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Main basse sur l’école publique

On aborde ce livre un peu méfiant. La » théorie du complot », c’est confortable et ça exclut souvent les nuances. Autant le dire tout de suite, ce livre n’échappe pas à tous ces défauts. Mais il comporte aussi des aspects tout à fait intéressants et peu connus.
En particulier, le chapitre consacré à l’association « créateurs d’école » et à tous ceux qui aujourd’hui inspirent l’évolution conservatrice et managériale de l’école est passionnant. Il permet de mieux situer les réseaux à l’œuvre et les hommes qui les animent. On y voit aussi la généalogie des idées et l’antériorité de la réflexion de ces groupes sans qu’on puisse pour autant parler de complot à proprement parler. La description de l’association « SOS-éducation » est également très instructive et nous rappelle utilement ce que peuvent être les techniques de certains groupes de pression. On y voit aussi les rapprochements surprenants entre les « républicains » supposés défenseurs de l’école publique et les tenants d’une libéralisation de l’école.
À côté de cet aspect qui occupe un bon tiers du livre, le reste est moins convaincant. L’essentiel est en effet consacré à l’école privée. Celle-ci est analysée comme un groupe de pression et les auteurs se livrent à une analyse historique et institutionnelle de ses rapports avec l’école publique et le pouvoir. C’est un assez bon résumé de ce qui est déjà assez bien connu. Mais les personnes ayant déjà les bases du fonctionnement du système éducatif n’y trouveront pas d’apports nouveaux. Cela limite d’ailleurs la portée de la thèse du livre qui veut voir là une action concertée et masquée de démantèlement du service public.
En définitive, le lecteur trouvera dans ce livre une description au style journalistique mais aussi subjective de l’histoire du système éducatif français durant ces trente dernières années. Cela nous convainc aussi, s’il en était besoin, que le débat sur l’école est bien toujours l’enjeu et le lieu de combats politiques.

Philippe Watrelot