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Méthodes nouvelles dans l’enseignement du second degré

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Cahier1.gifNuméro 1 – décembre 1945 [[De Gaulle préside le gouvernement provisoire, Giacobbi est ministre de l’Éducation nationale.]]
Ce premier Dossier pédagogique, publié à Lyon, c’est 18 pages ronéotées, sans couverture. L’article d’ouverture, signé François Goblot, Méthodes nouvelles dans l’enseignement du second degré, montre, pour « tous les collègues », et pas seulement ceux qui sont engagés dans les sixièmes nouvelles qui viennent d’être créées, « comment on peut, dès maintenant, introduire un esprit nouveau dans l’enseignement actuel ».
C’est déjà la démarche qui caractérisera les Cahiers : tout en demandant des réformes et des moyens, agir « dès maintenant ».
Peu de théorie dans l’article, surtout des idées pratiques, directement inspirées de l’éducation nouvelle. [[Voir le n° 395.]]


Cet article a été rédigé en juin 1945. Depuis, et grâce aux sixièmes nouvelles, bon nombre des idées qu’il contient sont devenues des banalités. Nous le publions tout de même. À ceux qui sont engagés dans une équipe de sixième nouvelle, il rappellera quelques principes fondamentaux. À tous nos collègues, il montrera comment on peut, dès maintenant, introduire un esprit nouveau dans l’enseignement actuel.

Ce qui est le plus apparent dans la réforme de l’enseignement actuellement en cours, ce sont les mesures d’organisation générale : rapports entre les divers enseignements, durée des études, examens, etc. Ces « réformes de structure » certes sont indispensables ; elles doivent nous débarrasser du bachotage, de la tutelle des grandes écoles, des préjugés sociaux, etc. Elles peuvent être l’instrument d’une libération. Seulement il est évident qu’elles ne suffisent pas. Il est nécessaire de changer le plan de la maison, mais le contenu de chaque pièce importe encore davantage. Il faut avoir de nouvelles outres, mais pour y verser un vin nouveau.

C’est dire qu’il convient de changer l’esprit et les méthodes de l’enseignement et, comme il y faudra des années, il est nécessaire de s’y prendre tout de suite.

Il y a un siècle, l’enseignement secondaire apparaissait comme un enseignement valable et cohérent. Il s’adressait à ce qui était alors sans conteste la classe dirigeante, la bourgeoisie. Aux bons esprits qu’il pouvait atteindre, il ouvrait l’accès à une culture classique.

Mais, depuis, la civilisation moderne a introduit ou réhabilité dans l’enseignement les sciences, les langues étrangères, l’éducation physique, la connaissance de l’homme et celle de la nature ; ce sont là des conquêtes sur lesquelles on ne peut pas revenir. Et, à côté, on a voulu conserver les vieilles humanités, ou du moins on s’est donné l’illusion de les conserver car, trop diversement sollicités, nos élèves ne savent plus, après six ans d’études, ni le latin, ni le grec. L’enseignement a perdu son unité et son équilibre.

La solution est évidemment dans une refonte des programmes. Seulement, cela ne suffira pas, car il y aura toujours beaucoup de choses à savoir. Pour ne pas tomber dans l’abstraction, le verbalisme et l’abus des connaissances livresques, il faudra substituer aux méthodes traditionnelles, basées sur la répétition, des méthodes nouvelles, qui seront des méthodes actives, basées sur l’effort, donc sur l’intérêt.