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Langues régionales
Si nous voulons savoir de quoi nous parlons quand nous abordons la question des langues régionales, il faudrait distinguer au moins cinq entrées différentes.
1) Les visées :
– Pédagogique : être multilingue depuis l’enfance est un avantage pour apprendre d’autres langues ensuite.
– Sociale : savoir la langue de ses pères améliore le lien intergénérationnel (du moins dans les lieux où le patois se parle encore).
– Culturelle : une langue est une richesse qui ne peut pas se mettre au musée. La, plus qu’ailleurs, un homme qui meurt est une bibliothèque qui brûle. Une langue qui n’est pas parlée est une langue morte.
– Identitaire : continuer à parler la langue de ses pères c’est rester attaché à ses racines.
2) Les enjeux :
– Celui de la liberté : pouvoir parler la langue de ses ancêtres sans devoir le faire de façon clandestine.
– Celui de la lutte des classes : le français pour les politiques, l’administration et la bourgeoisie, les dialectes pour le peuple surtout en zone rurale.
– Celui de l’égalité : pouvoir aller où on veut sur le territoire au nom d’une mobilité que les Français refusent dans les faits mais réclament dans le droit.
– Celui de l’unité de la France face aux désirs d’autonomie et au spectre de l’Europe des régions (qui se constitue sans bruit dans le domaine culturel avec les programmes interrégionaux européens) avec toutes les contradictions que comporte un pays qui s’est voté une loi de décentralisation.
3) Ne pas oublier de regarder ce qui se passe à nos frontières :
– En Espagne où le statut d’autonomie dans certaines régions comme la Catalogne a donné une telle importance à la langue régionale qu’il est difficile de venir y travailler si on ne sait « que » le Castillan.
– En Italie où les dialectes sont vivants et correspondent à une vie culturelle, mais où la pratique d’un bon italien reste un rêve pour chacun.
– La Belgique où la pratique de deux langues correspond à une réelle fracture entre deux communautés qui n’ont parfois plus grande chose de commun avec le statut bâtard de Bruxelles au milieu.
– etc. (j’ignore tout du Luxembourg, mais je crois que c’est encore un autre cas de figure).
4) Ne pas confondre à l’école :
– L’obligation d’apprendre la langue de sa propre région.
– La possibilité de l’apprendre.
– La possibilité d’apprendre une langue régionale éventuellement autre que la locale.
5) Ne pas oublier les communautés non francophones qui vivent sur notre territoire et qui bien souvent s’efforcent de faire oublier à leurs enfants leur propre culture pour mieux s’intégrer, niant ainsi cette même richesse qui est réclamée à propos des langues régionales.
Elizabeth Thuriet