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Que faire pour l’école refondée inclusive ?

Dans En attendant Godot, Vladimir s’interroge sur l’opportunité d’aider à se relever Pozzo l’aveugle et Lucky le mutique, tous deux tombés à terre. Que cela nous plaise ou non, l’appel lancé par la loi du 11 février 2005 et par la loi de Refondation de l’école du 8 juillet 2013, c’est à l’ensemble de notre communauté éducative qu’il s’adresse hic et nunc. Des hommes et des femmes de bonne volonté, qui ne considèrent pas qu’il n’y a «rien à faire», comme le répètent inlassablement les personnages de Samuel Beckett, essaient d’y répondre sur le terrain de l’école en partenariat avec les structures médicosociales, l’université et les associations.

Certains d’entre eux ont aussi répondu à notre appel à contribution pour témoigner de leurs rêves d’une école moins élitiste, moins ségrégative et moins normative, pour évoquer l’écart entre les droits parfois encore «bazardés» et la réalité. C’est l’objet de notre première partie. Dans la deuxième, ils parlent d’autres réalités inclusives et racontent comment ça se passe ailleurs, en Écosse, à Genève, en Italie. Dans la dernière partie, ils rendent compte de leur travail au quotidien destiné à faire advenir une école plus inclusive, à même de préparer une société peut-être moins inhumaine et d’éviter que le cap soit mis sur le pire.

Les difficultés et les tensions sont grandes dans notre école construite sur le principe républicain d’égalité. Inclure les élèves à besoins éducatifs particuliers, qu’ils soient en situation de handicap visible ou invisible, allophones ou intellectuellement précoces, nécessite de faire évoluer ce principe vers l’équité. L’équité ne signifie pas qu’il faut déshabiller Paul pour habiller Jacques. Il s’agit peut-être de travailler autrement pour parvenir à prendre en considération ces élèves «autrement capables» et de les faire réussir à l’école malgré tout. Les ajustements nécessaires pour les scolariser au mieux peuvent du reste être bénéfiques pour tous dans la mesure où ils conduisent vers des choix pédagogiques qui envisagent les élèves dans leur globalité et non comme de purs sujets épistémiques. Apprendre à inclure, c’est sans doute également devenir un meilleur enseignant ou du moins un enseignant plus responsable.

Tous les textes proposés à la lecture interrogent la norme scolaire et sociale, remettent en question les pratiques pédagogiques, le rapport aux savoirs, à l’autre et aux autres. La présence parfois encore contestée au sein de l’école de ces élèves à besoins éducatifs particuliers est peut-être l’un des leviers les plus efficaces pour faire changer l’école. Car cela demande de recourir à d’autres médiations, de travailler en équipe et en réseau, de s’appuyer les uns sur les autres pour trouver des aménagements, pour poser et faire respecter le cadre légal et éthique.

Il n’y a pas de solutions faciles et toutes prêtes, mais s’offre à nous un vaste champ de possibles à explorer.

Nous vous invitons à entrer dans notre dossier pour y découvrir comment se pense et s’expérimente l’école dans sa nouvelle dimension inclusive. n