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On avait donc bu de cette eau, annexes

Annexe 1

Extrait de la nouvelle Le Horla de Maupassant

« 5 juillet. Ai-je perdu la raison ? Ce qui s’est passé la nuit dernière est tellement étrange, que ma tête s’égare quand j’y songe !
Comme je le fais maintenant chaque soir, j’avais fermé ma porte à clef ; puis, ayant soif, je bus un demi-verre d’eau, et je remarquai par hasard que ma carafe était pleine jusqu’au bouchon de cristal.
Je me couchai ensuite et je tombai dans un de ces sommeils épouvantables, dont je fus tiré au bout de deux heures environ par une secousse plus affreuse encore.
Figurez-vous un homme qui dort, qu’on assassine, et qui se réveille avec un couteau dans le poumon, et qui râle, couvert de sang, et qui ne peut plus respirer, et qui va mourir, et qui ne comprend pas, voilà.
Ayant enfin reconquis ma raison, j’eus soif de nouveau ; j’allumai une bougie et j’allai vers la table où était posée ma carafe. Je la soulevai en la penchant sur mon verre ; rien ne coula. Elle était vide ! Elle était vide complètement ! D’abord je n’y compris rien ; puis, tout à coup, je ressentis une émotion si terrible, que je dus m’asseoir, ou plutôt, que je tombai sur une chaise ! Puis je me redressai d’un saut pour regarder autour de moi ! Puis je me rassis, éperdu d’étonnement et de peur, devant le cristal transparent ! Je le contemplais avec des yeux fixes, cherchant à deviner. Mes mains tremblaient ! On avait donc bu cette eau ? Qui ? Moi ? Moi, sans doute ? Ce ne pouvait être que moi ! Alors, j’étais somnambule, je vivais, sans le savoir, de cette double vie mystérieuse qui fait douter s’il y a deux êtres en nous, ou si un être étranger, inconnaissable et invisible, anime, par moments, quand notre âme est engourdie, notre corps captif qui obéit à cet autre, comme à nous-mêmes, plus qu’à nous-mêmes.
Ah ! Qui comprendra mon angoisse abominable ! Qui comprendra l’émotion d’un homme sain d’esprit, bien éveillé, plein de raison et qui regarde, épouvanté, à travers le verre d’une carafe, un peu d’eau disparue pendant qu’il a dormi ! Et je restai là jusqu’au jour sans oser regagner mon lit.

6 juillet. Je deviens fou. On a encore bu toute ma carafe cette nuit : ou plutôt, je l’ai bue !
Mais, est-ce moi ? Qui serait-ce ? Qui ? Oh ! Mon Dieu ! Je deviens fou ! Qui me sauvera ?

10 juillet. Je viens de faire des épreuves surprenantes. Décidément, je suis fou ! Et pourtant !

Le 6 juillet, avant de me coucher, j’ai placé sur ma table du vin, du lait, de l’eau, du pain et des fraises.
On a bu — j’ai bu — toute l’eau, et un peu de lait. On n’a touché ni au vin, ni aux fraises.

Le 7 juillet, j’ai renouvelé la même épreuve, qui a donné le même résultat.

Le 8 juillet, j’ai supprimé l’eau et le lait. On n’a touché à rien.

Le 9 juillet enfin, j’ai remis sur ma table l’eau et le lait seulement en ayant soin d’envelopper les carafes en des linges de mousseline blanche et de ficeler les bouchons. Puis, j’ai frotté mes lèvres, ma barbe, mes mains avec de la mine de plomb, et je me suis couché.
L’invincible sommeil m’a saisi, suivi bientôt de l’atroce réveil. Je n’avais point remué ; mes draps eux-mêmes ne portaient pas de taches. Je m’élançai vers ma table. Les linges enfermant les bouteilles étaient demeurés immaculés. Je déliai les cordons, en palpitant de crainte. On avait bu toute l’eau ! On avait bu tout le lait ! Ah ! Mon Dieu !…

Je vais partir tout à l’heure pour Paris. »

Le Horla (extrait), Guy de Maupassant, 1886.

Annexe 2

Physique-Chimie 4e, Collection Incandesciences, Magnard, 2007

Annexe 3

Démarche scientifique à partir d’une situation problème

Les eaux gazéifiées

Deux bouteilles d’eau gazéifiée identiques, fermées, ont été placées sous le bureau (un quart d’heure au moins) dans deux récipients, l’un contenant de l’eau chaude, l’autre de l’eau glacée.

Première question : Pourquoi y a-t-il plus de gaz dans une bouteille quand on l’ouvre ?

A/ Hypothèses formulées par les élèves :

– la date d’embouteillage est différente ;

– une des bouteilles a été agitée ;

– elles ne sont pas à la même température.

B/ Élaboration de protocoles expérimentaux pour vérifier les hypothèses

Pour la première hypothèse, un élève propose de regarder la date d’embouteillage sur la bouteille : les deux liquides sont bien les mêmes.

Pour les deux autres hypothèses : par groupes de deux ou trois, les élèves recherchent un protocole expérimental pour vérifier une des deux hypothèses.

Expériences proposées

Influence de la température Influence de l’agitation
On place de l’eau gazéifiée dans deux tubes. Un des tubes est mis dans des glaçons, l’autre est chauffé avec un bec électrique. On place de l’eau gazéifiée dans un bécher et on remue (avec une cuillère ou un agitateur).
On place de l’eau gazéifiée dans deux erlenmeyers. Un des deux est placé dans une bassine pleine d’eau chaude, l’autre dans une bassine renfermant de l’eau et des glaçons. On enferme un peu d’eau gazéifiée dans deux tubes à essai. On secoue l’un des deux.
On mesure la température de l’eau de chaque bouteille. On agite une des deux bouteilles.
On place de l’eau gazéifiée dans deux béchers. L’un reste sur la table et on chauffe l’autre avec un bec électrique.
On chauffe de l’eau gazéifiée à l’aide d’un chauffe-ballon.

C/ Réalisation de l’expérience

Chaque groupe réalise son expérience, en fait un compte rendu.

D/ Bilan collectif des expériences réalisées :

– quand on secoue l’eau gazéifiée, il y a un plus grand dégagement gazeux ;

– plus la température de l’eau gazéifiée est importante, plus le dégagement gazeux est important ;

– le dégagement gazeux est plus important dans la bouteille où la température est la plus élevée.

Les hypothèses formulées sont donc exactes.

Réponse à la question posée :

Il y a plus de bulles dans une des deux bouteilles que l’on a ouvertes, car le liquide qu’elle contenait avait une température plus élevée.

[…]

D’après http://sciences-physiques.ac-dijon.fr/archives/documents/college/EauxGazeuses/LesEauxGazeifiees.pdf

Annexe 4

Le Horla, Récit d’expérience scientifique
Récit à la première ou à la troisième personne première personne troisième personne
Temps verbaux utilisés passé composé, présent (moment de l’écriture), futur, plus-que-parfait, passé simple, imparfait, futur, présent (de vérité générale) Passé composé, présent (de vérité générale)
Types de phrases déclaratif + interrogatif + exclamatif déclaratif
Relevé d’interjections voilà (l. 10), ah ! (l. 22, 40) oh (l. 27), mon Dieu (l. 27, 40)
Relevé de connecteurs temporels (d’abord, ensuite, etc.) puis (l. 13, 15, 15, 35), ensuite (l. 6), enfin (l. 11, 34), d’abord (l. 13), quand (l. 20), bientôt (l. 37) quand (l. 19)
Relevé de connecteurs logiques (comme, parce que, etc.) comme (l. 3), plutôt (l. 14, 26), alors (l. 18), ou (l. 19, 26), pourtant (l. 28) pour (l. 11), plus… plus (l. 27), donc (l. 29), car (l. 31)
Relevé du vocabulaire technique gazéifiée (l. 1, 13, 15), hypothèse (l. 4,8, 10), date d’embouteillage (l. 5, 8), température (l. 6, 12), protocoles expérimentaux (l. 7, 11), tubes (l. 13), bec électrique (l. 14), bécher (l. 15)
Relevé du vocabulaire subjectifperdu la raison (l. 1), étrange (l. 1) s’égare (l. 2), épouvantable (l. 6), affreuse (l. 7), reconquis ma raison (l. 11), terrible (l. 14), éperdu d’étonnement et de peur (l. 14), tremblaient (l. 17), mystérieuse (l. 19), étranger, inconnaissable (l. 20), angoisse abominable (l. 22), etc. chaude, glacée (l. 2)