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Les uns avec les autres – Quand l’individualisme crée du lien

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Cet ouvrage d’un des meilleurs spécialistes français de l’étude des liens sociaux, notamment familiaux, n’aborde la plupart du temps que de façon indirecte les questions scolaires. Mais en un temps où se déverse le discours sur la « perte des repères » et où la nostalgie d’un âge d’or révolu étouffe la pensée constructive, ce livre nous apporte une réflexion stimulante qui peut éclairer nos débats professionnels.
Pour de Singly, il faut renoncer à cet « universalisme abstrait » quelque peu mythique et accepter l’individualisme dans la mesure où on arrive à le faire concilier avec le respect mutuel et la dimension collective. Par exemple, il n’est pas possible de réduire le jeune à l’école à « l’élève ». Comme l’indique l’oxymore du sous-titre (d’habitude on oppose individualisme et liens sociaux), on peut parvenir à trouver cet équilibre. Si on n’y parvient pas, alors le « communautarisme » peut menacer, l’enfermement de l’individu dans une identité unique. L’auteur souligne que paradoxalement les défenseurs les plus virulents de l’universalisme prônent en même temps un certain culte des origines lorsqu’ils insistent unilatéralement sur l’héritage. Et l’auteur de refuser « un choix entre le tout héritage et l’absence de tout passé, entre l’hymne au mort et l’amnésie. »
Certains pourront trouver l’optimisme parfois excessif, d’autres demeureront sceptiques sur les interprétations que donne l’auteur à des phénomènes tels que Loft Story ou la mort de Diana. Mais on appréciera les références littéraires (en particulier les réécritures possibles de La chèvre de monsieur Seguin !), l’humour souvent présent, le bonheur de certaines expressions (quand l’auteur oppose par exemple à l’enracinement ce qu’il appelle l’ancrage ; ou quand il évoque la réappropriation de son testament par l’héritier…).
Répétons-le : les pédagogues pourront faire leur miel de cet ouvrage, dans leur recherche de nouvelles figures de l’autorité (l’autorité ancienne marche de moins en moins, il faut bien inventer, même si cela demande sans doute du « talent » et du savoir-faire), des pratiques tenant compte des individualités de chacun sans enfermer dans les différences, de nouvelles relations de « civilité ». Même s’il convient de poursuivre les débats sur les questions soulevées par François de Singly.

Jean-Michel Zakhartchouk


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