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Le mariage de l’eau et du feu ? Jeu et éducation à travers l’histoire

Unions fertiles

Dès l’Antiquité, on utilisait des cartes pour faire découvrir ou réviser des connaissances, sur les vertus, les Muses ou les planètes par exemple… Les humanistes de la renaissance, comme le rappelle Philippe Ariès[[Philippe Ariès, « L’enfant et la vie familiale sous l’ancien régime. » Seuil, coll. Points 1973]], avaient perçu les possibilités éducatives des jeux ; les jésuites en particulier les assimilèrent, les introduisant officiellement dans des programmes contrôlés et choisis, avec il est vrai une place prépondérante pour les jeux sportifs et d’exercice. Les jeux devinrent dès lors des moyens d’éducation aussi estimables que les études.
Un siècle plus tard, Montaigne avait analysé la portée du jeu et sa dimension essentielle chez l’enfant ‘Il faut noter, écrivait-il, que les jeux des enfants ne sont pas jeux et il faut les juger comme leurs plus sérieuses actions »

À toute époque, des jeux, devenus depuis jeux de société, ont été inventés directement aux fins de pédagogie : le puzzle servit d’abord pour enseigner la géographie, le Mastermind® fut créé par un ingénieur américain, soucieux d’aider son fils à développer son esprit logique. La légende veut aussi que les échecs aient été imaginés il y a 3000 ans par le conseiller d’un maharadjah, désireux de former son fils à l’esprit stratégique du gouvernement d’un Etat.

Par ailleurs, on ne compte plus les jeux détournés de leur but originel de divertissement pour servir la formation. On peut citer presque tous les jeux classiques ; le Jeu de l’Oie illustré par des centaines de thèmes différents, de la découverte d’un pays à l’histoire d’une dynastie ; et les mots croisés que les enseignants affectionnent, toutes disciplines confondues, du professeur de langue à l’historien.

Malgré ces multiples unions fertiles, le fait d’introduire du jeu dans une situation de formation fait encore question pour de nombreux parents et alimente la discussion polémique entre les « purs » ludologues et les didacticiens[[Jacques Henriot « Attitude ludique, attitude didactique » bulletin pédagogique des IUT n° 63 – Novembre 1979]]. Non qu’on en soit encore à contester l’efficacité de la méthode qui consiste à faire du jeu un outil et moyen — les résultats sont trop significatifs pour qu’on les ignore — . Ce qui fait question, c’est le droit à opérer ce rapprochement entre jouer et apprendre, au moins au sein de l’institution scolaire. Ce débat est dépassé dans le domaine de la formation d’adultes ; il y a une bonne vingtaine d’années en France que les critères, essentiels pour l’entreprise, du retour sur investissement et de la pérennité des acquis ont fait basculer ce milieu vers l’acceptation du jeu comme méthode aussi valide que d’autres.

Des âges de l’humanité… aux âges de la vie

Le jeu, avec ses implications formatrices, a donc traversé les époques ; Aujourd’hui, un regard large sur son utilisation en France laisse apparaître des spécificités en fonction de l’âge et de la situation du public visé.

En formation initiale
On pourrait presque écrire que, lorsqu’il s’agit de très jeunes enfants, on trouve naturel que le jeu soit une activité à laquelle consacrer du temps, mais que, dès l’âge de l’école on cherche à trouver une justification, une utilité au fait d’utiliser le jeu dans des heures consacrées au travail et à l’apprentissage, et ce à l’école comme à la maison.

Au sein de l’institution scolaire
En maternelle, les programmes laissent place au jeu libre. Dans la pratique, une enquête effectuée il y a quelques années par les étudiants du DESS de Sciences du jeu de l’université Paris 13[[« Le jeu à l’école maternelle », département de Sciences du jeu, Université Paris 13]], a montré que nombre d’enseignants s’efforcent de repérer les compétences et habiletés mises en oeuvre dans ces jeux « libres ». On voit aussi qu’ils s’inquiètent quand un enfant semble privilégier toujours les mêmes jeux et qu’il ne déploie donc pas l’ensemble de ses compétences. Enfin, les maîtres, en grande section, un peu d’ailleurs, semble-t-il sous la pression des parents, donnent souvent la priorité à des jeux qui « apprennent » clairement des choses aux joueurs.
Sur un plan positif, on relève une vraie réflexion des enseignants sur la place du jeu et une recherche de jeux qui font appel à tous les sens et se répartissent bien entre jeux à règles, jeux d’imitation, jeux de construction…

En primaire et au collège
S’il est clair, d’entrée de jeu, que l’activité ludique, en dehors du dernier jour de classe avant les vacances s’inscrit dans un programme d’apprentissage, on remarque une grande disparité entre les classes. L’utilisation de jeux ou supports ludiques dépend essentiellement de l’intérêt de l’enseignant et de son envie de se situer dans un autre rapport avec ses élèves.
À partir de la sixième, avec le découpage des heures de cours, le jeu se spécialise dans une approche liée à une matière par exemple la physique ou la géographie.
En lisant les récits, situés dans la seconde partie du dossier, vous constaterez que, si le jeu n’est pas utilisé partout, toutes les spécialités ou presque sont touchées. En dehors d’actions concertées comme celle du réseau d’historiens Ludus ou des enseignants de mathématiques à travers le Comité International des Jeux Mathématiques, qui pratiquent une information sur les expériences et les supports disponibles, on découvre de très nombreuses initiatives individuelles en géographie, en SVT, en lettres, en Français Langue Etrangère. L’objectif des jeux est très souvent la vérification de connaissances car les enseignants trouvent alors facile de créer leurs propres jeux, ou la simplification d’un thème complexe, ou enfin, la recherche d’une autre façon d’aborder un sujet pour le rendre accessible aux élèves qui n’ont pas été sensibles à l’approche classique.
Quelques efforts sont faits pour des actions transversales mais elles sont assez rares car elles nécessitent un travail commun des différents enseignants concernés[[Voir dans le dossier des Cahiers 448 l’article « Dessine-moi un mouton » de Pauline Trachet, une des rares actions transversales observées en région parisienne.]].
J’ai pu constater également un fort engouement pour le jeu lors des évènements qui rythment la vie du collège et qui sont des moments d’ouverture au public de parents.Le jeu prend la forme d’un tournoi, Questions pour un champion®, Trivial Pursuit®, Pyramide® et oppose, dans un esprit généralement convivial mais empreint de compétition, des équipes de collégiens à des équipes de professeurs ou de parents.Et, effet des mécanismes et de l’atmosphère ludique qui transcende les énergies et pousse à l’effort dans la préparation , ce ne sont pas toujours les adultes qui triomphent !

Au lycée
Le jeu est peu utilisé mais, s’il l’est, c’est avec une vraie réflexion.
On trouve beaucoup d’occurrences de l’utilisation de jeux dans les lycées à vocation technique, économique ou sanitaire et sociale ; la raison en est sans doute à la fois l’esprit des enseignants qui cherchent à faire approcher des notions complexes à des adolescents parfois peu attirés par les méthodes classiques et par l’existence de jeux utilisables dans les gammes créées pour la formation continue des adultes. Il existe en effet un certain nombre de jeux sur le fonctionnement de l’entreprise ou de l’économie, l’électricité ou des thèmes de physiques aisément transposables en formation initiale.

Surprise à l’université

Compte tenu des utilisations du jeu évoquées dans les paragraphes précédents ; soit une raréfaction au fur et à mesure de la scolarité, on s’attendrait à trouver peu de ludique dans l’enseignement supérieur.
C’est presque vrai, en France, à l’exception notable de trois secteurs :
l’enseignement scientifique et technologique. Un colloque tenu sur ce thème à Montpellier a montré une grande fréquence dans les études de pharmacie et biologie (quasi exclusivement de jeux de vérification de connaissances basés sur un mécanisme de QCM). L’université catholique d’Angers fait un effort spécifique : l’équipe du GERSAFE[[GERSAFE- Université catholique de l’ouest – BP 808 – 49008 Angers cedex 1]] a monté un laboratoire de création, traduction et diffusion de jeux de simulation, souvent venus des USA ou du Canada.
l’enseignement de l’économie et de la gestion d’entreprise à l’université et en grandes écoles ; les enseignants font régulièrement appel aux « business games », jeux de simulation, qui possèdent une aide pour traiter les calculs sur l’ordinateur
l’enseignement des langues et en particulier du FLE : chaque année, le thème de l’approche par le jeu est traité dans des ateliers d’été ouverts aux enseignants de FLE du monde entier par le BELC[[BELC/ Centre d’Etudes Internationales sur la Pédagogie – 1, avenue Léon Journault 92311 Sèvres cedex]] (Centre International d’Etudes pédagogiques) et le Ministère des affaires étrangères et régulièrement des universitaires de plusieurs pays européens se réunissent en colloque pour échanger sur leurs pratiques et les outils qu’ils utilisent.

J’ai mis à part bien sûr le secteur des Sciences du jeu, dirigé à Paris 13 par Gilles Brougère qui intègre, suivant les disciplines enseignées, la pratique mais surtout l’analyse du jeu de société ou du jeu de formation d’adultes.

En dehors de l’école

Dans le secteur périscolaire et l’environnement « culturel », le jeu est très présent.

Dans les municipalités et les Maisons des Jeunes et de la Culture, le jeu est couramment utilisé pour le soutien scolaire (programmes Coup de pouce, animations Après l’école.

Les musées, en particulier ceux qui sont dédiés à la culture scientifique et technique, et au premier chef la Cité des Sciences et de l’Industrie, utilisent l’approche ludique en accompagnement d’expositions. Des formations spécifiques commencent à voir le jour à l’OCIM, organisme public chargé de la formation des intervenants de musées. Toutes les expo-jeux ne sont pas des réussites mais on sent que le secteur est en train de se professionnaliser.
Certaines ludothèques, lieux tenus par de vrais professionnels du jeu, s’ouvrent à la venue de groupes d’élèves ou de parents. Les ateliers, appuyés sur l’utilisation de jeux de société, proposent un entraînement à l’utilisation de compétences repérées (anticiper, se repérer dans l’espace, donner une information précise, opérer un questionnement organisé..).

Des « évènements » réguliers popularisent le jeu :
Le Ministère de la recherche (fête de la Science et le Comité International des jeux mathématiques (salon des jeux mathématiques) invite de nombreuses associations scientifiques (les petits débrouillards, Jonathan ,…)

L’Association des Ludothèques de France propose annuellement une journée du jeu, essentiellement dans le but de promouvoir le jeu de loirs et de société mais, dans quelques villes, l’aspect éducatif est illustré.
Association spécialisée dans le jeu pédagogique, Permis de jouer propose régulièrement des café jeux à thèmes scientifiques ou littéraires et des événements tels que « La nuit du jeu pour l’entreprise » qui éveille l’intérêt des formateurs pour adultes mais aussi plus largement des enseignants.

En formation continue

Les pédagogies ludiques sont de plus en plus utilisées avec tous les publics, des jeux de communication et de management au “jeu d’entreprise “, autre dénomination d’un jeu de simulation qui présente, en simplifié et avec des évènements, le fonctionnement d’une entreprise, d’un pays ou de la Bourse… La particularité de ce secteur est d’accueillir le jeu , non seulement dans des process de formation, mais d’élargir l’appel fait à cette technique à d’autres situations de la vie de l’entreprise, séminaires de cohésion d ‘équipe, intégration des nouveaux, opérations de communication interne.

La diffusion, a été lente mais régulière depuis une trentaine d’années, date à laquelle sont apparus, sous l’impulsion de Jean-Marie Albertini du CNRS et de Jean Jacques Ballan de CENECO les premiers jeux destinés à l’apprentissage pour tous des rouages de base de l’économie. Chaque année, un salon professionnel, LUDIMAT EXPO, tenu en mars au CNIT de Paris la défense permet de mesurer la santé du secteur, qui comprend peu d’entreprises vraiment spécialisées, et se partage entre créateurs de jeux et utilisateurs de techniques théâtrales. Le marché français se distingue des autres marchés européens et surtout des USA en ce qu’il a peu d’acteurs mais émet une offre très variée. Citons l’improvisation, le passage par un média artistique tel que la musique, le théâtre, le jeu de rôle, le dessin, le mime, le travail de clown, la pédagogie expérientielle. Toutes ces formes, comme le jeu, utilisent la réflexion analogique, le recul, la création d’un temps et d’un espace gratuit, donc sans risque, pour aider à faire comprendre, à découvrir une compétence, à oser l’utiliser, à se mettre à la place de l’autre, à changer son point de vue…

Si le jeu convainc après de longues années de purgatoire, c’est que les Directions de Ressources Humaines ont testé ses effets. Longtemps choisi en dernier recours, lorsqu’on a épuisé les méthodes plus « sérieuses », le jeu a passé, dans de nombreux cas avec succès, son examen à l’aune des critères financiers de retour sur investissement et de résultats en terme de relations humaines, d’ambiance de travail, de capacité des salariés à s’accommoder des changements nécessaires et a faire de toute évolution de l’entreprise une occasion de se développer.
Donner des exemples d’utilisation réussie du jeu nécessiterait un article particulier.

Et ce n’est pas tout !

Faire un état des lieux de la situation de l’utilisation pédagogique du jeu serait incomplet sans évoquer :

Les publics démultiplicateurs touchés :
les enseignants, dans plusieurs académies se voient proposer des démarches de sensibilisation ou de formation CRDP, et IUFM (avec un axe élèves en difficulté)
S’il est regrettable que, généralement, seuls les jeunes en panne puissent bénéficier de l’apport de méthodes implicantes, motivantes, qui facilitent la compréhension et la mémorisation, on doit saluer ces initiatives.

les formateurs, chargés d’enseigner à des publics en difficulté, illettrisme, alphabétisation, remises à niveau. Pour des raisons économiques, il y a très peu d’éditions de jeux spécialisés. L’ effort est fait pour former les professionnels à la création et à l’adaptation de supports, à partir de règles de jeux connues et de jeux de société peu coûteux, ou encore en utilisant des approches sans matériel, comme le conte ; de plus, les professionnels échangent volontiers au sein de colloques.

Les conditions de réussite :
La lecture du dossier des Cahiers pédagogiques vous a donné envie de jouer le jeu. Pour avoir tous les atouts en main, voici quelques conseils :

Y croire
Est-ce que je crois que le jeu peut apporter quelques chose à ma pratique ? et Suis je à l’aise avec l’idée d’enseigner avec le jeu ?
Si les réponses sont négatives, ne vous forcez pas car sans chaleur et sans conviction de l’animateur que le jeu est un « plus », l’outil ne fonctionnera pas.

Avoir conscience du rôle essentiel de l’enseignant ou du formateur et être prêt à perdre son « pouvoir » d’enseignant
On ne distribue plus les connaissances, on accompagne plutôt les élèves dans leurs découvertes. D’enseignant, on devient animateur, meneur de jeu … il faut donc coiffer une autre casquette, éviter de créer une trop grande distance entre vous et le groupe d’élèves. Et, même si l’on voit comment les élèves devraient s’y prendre, rester très discret pendant le temps de jeu, consacré à une observation dont les éléments seront utilisés au moment du débriefing.

Savoir que le jeu pédagogique est précédé d’un avant-jeu et suivi d‘un après jeu

À la différence du jeu de société dont l’intérêt se situe durant la partie (on joue pour jouer et se faire plaisir), le jeu en situation pédagogique est le moyen de tenter d’atteindre un objectif. Passons sur le choix du jeu qui doit être fait avec soin pour nous attarder sur l’après jeu.
Il est illusoire de croire que le seul fait de jouer, et même de réussir dans le jeu, crée chez le joueur les conditions d’une évolution.
D’abord, si le jeu est bon, l’élève est impliqué et s’il sait qu’il a réussi, il n’a pas pris le temps d’analyser comment il s’y est pris ; ensuite, nombre de jeux fonctionnent sur le déplacement ou l’analogie. Il faut donc permettre au joueur d’effectuer un transfert entre la situation de jeu et la situation d’apprentissage, l’aider à imaginer comment il va pouvoir remettre en oeuvre les compétences dont il a fait preuve durant la partie.

Porter sur le jeu, au moment du choix, un regard plus technique
Le jeu doit servir un objectif précis, simple de préférence et présenter des avantages évidents tant pour vous que pour les élèves. Si ce n’est pas le cas, utilisez une autre méthode et réservez le jeu à un moment dans lequel il déploiera toute sa force.
Par ailleurs, vous gagnerez à sélectionner un jeu dont le contenu mais surtout le mécanisme est en cohérence avec l’objectif pédagogique visé. Ainsi, un jeu qui parle d’équipe et de cohésion de groupe ne peut s’appuyer sur le mécanisme compétitif du Monopoly ®, pas plus qu’un sujet qui comprend une démarche progressive et des étapes logiques, ou encore la nécessité d’une approche exhaustive ne peut être abordé efficacement à travers le parcours aléatoire du jeu de l’oie ou du Trivial Pursuit®.

Laisser de la liberté aux participants
Le jeu est un exercice convivial , dont la pratique, dans la vie sociale, est gratuite et relève de la libre décision du joueur. Même en classe, il est difficile de l’imposer, sous peine d’empêcher le participant de bénéficier de la situation sans risque qu’il crée. Il est impératif de présenter votre projet et vos intentions ; si vous emportez l’adhésion, parfait ; dans le cas contraire, soyez éthique et efficace en proposant aux élèves réticents d’atteindre le même objectif avec une méthode classique ou, mieux, de jouer le rôle d’observateur durant le déroulement du jeu et d’utiliser leurs commentaires au moment du débriefing. Ayant constaté que jouer n’était pas si dangereux, les réticents accepteront sans doute de changer pour le statut de joueur lors d’une prochaine partie.

Laisser place à l’erreur, mais éviter de stigmatiser le perdant
L’erreur est constitutive du jeu ; c’est souvent dans l’erreur que je joueur comprend et mémorise une règle. Il faut donc le laisser oser, essayer, se tromper (puisque ce n’est qu’un jeu) et recommencer. Pour autant, les jeux compétitifs qui introduisent un facteur agonistique, gagnent à être adoucis, sous peine de provoquer de profonds découragements chez celui qui « ne comprend rien ». Cette précaution amène souvent le créateur de jeu et l’animateur à placer les joueurs en petites équipes, la défaite ou la moindre réussite étant plus facile à supporter que si le joueur joue seul.

Ne pas hésiter à se former
Nul n’utiliserait les nouvelles technologies ou une caméra sophistiquée sans l’avoir antérieurement prise en main. Pourtant, parce que l’on sait tous jouer, on croit savoir faire jouer.
Quelques organismes spécialisés peuvent vous aider à maîtriser la pédagogie du jeu durant des stages (8) En toute hypothèse, si vous faites vos premiers pas dans le jeu pédagogique, optez pour un matériel simple et de courte durée pour ne pas perdre pied et inspirez-vous de règles de jeux connus afin de ne pas vous perdre dans de longues explications en amont de la partie et d’éviter que vos élèves ne perdrent leur énergie à tenter de saisir le fonctionnement du jeu.

Et se faire plaisir
Il est impératif de choisir un jeu avec lequel on se sent à l’aise et qui nous plaît. Les participants ressentent votre état d’esprit et s’impliqueront d’autant plus que vous aurez créé un climat sympathique… et que vous vous amuserez vous-même.

Bien conduit, le jeu est une méthode « gagnant-gagnant » : l’élève se sent acteur, impliqué et, souvent séduit par la forme du jeu, il fait des efforts sans en ressentir la difficulté. L’enseignant voit les notions comprises par un plus grand nombre de ses élèves, en particulier par ceux qui montraient de la peine à suivre avec le cours magistral ; il retrouve renouvelée une envie de pratiquer son métier avec enthousiasme. De mêmes parents et Institution scolaire constatent plus de créativité, plus d’énergie chez les enfants touchés et les enseignants concernés.
La situation décrite dans cet article est celle de la France, il serait très instructif d’ouvrir la réflexion sur les pratiques à l’étranger, en particulier au Canada, en Grande-Bretagne ou en Belgique pays dans lesquels le jeu et l’apprentissage font bon ménage depuis très longtemps dans l’enseignement initial. Nul doute que les nombreux exemples actuels d’initiatives dans notre pays, couplés avec l’incontestable réussite des pédagogies ludiques en formation d’adultes nous amèneront dans quelques années à avoir la même maturité que nos voisins dans l’utilisation bien comprise de toutes les formes de jeu.

Chantal Barthélémy-Ruiz, Formatrice et enseignante au Master pro Sciences du jeu, Université Paris 13.