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La mathématique du Chat de Philippe Geluck

Dans les albums du fameux Chat du dessinateur belge Geluck, il y a de moins en moins d’allusions aux mathématiques, ce qu’on peut représenter sous la forme d’un graphique. Graphique trompeur, car on oublie que les albums du Chat ont vu leur nombre de pages régresser (48 au lieu de 60 : au fait quel pourcentage de diminution ?) et du coup le rapport entre allusions mathématiques et nombre de pages reste constant. Voilà bien un exemple d’exercice de l’esprit critique auquel nous invite l’auteur de ce malicieux ouvrage – on allait dire album, vu le nombre de dessins qu’il contient -, écrit par un mathématicien… bruxellois, bien entendu !
À quoi servent les mathématiques ? nous dit-on en page IV de couverture : eh bien, à lire le Chat, puisqu’on peut y trouver illustrés par les strips de Geluck : les ensembles, la logique mathématique opposée à la logique naïve, les paradoxes, les statistiques, mais aussi la géométrie dans l’espace, les fractions, les variations sur l’infini, etc.
Ici donc, de nombreux dessins sont mis en relation avec des concepts mathématiques et même si l’utilisation pédagogique n’est pas vraiment au centre de l’ouvrage, l’enseignant pourra y puiser mille idées pour travailler à partir de ce livre qui pourrait être à la fois un recueil de représentations, un « passeur » stimulant ou une source d’illustrations pour ses cours. Mais à vrai dire, bien des pistes sont ouvertes vers d’autres disciplines (l’économie, le français avec les paradoxes du langage et tout ce qui a trait au développement de l’esprit critique, autour par exemple des statistiques). Terminons quand même par un exemple, choisi pour pouvoir à la ­rigueur se passer de dessin. Le Chat affirme que « des choses qui n’ont rien en commun, ont pourtant ceci de commun, qu’elles n’ont rien en commun », ce qui renvoie au « paradoxe de Richard » (voir pages 151-152) et nous donne un aperçu du « monde paradoxal de la bande dessinée à visées philosophiques, un univers plus sérieux et plus transparent que le monde réel » et qui, dans le rire, « conduit aussi petit à petit à une réflexion saine et constructive ».

Jean-Michel Zakhartchouk