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Le yoga, de l’école primaire à l’université. Pourquoi et comment ?

Jacques Cherblanc et Christiane Bergeron-Leclerc (dir), Presses de l’université du Québec, 2023

Avec l’engouement actuel sur les pratiques de yoga dans le monde éducatif, cet ouvrage tombe à pic pour mieux appréhender cet objet. Le lecteur ne se retrouve pas devant une méthodologie de yoga « clefs en main » à implémenter dans les classes mais devant une réflexion qui montre abondamment la plus-value de cette pratique.

Cet ouvrage collectif est composé de différents chapitres qui peuvent se lire indépendamment les uns des autres : des chapitres contextuels, des chapitres de recensions d’études sur les effets repérés à partir de ces pratiques, des chapitres rendant compte d’expériences ou de dispositifs de yoga, illustrations concrètes dans les pratiques scolaires québécoises. Chaque chapitre, par sa construction-même est clôt par une conclusion synthétique en signalant les points importants à retenir mais également les précautions scientifiques et méthodologiques des recherches qui sont évoquées et citées.

Nous pouvons nous instruire sur le mouvement et l’intérêt historique de l’apparition de la pratique millénaire du yoga, à partir de ses différentes écoles et tendances, dans son déploiement laïcisé (séparation des mythes hindous) dans le contexte occidental, depuis une vingtaine d’années. Les auteurs ciblent l’étude du yoga dans ses implémentations dans le monde scolaire, dès l’école primaire jusqu’à l’université.

En tant qu’enseignant ou éducateur, nous découvrons des chapitres qui recensent les recherches mettant à l’honneur les arguments et les bénéfices positifs, en faveur de cette pratique qui s’est implantée d’une manière adaptée à des différents publics – des enfants de l’école primaire et secondaire ; des populations scolaires à besoins spécifiques ou non.

D’une manière générale, à partir de ces écrits, les pratiques de yoga réellement mises en œuvre se révèlent très diverses, adaptatives aux contextes, basées sur des formes différentes. Les auteurs recensent ainsi leurs bénéfices en mettant en exergue une meilleure gestion des états émotionnels, un meilleur bienêtre, holistique des enfants et des adolescents, des effets sur la santé physique et psychologique, sur les conditions mentales et cognitives des élèves, de la prise de confiance, d’estime de soi, de faire face aux difficultés quotidiennes et les dépasser ou faire preuve de persévérance, en somme, un meilleur état général. Les bénéfices de la pratique du yoga concernent également la manière d’entrevoir et de tisser des relations avec les autres, autrement dit, on observe un développement amélioré des compétences prosociales et psycho-relationnelles. Les chapitres qui mettent en évidence la pratique du yoga à l’université, rappellent avec force la nécessaire prise en charge de ces jeunes adultes en formation, en identifiant les enjeux de santé mentale, leur mal-être, leur solitude, leur stress et anxiété, face aux examens et à la compétition, en développant une meilleure connaissance de ce que ce type de pratique peut apporter.

Comment ces nouvelles pratiques de programme de yoga peuvent-elles s’entremêler avec les pratiques scolaires, dans les logiques d’un établissement au sein de l’institution scolaire ? A travers les réponses de huit professionnels (professeur spécialiste et certifié de yoga ou l’enseignant scolaire).  Il faut s’assurer d’abord de leur professionnalisme. De même, il est nécessaire que les différentes acteurs (enseignants, élèves, équipe-école de la communauté scolaire) soient partie prenante de ce projet, dans une ambiance d’école ouverte, dans laquelle on œuvre en prenant en compte l’individualité de l’enfant, ses besoins, avec des moyens divers et adaptés aux jeunes.

A la lecture de cet ouvrage,  qui montre d’une manière systématique la voilure des bénéfices exposés de la pratique de yoga, très individualisée, adaptée à chacun des élèves, mais également et à l’appui de la connaissance de la mission enseignante et des savoirs accumulés de la culture pédagogique, je me pose une question impertinente : où sont donc passés les dispositifs scolaires de parole de l’élève, de discussion et debriefing entre les élèves et les enseignants, dispositifs qui tiennent au cœur l’exigence de la parole partagée ainsi que la construction d’un collectif-classe qui permet de faire advenir un monde plus pacifié de l’école, de la classe et pourquoi pas pour chacun des membres qui  le composent ?

Andreea Capitanescu Benetti