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Le CRAP-Cahiers pédagogiques, les rythmes scolaires et le temps de l’enfant

l y a quelques mois, tout le monde semblait d’accord : quatre jours ne convenaient pas, le bénéfice de l’enfant et des apprentissages passait avant tout, on voulait voir de nouveaux rythmes en vigueur à l’école. L’affaire était faite. Mais ce qui se passe depuis la rentrée semble une illustration de cette fable chinoise : « Teng était un grand passionné de dragons, il collectionnait les images de dragons et lisait de nombreux ouvrages sur les dragons. Son rêve était d’en rencontrer un. Or, ce jour arriva, quand un dragon eut vraiment envie de rendre visite à Teng. Mais quand celui-ci vit surgir le dragon, il s’enfuit à toutes jambes. » Depuis la rentrée, on ne cesse de voir s’enfuir des Teng devant des dragons-rythmes.

Le CRAP n’a pas fui. Nous sommes engagés dans la réforme des rythmes et nous la soutenons globalement. Nous voulons présenter dans ce numéro et sur notre site différents regards portés sur la réforme des rythmes du primaire, mais en mettant l’accent, clairement, sur ce qui marche plutôt que sur les dysfonctionnements. Les jugements négatifs sont bien sûr présents, puisque nous pensons qu’il faut écouter les doléances ou réserves de certains acteurs. Cette enquête, à lire sur le site et dans la revue pour quelques articles, est le recueil de photographies diverses qui constitueraient un début de tableau de la réforme des rythmes scolaires, pour un bilan provisoire après si peu de temps de mise en œuvre.

Nous estimons être en mesure d’avancer quelques éléments clés.
La réforme va dans le sens de l’ouverture de l’école. Elle bouleverse forcément des habitudes et prendra du temps avant d’être pleinement efficace. Malgré ses limites et ses insuffisances, la réforme est une avancée. Revenir en arrière n’est pas envisageable. Elle demande à être modifiée dans certains de ses aspects, comme dans le cas spécifique de l’école maternelle, et nécessite une souplesse et des marges de manœuvre plus grandes sur le terrain.

Il ne faut surtout pas se référer à un modèle unique de réforme, le maitre mot est « souplesse », avec l’utilisation de toutes les richesses, de toutes les compétences, selon les situations, en commençant par celles qui ne coutent rien, et en évitant l’écueil de vouloir faire trop. L’entourage des enfants (les parents, grands-parents), l’entourage de l’école (les personnels et services municipaux) sont des atouts auxquels penser. Les rythmes seront une occasion de créer du lien social.
La réforme est cependant difficile à mettre matériellement et humainement en place (locaux, personnes, planning). Évitons de nier ces difficultés par une langue de bois inopportune.

Le changement touche de nombreuses personnes, demande beaucoup de concertation, d’explications, entre les acteurs pour la mise en œuvre. Si le projet arrive tout monté et que la négociation ne porte que sur des détails, alors les affrontements seront inéluctables. Il est indispensable de considérer les gens, tous les gens, et de se mettre autour de la table au départ, puis dans des bilans d’étape, pour que personne n’ait l’impression de subir les décisions prises par d’autres.

Christine Vallin et Jean-Michel Zakhartchouk
coordonnateurs de cette enquête