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L’éducation globale doit s’imposer !
Pouvez-vous en quelques mots rappeler à nos lecteurs l’historique du CAPE, après le Climope? Quel sera votre rôle désormais ?
Le CAPE s’est constitué en 2009 sur l’initiative d’associations regroupées autour d’une déclaration commune rendue publique le 6 janvier 2010. Il prolonge en les combinant les activités du Climope, regroupant les mouvements pédagogiques, et celles du groupe plus informel des « huit associations complémentaires de l’école publique », qui disposent de financements durables de la part du ministère de l’Éducation nationale au titre de leur mission de portée générale.
Nous avons voulu mieux consolider notre plateforme de coopération, l’installer dans des rendez-vous plus fréquents et lui donner une meilleure visibilité. Le Cape est association de droit depuis le 13 octobre dernier, mais garde un fonctionnement qui reste souple et réactif : responsabilités tournantes, décisions au consensus, programme d’actions pragmatiques et budget limité à l’essentiel.
Quel est l’intérêt d’un collectif de ce type ? Que peut-on en attendre ?
Gageons que le premier intérêt est d’abord de mieux nous connaitre mutuellement. Et par nos rencontres plus régulières, de faire naitre des projets novateurs et de mieux articuler nos différentes actions en cultivant nos complémentarités. Sans doute aussi d’être plus lisibles dans le paysage éducatif français, et pourquoi pas au-delà ? Nos actions, souvent très éloignées du bruit médiatique sur les questions scolaires, sont mal identifiées. Et puis, nous en voyons déjà les effets : nous prétendons être un collectif organisé, reconnu et pris en compte comme interlocuteur de référence. Le ministère ne s’y trompe pas, les différents candidats à l’élection présidentielle non plus ! Nous offrons, et aucun autre lieu ne le fait véritablement, une vision globale de l’éducation. Nous souhaitons participer à une refondation profonde non seulement de l’école, mais de tout le champ éducatif, en mobilisant l’ensemble des acteurs.
Quel est le principal point commun qui traverse toutes les associations partenaires ? Qu’est-ce qui les singularise ?
Chacun des partenaires témoigne, sous différentes formes, d’un attachement à l’école de la République, à ses valeurs, notamment la laïcité. Nous avons confiance dans la capacité des acteurs éducatifs à porter un autre projet de société.
Chacune de nos associations a une histoire forte et singulière, dont elle est très fière, et qui la caractérise par des moyens d’actions spécifiques. Qu’il s’agisse de proposer des pédagogies alternatives, d’apporter des réponses pour des enfants à besoins particuliers, de proposer des espaces éducatifs variés (classes de découverte, loisirs éducatifs), de proposer des formations aux enseignants, de former les intervenants scolaires, de publier des ressources, d’agir dans l’éducation au développement, voire d’organiser un grand salon de l’éducation, nos terrains et nos modalités d’actions sont multifacettes. Là où certains parlent de nébuleuse associative, nous y voyons une diversité et une complémentarité fructueuses.
Quelle est votre inquiétude principale ? Sur quel point tourneriez-vous particulièrement votre attention ?
Comment ne pas s’inquiéter du discours libéral, des pratiques marchandes qui pénètrent en profondeur le champ éducatif ? Elles contaminent les esprits par une forme de pensée unique, que l’on retrouve parfois, de façon surprenante, chez ceux qui devraient y résister.
Nous voudrions que l’engagement éducatif caractérise la formation des enseignants et dépasse la simple adaptation aux fonctions, dont certains se contenteraient. Nous voudrions contribuer à reconstruire les formations initiales et continues, non seulement des enseignants mais de l’ensemble des professionnels, volontaires et bénévoles éducatifs. Pourquoi pas en incluant des temps de formation communs ?
L’éducation globale doit s’imposer.
Quel a été votre parcours avant les Ceméa et aux Ceméa ?
Je suis enseignant détaché, un statut auquel je tiens beaucoup, car il incarne le lien entre la société civile engagée et la fonction publique. J’étais étudiant en kinésithérapie, quand ma rencontre avec les Ceméa m’a fait découvrir l’engagement éducatif et m’a communiqué une passion pour des pédagogies émancipatrices et l’Éducation Nouvelle.
J’y ai exercé plusieurs responsabilités, m’offrant ainsi la possibilité d’aborder l’éducation dans différents champs (animation, éducation, médicosocial, culture, interculturel).
En me trouvant souvent dans des fonctions fédératrices d’associations (Crajep, conseiller économique et social, délégué général du Cirasti, un collectif d’association d’éducation populaire pour la culture scientifique et technique), j’ai témoigné d’un intérêt certain pour les entreprises collectives. C’est dans cet esprit que j’aborde avec plaisir la présidence du Cape, même s’il s’agit plus d’un rôle d’animateur, les responsabilités étant réellement collectives et les mandats tournants.
Au CRAP-Cahiers, nous parlons beaucoup du site du Cape, en construction actuellement. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Il s’agit, bien sur, de nous donner une visibilité et de pouvoir dialoguer avec notre public. Et pourquoi pas de donner envie à un grand nombre de rejoindre l’une de nos associations.
Ce site aura une fonction « ressources ». Nous avons de très nombreuses publications, y compris audiovisuelles, mais leur diffusion n’est pas toujours à la hauteur de leur qualité et de leur utilité.
L’équipe qui travaille sur le site le porte à un haut niveau de qualité, qui traduit nos ambitions. Je tiens ici à remercier le CRAP-Cahiers pédagogiques de s’impliquer autant sur ce projet, et d’y apporter son savoir-faire.
Que faut-il vous souhaiter et souhaiter au Cape en guise de « bon vent ! » ?
Personnellement, comme beaucoup, j’aimerais vivre 2012 en témoin et acteur privilégié de débats publics qui mobilisent toute la société sur les questions éducatives et nous offrent des perspectives ambitieuses.
Aujourd’hui, nos sociétés semblent paralysées par la crise de la dette et nos dirigeants préparent les mentalités à accepter de nombreux renoncements. Le Cape doit entrer en résistance sur le terrain qui est le sien et démontrer que l’ensemble des espaces éducatifs, surtout dans une société qui doute, doit faire l’objet d’investissements pour demain.
Bruno Chichignoud
Président du Cape et responsable du secteur école des Ceméa
Propos recueillis par Christine Vallin