Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !

Au départ de cette mobilisation, un sec appel téléphonique : « le ministère n’est plus en mesure de vous accompagner sur un des deux postes de détachés à partir de septembre 2010 ». C’est tout autant le procédé utilisé que le contenu de cette annonce qui nous a fait réagir, et nous a conduits à informer et mobiliser autour de notre situation, de concert avec d’autres mouvements également concernés.

L’entretien que le cabinet du ministre nous a finalement concédé n’a porté que sur l’explication de la décision prise, et nous n’avons pas obtenu de concessions sur la baisse annoncée de la subvention. Nos interlocuteurs ont joué de l’ambigüité des chiffres et du décalage entre l’année civile et l’année scolaire. Oui, la baisse de la subvention pour l’année civile 2010 ne correspond pas à une baisse de moitié, car elle ne s’applique que sur quatre mois (septembre à décembre) de salaire d’un des deux détachés. Mais non, nous n’avons aucune garantie sur 2011, et, au final, cela signifierait bien la fin de la subvention d’un détaché sur deux.

Le large soutien qui s’est manifesté autour de notre association à cette occasion nous encourage à faire les efforts nécessaires pour compenser la diminution de la subvention et maintenir le deuxième poste de détaché. Avant d’être une décision économique que nous permettent pour l’instant la progression de la diffusion de nos publications et nos réserves, c’est bien d’abord un choix politique. Nous voulons préserver ces outils de diffusion, d’échanges et de formation pour accompagner les nécessaires évolutions de l’école que sont nos publications et nos manifestations publiques.

Pour cela, il nous faut poursuivre le travail de réorganisation et de modernisation de nos structures et de nos méthodes d’édition. Cela repose sur une grande rigueur dans la gestion et un travail de long terme entrepris depuis plusieurs années. C’est cette rigueur dont nous sommes comptables auprès de nos adhérents et de nos lecteurs qui nous permet d’envisager l’avenir avec cette solution de maintien de nos deux détachés. Et nous tenons à rappeler aussi que tout cela n’est possible que grâce au bénévolat et à l’engagement de nombreux auteurs et adhérents.

Aller vers une autonomie financière n’est pas un objectif en soi : que le ministère de l’Éducation nationale soutienne une association mettant à disposition des professionnels de l’éducation des outils de formation à la qualité largement reconnue, largement utilisés dans l’institution, est bien la moindre des choses, et il ne nous parait pas que le financement de deux postes d’enseignants et une modeste subvention complémentaire soit cher payé pour la contribution du CRAP-Cahiers pédagogiques à la mission de service public de l’Éducation nationale. Mais de fait, dans le contexte actuel, cette autonomie financière est le meilleur garant de notre pérennité, et également la clé de notre autonomie politique et pédagogique.

Cependant, l’équilibre auquel nous parvenons est précaire, et il serait illusoire et dangereux de laisser croire que nous pourrions nous en sortir seuls. Nous voulons réaffirmer que cela passe pour nous par la solidarité, l’inscription dans un ensemble de collectifs et de réseaux de défense de l’école et de promotion de la pédagogie, au service d’une école démocratique et de la réussite de tous. Ces questions doivent être aussi au cœur du débat sur les projets éducatifs dans la perspective 2012 sur lesquels nous souhaitons nous engager fortement. Nous n’oublions pas que nous voulons « changer l’école pour changer la société, changer la société pour changer l’école ».

Le 26 septembre 2010
Pour le bureau du CRAP-Cahiers pédagogiques,
Philippe Watrelot