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La petite dame ou le jardinage
Tôt le matin, en route pour le collège par les beaux chemins du Vaucluse, je passe par ces villages encore ensommeillés qui ont donné tant de voix au Front National. Un bon tiers de nos familles. J’ai la nausée, envie de rendre mon tablier et de partir en stage intensif de jardinage. Mais c’est trop tard, le portail s’ouvre et je commence déjà à serrer des mains, souriante.
Classes sans notes ou pas ? Les tenants du contre déclarent qu’ils sont pour la carotte et le bâton, le classement, et la reconnaissance des meilleurs. Les tenants du pour font beaucoup moins de bruit mais sont prêts à agir. Les débats confirment que l’acte d’enseigner est un acte politique. Selon comment tu le fais, tu asservis ou tu émancipes. N’est pas humaniste qui veut. Au delà d’être de gauche ou de droite, il s’agit d’inventer autre chose que le rapport de subordination. Et si je n’ai pas le choix, je suis du coté de l’esclave.
Ouf, fatigue. C’est le début d’après-midi, une petite dame d’un certain âge, souriante aux yeux bleus, est assise dans le hall. Patiente mais déterminée elle attend. Qui est-elle ? Que veut-elle ? « Bonjour, je suis anthropologue, et après les élections de dimanche, je ne peux pas rester à cultiver mon jardin, alors je viens vous proposer mes services ». Une citoyenne !
Elle nous explique son travail dans l’humanitaire, qu’elle a géré un programme d’aide aux enfants génocidaires du Rwanda, a oeuvré au Benin, et j’en oublie. Aime enseigner aux enfants en difficulté, aide l’enfant et la mère car ils marchent ensemble. A fondé une association, puis deux…
Elle propose conférences et ateliers pour les élèves, les professeurs et les parents. Ce qu’on veut, pourvu qu’elle puisse agir. Il y a des valeurs à faire croître encore et encore dans le terreau de l’école et nous voilà jardinières !