une convention. Dans le but de répondre à des enjeux économiques du fait que « le pays manque d’ingénieurs et de techniciens », cette dernière vise essentiellement à diversifier l’orientation des jeunes filles en favorisant leurs accès aux formations industrielles, techniques et scientifiques. La problématique de la diversification de l’orientation des jeunes filles prend une place importante dans les projets d’établissement. Par exemple, il est nécessaire d’améliorer les conditions matérielles favorables à leur accueil (vestiaires, sanitaires, internats, ateliers) et de réfléchir sur une « pédagogie » mieux vécue par les filles, dans le cadre des enseignements professionnels, notamment lorsqu’elles sont « pionnières » dans ces filières.
Le 25 février 2000, pas moins de cinq ministres ont signé une convention pour la promotion de l’égalité des chances entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif. Cette convention tente d’aller plus loin que la précédente en définissant une politique globale d’égalité des chances, et ce « du préélémentaire à l’enseignement supérieur, de la formation initiale à la formation tout au long de la vie ». Attardons-nous sur trois thématiques qui constituent des enjeux prioritaires dans cette convention :
– Des choix professionnels plus vastes pour les filles et les garçons ;
– Une meilleure accessibilité à tous les rôles sociaux et donc un travail de lutte contre les stéréotypes ;
– Promouvoir une éducation fondée sur le respect mutuel des deux sexes.
Le but est de faire prendre conscience à tous les acteurs de la communauté éducative, aux parents et aux élèves, de l’importance de l’orientation en termes d’insertion professionnelle, et de mettre en perspective les risques des stéréotypes attachés aux rôles sociaux féminins et masculins dans ce choix d’orientation. De ce fait, la convention cherche à améliorer l’équilibre entre les filles et les garçons dans le choix des filières et des métiers.
Cet objectif ambitieux se veut égalitaire, respectueux des différences, et exige une « action dès le plus jeune âge sur les représentations des rôles respectifs des hommes et des femmes ». Pour cela, de nombreuses actions sont proposées, et une attention particulière est portée au choix des manuels scolaires et des livres de littérature jeunesse dès les classes de primaire. Cette promotion de l’égalité des chances passe par une formation spécifique de toute la communauté éducative et notamment au sein des IUFM, avec pour thème « l’élargissement des choix professionnels des filles et des garçons, les rôles sociaux des hommes et des femmes, l’identification des stéréotypes ». À titre d’exemple, la convention propose une diffusion aux enseignants de matériels pédagogiques adaptés comme la brochure « filles et garçons à l’école, une égalité en construction » (Vouillot, 1999). Enfin, l’accent est mis sur la valorisation du rôle des femmes dans les enseignements dispensés et d’assurer l’égalité d’accès aux postes de responsabilité.
Le 29 juin 2006 est signée une nouvelle convention interministérielle (8 ministères) pour l’égalité entre les filles et garçons dans le système éducatif et part des mêmes constats. Les filles réussissent toujours mieux que les garçons sur le plan scolaire. Toutefois, elles demeurent encore insuffisamment présentes dans les filières les plus prestigieuses et les plus porteuses d’emplois. Ces disparités s’expliquent notamment par des différences de stratégies scolaires et professionnelles. Cette convention insiste sur la réaffirmation d’une volonté :
– d’améliorer l’orientation scolaire et professionnelle des filles et des garçons pour une meilleure insertion dans l’emploi ;
– d’assurer auprès des jeunes une éducation à l’égalité entre les sexes et ce, dès le plus jeune âge ;
– d’intégrer l’égalité entre les sexes dans les pratiques professionnelles et pédagogiques des acteurs et actrices du système éducatif.
Les parties signataires de cette convention s’engagent à renforcer l’action interministérielle pour la promotion de l’égalité des chances entre les sexes dans le système éducatif. Une action menée dès les classes de maternelle jusque dans celles de l’enseignement supérieur et de la recherche engage l’ensemble des acteurs et actrices du système éducatif. De cette manière, la nécessité de combiner la mise en œuvre d’une approche intégrée de l’égalité se traduit par la prise en compte de la dimension sexuée dans l’ensemble de la démarche éducative, avec la mise en place de mesures spécifiques en direction des filles, permettant ainsi « aux filles et aux garçons de sortir de tout déterminisme sexué de l’orientation, pour laquelle les aspirations et les compétences doivent prévaloir ».
Cette convention insiste sur le fait que c’est à l’école que s’apprend l’égalité entre les sexes et insiste particulièrement sur la notion de stéréotypes et sur des modèles de comportements « égalitaires ».

Christine Morin-Messabel
Maitre de conférences en Psychologie Sociale à l’IUFM de Lyon et à l’Université Lumière Lyon 2
Lionel Mansour
Étudiant en Master de psychologie sociale (laboratoire GREPS) à Lyon 2