Para-métiers ?

Nous baignons dans la performance, la mesure, le « toujours plus ». En combien de secondes tu cours 100 mètres ? Combien de pas aujourd’hui ? Quelle note pour la France ? Nous sommes accros aux chiffres, à la notation. Un chiffre pour s’en convaincre ? Deux millions de billets pour les Jeux paralympiques restent invendus à l’heure où j’écris ces lignes. Quel intérêt ? On sait bien qu’il n’y aura aucun « vrai record ». Comme pour le sport féminin, les performances seraient moins… Je vous laisse compléter.

Et dans l’éducation, nous en venons à oublier la portée d’expressions comme contrôle continu, nous qui semblons pourtant tellement horrifiés par les pratiques chinoises de surveillance.

Dans un mouvement inverse, on a tous lu et offert la bande dessinée de Jancovici et Blain, Le monde sans fin. On sent que le climat se dérègle et on mange un peu moins de viande. On est affligé par les sites de notation et de classement de profs ou d’établissements. On se dit que la communauté éducative aurait besoin de plus d’empathie, de coopération, de compétences psychosociales. On s’inscrit à des formations Danse et littérature parce qu’on voudrait bousculer cette idée selon laquelle l’esprit ne travaillerait que lorsque le corps serait contraint, immobile et silencieux. On fait classe dehors pour reprendre contact avec notre environnement, passer de l’accumulation de biens à la recherche d’interactions avec le vivant (et elles sont inépuisables !).

Un pas en avant, deux pas en arrière. L’application compte trois pas mais vous avez reculé…

Voilà peut-être un repère que nous pourrions nous donner dans ce monde en transition : quels métiers nourrissent quoi ? On pourrait peut-être alors faire la distinction entre métiers et « paramétiers » ?

Finalement, je ne sais pas si les inventeurs de ce mot paralympique pensaient au suffixe grec (à côté de ou presque, comme dans parapharmacie), ou à l’italien (qui protège de, comme dans parapluie), mais je vous invite à privilégier la version italienne. Il en reste à inventer, des métiers qui protègeraient du dérèglement…

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