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Professeur-documentaliste dans l’enseignement agricole

Les documentalistes de l’Enseignement Agricole Public (EAP) sont reconnus professeurs depuis la création du Capes. Ils peuvent être professeur certifié ou professeur de lycée professionnel, mais aucune distinction de statut n’est faite entre les deux corps quant à leur mission d’enseignement. Quatre axes de travail se sont alors dessinés en 1997, définissant un référentiel professionnel chargé.
L’axe 1 se rapporte à l’organisation du temps, du service et du budget, l’axe 2 à la gestion documentaire, c’est-à-dire de la veille documentaire à la diffusion du document ; à cela se rajoute la politique d’archivage et la participation aux réseaux documentaires, régional et/ou national ; l’axe 3 concerne la pédagogie, seul en face à face élèves ou en pluridisciplinarité dans l’objectif de l’autonomie de l’élève et à la formation de son esprit critique face à l’information. L’axe 4 enfin relève de tout ce qui est développement culturel : lecture, exposition, journées à thèmes, presse…

Contrairement à leurs collègues de l’Education Nationale (EN), les professeurs documentalistes de l’EAP ont des heures de face à face inscrites dans les référentiels de formation des élèves, du Brevet d’Etudes Professionnel (BEP) au Brevet de Technicien Supérieur(BTS). Cela suppose donc un temps de présence au Centre de documentation et d’information (CDI) diminué, une heure de cours comptant pour deux heures de CDI, deux heures trente en BTS (préparation, correction). Si le professeur documentaliste exerce dans un établissement proposant plusieurs classes de BEP et de BTS par exemple, les heures de cours peuvent atteindre un nombre important et le travail sur les autres axes fortement réduit de fait. Or les cours dispensés s’appuient sur le caractère pédagogique des autres axes.
L’ensemble de la profession a alors réagi, mettant en avant les besoins grandissant de l’information communication, l’arrivée des nouvelles technologies, l’évolution permanente du métier. Etait-ce l’âge d’or ?…Certains établissements ont bénéficié de deux postes équivalent temps plein au CDI, au prorata du nombre d’apprenants, et certains même trois, comme à Pau ou à Bordeaux.
Le programme de révision générale des politiques publiques, dans la continuité des choix politiques en place depuis 2002, a totalement changé ces donnes, s’appuyant sans doute sur une démographie en baisse : plus de concours en documentation depuis 2005, mutations d’office des troisièmes postes (dans l’intérêt du service !) … le non recrutement va jusqu’à organiser la reconversion d’enseignants de disciplines vers les Cdi.
Les mutations dites dans l’intérêt du service ont pris les syndicats de court et il s’est révélé difficile de lutter contre la volonté administrative de réduction des postes. La bonification n’est que de cinquante points dans ce cas, ce qui ne permet pas forcément d’être prioritaire sur le poste demandé si l’agent est en concurrence avec un autre agent par exemple reconnu « cotorep » ou ayant de l’ancienneté.
La DGER (Direction Générale de l’Enseignement et de la Recherche du Ministère de l’agriculture) a en revanche tenté de réguler les demandes de postes en Cdi venant d’enseignants d’autres disciplines, reconnaissant que des compétences techniques sont nécessaires à l’exercice de la fonction. Un groupe de travail a été constitué avec les syndicats et l’inspection qui ont posé comme condition la non dévalorisation du métier de professeur documentaliste. Ils ont souhaité une formation type concours interne, ainsi qu’un entretien préalable à la demande de poste afin de tester la motivation de l’agent : en effet, les syndicats comme l’inspection ont conscience que certains enseignants pourraient être tentés de considérer le Cdi comme un refuge et une alternative à leur angoisse de face à face.
Un autre point sensible est la mise en place du Bac professionnel en trois ans. La suppression d’une année dans le cursus BEP/Bac pro va de pair avec une compression du référentiel de formation. Il est à craindre que les techniques documentaires (et l’éducation socio-culturelle) soient mises à mal. Cela justifierait les suppressions de postes, et la boucle serait ainsi bouclée…

Bénédicte de La Houpliere, SNETAP Professeur-documentaliste, Enseignement agricole.