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Les « biens scolaires » devraient échapper aux inégalités
Depuis dix ans, l’OCDE, dans son classement issu des données PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), rapporte une aggravation des inégalités à l’école en France. En 2015, l’école française est celle où l’origine sociale des enfants pèse le plus lourd dans les résultats scolaires parmi les pays de l’OCDE. L’école hérite d’inégalités familiales mais produit aussi, en son sein, des inégalités sociales de natures différentes qui se cumulent et se renforcent : de résultats, d’orientation, de diplôme, de rendement social du diplôme. Une longue chaine de processus inégalitaires, à toutes les étapes de la scolarité, conduit ainsi à faire de l’école française un lieu de reproduction sociale.
Et alors, direz-vous. Je le sais ! Que faire dans ma classe, mon école, mon établissement ?
À cette question sans cesse renouvelée, les enseignants qui écrivent dans les Cahiers ont répondu depuis des années par des pratiques, des expériences d’équipe, des changements modestes ou d’ampleur, faisant le pari de conjuguer enthousiasme et lucidité, acceptant de ne réussir que partiellement et de continuer en s’améliorant, d’être des praticiens réflexifs mais engagés aussi.
Ce dossier tiré des « archives » des Cahiers pédagogiques, résolument tourné vers les pratiques de classe, nous donne ou redonne à lire des propositions faites par ceux-là mêmes qui les ont mises en œuvre dans leurs classes, aujourd’hui ou hier, seuls ou plus souvent en équipe, avec la conviction qu’il existe des leviers pour tordre les déterminismes individuels, collectifs, sociaux. Jamais surs de réussir, mais certains que le pire serait de ne rien essayer ou d’être « indifférent aux différences », selon l’expression de Philippe Perrenoud.
De quelles inégalités parlons-nous ici ? De la difficulté à mettre en œuvre une école inclusive, des différences de traitement garçons-filles, des procédures d’orientation qui n’ont que l’apparence de l’impartialité. Et surtout, du poids des origines sociales dont l’école française reproduit largement les disparités.
Une large part est faite aux lycées professionnels, trop souvent laissés dans l’ombre, où pourtant on cultive l’art de réconcilier avec l’école les élèves « cassés » ou au bord de la rupture, dont beaucoup cumulent handicaps sociaux et échec scolaire.
En cette mi-année 2022, toutes ces questions sont réveillées à l’occasion des élections présidentielle et législatives, où les programmes des candidats concernant l’éducation nous montrent, en creux ou en lumière, leur vision de l’école et donc de la société, leur vision des enfants et des jeunes et donc de l’être humain. « Vent debout » pour faire réussir, comme le dit une autrice du dossier, ou pour que l’école soit une gare de triage ? Comme une réponse, est paru récemment un livre de Jean-Paul Delahaye1, à la fois histoire personnelle et histoire politique, qui nous rappelle cette vérité : le combat pour la réussite à l’école des enfants des pauvres n’est jamais terminé.
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