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Petits médiateurs deviendront grands

Qu’est-ce qui a fait naitre ce projet ? Des idées, des personnes ?

Lorsque le partenariat a été lancé en 2010 entre le collège Jean-Rostand et le Centre Pompidou-Metz, c’était pour faire vivre le livret expérimental de compétences. Mais l’angle n’était pas choisi, tout restait à mettre en place. 6e, 5e et Segpa étaient concernés. Il faut savoir d’abord que tous sont venus à l’exposition, soit 170 élèves. Et que cette approche d’un lieu culturel n’était pas anodine, le collège Jean-Rostand est en zone sensible. Après la visite, certains ont choisi l’atelier « Petits médiateurs ».

Mais dites-nous vite comment, de visiteurs, ces élèves sont passés « Petits médiateurs » pour le public !

Les premiers outils, la relation sensible puis des connaissances sur des œuvres, ils les ont reçus pendant leur propre visite avec nos « grands » médiateurs jeune public. Ils ont rencontré un artiste aussi, des gens du pôle culturel. Je savais qu’il était essentiel de les rendre actifs, passeurs d’art afin qu’ils puissent faire venir leurs parents au Centre Pompidou-Metz. Une visite a été spécialement organisée dans ce but. Le collège a eu une place importante également dans ce projet, puisque les enseignants ont demandé des travaux de recherche aux élèves, en insistant sur l’expression orale, la communication verbale, etc.

Pour qui sont-ils devenus « Petits médiateurs » ?

L’an dernier, ils se sont exposés à des lycéens professionnels de Verdun. C’était amusant de voir les terminales très à l’écoute, prenant des notes, posant des questions aux petits collégiens. D’autres classes de CM1 et CM2 en zone d’éducation prioritaire sont venues également. Et cette année, on recevra des usagers d’un CAT, des personnes du troisième âge, des personnalités du monde politique et administratif local par exemple, et également des visiteurs inconnus. Des grands médiateurs en salle seront en duo avec des petits.

C’est un travail avec une équipe d’enseignants ?

Absolument ! Le chef d’établissement, deux professeurs de français, un d’arts plastiques, un autre de Segpa. Des liens forts se sont créés entre nous. Je crois que j’aurais voulu avoir cette opportunité quand j’étais professeur des écoles, souvent en Zep d’ailleurs. Le fait d’avoir repris des études d’art m’a finalement donné la possibilité de le proposer à d’autres.

Qu’avez-vous observé chez ces élèves au cours des mois ?

Ce qui m’a beaucoup touchée aussi, c’est que pas mal d’enfants étaient issus de foyers et disaient qu’approcher des œuvres les désangoissaient, comme L’aubade, de Picasso, ou les Poupées de Bellmer. C’était l’occasion d’exprimer des tensions.
On voyait aussi nos « Petits médiateurs » progresser dans l’observation d’une œuvre, dans l’expression de leurs émotions, de leur imaginaire. On a constaté leur implication croissante dans un projet collectif, plus d’assurance, plus d’éloquence. Et puis, surtout, une désinhibition par rapport à l’art, importante pour leur présence par la suite dans les lieux culturels. Notre mission sera accomplie lorsque ces élèves reviendront, à titre privé, avec leur famille ou leurs amis.

Anne Oster
Chargée des relations avec les établissements de l’enseignement

Propos recueillis par Christine Vallin