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Pour une école vraiment pour tous

L’école inclusive fait désormais partie intégrante du paysage éducatif français. Inscrite dans le chapitre premier du code de l’éducation, cette dimension est placée au cœur de l’action publique en éducation : « Le service public de l’éducation est conçu et organisé en fonction des élèves et des étudiants. (…) Il reconnait que tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser. Il veille à la scolarisation inclusive de tous les enfants, sans aucune distinction. » Cependant, une dizaine d’années après son apparition, où en sommes-nous ?

La loi pour l’égalité des droits et des chances du 11 février 2005 invitait déjà à un changement sociétal quant au regard porté sur le handicap, notamment en prenant comme point de départ le « projet de vie formulé par chaque personne handicapée […] la cité doit s’organiser pour le rendre possible ». Plus spécifiquement dans le domaine de l’éducation, le « droit à l’école » était déjà proclamé.

Mais ce n’est qu’en 2013 que les choses prennent réellement forme à l’école, la loi de Refondation de l’école réaffirmant l’éducation de tous les enfants comme un droit fondamental. La notion d’école inclusive s’impose peu à peu en s’attachant à partir des besoins pour adapter les apprentissages et la vie au sein des établissements des élèves dont les besoins sont spécifiques.

Ces évolutions se sont amplifiées en quelques années et ont contribué au changement de paradigme sur la question. La rentrée 2019 s’inscrit dans cette continuité en marquant une étape significative dans l’organisation du système, avec la création d’un service de l’école inclusive dans chaque département. La première partie de ce dossier donnera la parole à différents acteurs pour faire un bilan de cette lente évolution de notre système éducatif.

Pour autant, décréter n’est pas mettre en œuvre : les questionnements sur le terrain restent multiples et peuvent parfois désarçonner les acteurs en suscitant un sentiment d’impuissance. Ce sont bel et bien les acteurs de terrain, en s’emparant de leur pouvoir d’agir, qui permettent ce changement culturel marqué par l’émergence de nouvelles formes de professionnalité. Le paradigme change, les visions évoluent, de nouvelles pratiques naissent. Non sans difficultés, c’est l’ensemble du système dans sa capacité émancipatrice qui tend à faire de la diversité des élèves une richesse. La seconde partie du dossier donne à voir comment des professionnels cherchent à faire du commun avec des singularités, et comment les élèves à besoins éducatifs particuliers peuvent permettre au groupe d’aller plus loin.

Enfin, la troisième partie présente la conception universelle des apprentissages et ses déclinaisons. Réfléchir à l’inclusion des élèves en position de handicap, c’est revenir aux fondements-mêmes de notre école dans sa capacité émancipatrice, visant à intégrer chacun des élèves dans un parcours qui lui est propre : du sur-mesure et non du prêt-à-porter. L’école a franchi le cap de la massification, celui de la démocratisation reste à accomplir. Le concept d’école inclusive a mis en lumière des questions souvent laissées de côté auparavant et a permis d’accéder à l’étape de la reconnaissance de la diversité des profils.

La question complexe du déploiement et de la déclinaison de l’école inclusive peut apparaitre comme un miroir grossissant de la crise à laquelle est confrontée aujourd’hui l’école. Le chemin d’une véritable démocratisation reste long et difficile. Un chemin pleinement d’actualité pour garder le cap d’une école qui fait réussir et accompagne, sans trier et stigmatiser.

Peggy Colcanap
Principale adjointe à Paris
Dimitri Lentulus
Principal à Paris
Cathy Marret
Principale dans le Vaucluse

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