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La philosophie à l’école

Partant, dans l’introduction, de sa propre expérience, l’auteur expose clairement l’intérêt de faire réfléchir en profondeur les enfants. Il soutient que les enfants sont
philosophes, cultivent « l’idiotie » (au sens deleuzien d’un non-savoir qui les ouvre à la recherche), et qu’il y a donc une affinité entre philosophie et enfance. S’il rappelle
l’intérêt de discussions en classe, à la manière de la « communauté de recherche » du philosophe américain Matthiew
Lipman, il plaide aussi pour une diversification des approches, par exemple les dilemmes moraux de Lawrence Kolhberg ; le portrait chinois, voie pour dégager les attributs d’un concept à partir d’une reprise conceptuelle de métaphores ; des exercices originaux comme le « hit-parade
des personnalités » ; l’articulation de l’oral et de l’écrit… Il commente certains extraits de discussions avec les enfants pour montrer les processus de pensée qu’ils sont capables de mettre en oeuvre, et donne un certain nombre de conseils avisés aux maîtres pour ce type de pratique.
La deuxième partie du livre porte sur quelques grandes questions à aborder : à quoi sert l’école, la liberté, le juste et l’injuste, l’égalité, la réalité, la croyance… En filigrane, il défend une conception originale de ce type de pratique, philosophiquement fondée sur le concept de croyance
de Kant dans la faculté de juger, et conclut (p. 183) : « Le philosopher rend visible l’invisibilité constitutive d’autrui, révèle l’énigme, voire le scandale que constitue le fait que d’autres puissent accorder de la « grandeur » (au sens pascalien) à ce qui pour moi n’en saurait avoir (p. 183), … à « s’étonner les uns des autres » (p. 185).
Quand, comme chez François Galichet la finesse pédagogique s’allie aussi harmonieusement avec la profondeur philosophique, au lieu de les opposer comme le font tant de gardiens du temple, on ne peut que recommander l’ouvrage aux
enseignants du primaire et du collège…

Michel Tozzi