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Que feriez-vous si vous saviez ?
Lui est un spécialiste pointu de El Nino, ce « facétieux » phénomène océanique qui a une influence importante sur le climat. Elle, sa sœur, est journaliste et n’a pas pu lire sa thèse écrite dans un style « chiantifique ». Et pourtant, ils ont fait un pas l’un vers l’autre et ce livre est le fruit passionnant de cette rencontre entre deux univers trop éloignés dans notre société : les sciences et les médias.
Lui a accepté de faire du « média training », a appris à répondre aux questions naïves ou inquiètes d’auditeurs de conférences, à débattre en se servant d’anecdotes, en acceptant la simplification. Elle a mieux compris ce monde de la science qui parfois agace avec son jargon, son excessive prudence méthodologique, mais aussi sa suffisance possible devant l’ignorance du « vulgum ».
Eric Guilyardi dénonce de façon très convainquante la supercherie de ceux qu’il refuse d’appeler « climatosceptiques ». Car au fond, tout scientifique est un sceptique. Il s’insurge contre les « négateurs » dont Claude Allègre a été le représentant le plus célèbre en France et refuse avec raison qu’on mette, dans les médias, sur le même plan l’avis quasi unanime de la communauté des chercheurs et les opinions prétendument iconoclastes de non-spécialistes.
Donc, un livre qui tombe à point au moment de la COP 21, en ce qu’il cherche à élucider la question : pourquoi finalement refuse-t-on de prendre vraiment au sérieux le message alarmiste des climatologues : sans doute parce qu’on a tellement envie qu’ils aient tort. Mais qui en outre pose de bonnes questions sur la vulgarisation scientifique, les vices et vertus du débat, le statut de la vérité, etc. Même s’il n’est pas vraiment question d’école, on peut facilement utiliser les réflexions présentes dans le livre quand il s’agit de travailler sur des questions comme le réchauffement climatique en classe, en se demandant par exemple comment alerter sans alarmer, inciter à l’action et non démobiliser.
Jean-Michel Zakhartchouk