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Organiser le travail pour mieux engager les élèves

« On ne peut pas enseigner contre les élèves mais avec les élèves ! », conseillait une formatrice à un étudiant stagiaire. Nul ne peut se substituer à l’élève dans sa mise en activité cognitive. La question, simple et complexe à la fois, est : comment faire pour donner le besoin, la possibilité et le pouvoir d’apprendre aux élèves ? Quelle gestion de la classe, quelle scénarisation des temps de travail individuels et collectifs pour les amener à s’engager dans les apprentissages ?

Organiser le travail dans la classe, c’est mettre en place des situations d’enseignement apprentissage. L’activité de l’élève peut être très variée en fonction des situations auxquelles il ou elle est confronté : écouter une leçon, effectuer un exercice, effectuer une recherche, créer une œuvre, échanger dans un groupe, participer à un projet collaboratif, etc. Le répertoire des possibles est large. Mais les dispositifs de travail ne tournent jamais totalement « à vide » ou « seuls ».

Une fois mis en place, ils supposent une attention des professionnels aux dynamiques de groupe et aux manières dont les élèves interprètent et vivent les situations scolaires, au sens qu’ils leur donnent.

Les régulations se révèlent complexes compte tenu des parcours et des besoins des élèves, de leurs représentations et de leur vécu des disciplines, des contraintes liées à la sociologie des établissements scolaires ou à la disposition des lieux, etc.

Bien avant de saisir ce qui se joue dans l’engagement des élèves, c’est l’échelon de l’établissement et l’organisation de l’équipe pédagogique qu’il faut questionner. C’est ce que nous proposons dans la première partie de ce dossier. Quels choix managériaux et organisationnels sont faits, de la composition des classes à la division du travail au sein de l’établissement scolaire et de la classe ? Que peut-on attendre du travail en équipe, du coenseignement, des dispositifs de suivi des élèves, de planification des enseignements ?

Dans la deuxième partie, on se situe au niveau de la classe : alternances des regroupements, variation des espaces, des temps de travail, multiplication des tâches, des opportunités d’apprendre et des interactions entre les élèves. Les manières de faire classe, de faire école, bougent.

La troisième partie s’attache aux adaptations que les enseignants peuvent effectuer dans leurs manières de dire, agir, penser au sein d’organisations plus flexibles. La classe n’est plus l’espace immuable, les murs bougent ainsi que nos pratiques, les programmes, les disciplines, les normes et doxas. Il s’agit de repenser ce qu’est « faire classe » pour recomposer de nouvelles dynamiques individuelles et collectives.

Face à la politique de l’uniformisation, à la remise en question des classes hétérogènes et des programmes de cycles, face à l’affirmation d’une « normalité » rétrograde (formation des enseignants en « écoles normales », redoublement, etc.), nous faisons résolument le choix de montrer toute la richesse de la diversité des organisations au service des apprentissages et de l’émancipation des élèves.

Andreea Capitanescu Benetti
Formatrice d’enseignants et chercheuse à l’université de Genève, laboratoire LIFE
Sylvie Grau
Maitresse de conférences en sciences de l’éducation, Inspé de l’académie de Nantes

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