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L’école a besoin d’un nouveau projet

C’est en tout cas le souhait exprimé par les Français interrogés dans un récent sondage (BVA pour France Info) : 60 % des sondés considèrent que l’éducation devait être la priorité des pouvoirs publics, contre 43 % l’an dernier. Dans le même sondage, ils étaient 80 % à se dire opposés à la règle de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux.
Mais il faudrait que ce débat sur l’école se fasse sur des bases saines, sans excès de communication tapageuse. Rarement un ministre n’en aura autant abusé que Luc Chatel, tenant de présenter positivement ce qui n’est bien souvent qu’une action dictée par la révision générale des politiques publiques (RGPP) et l’austérité budgétaire.
Ainsi, année électorale oblige, Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il n’y aurait aucune fermeture de classe dans les écoles primaires à la rentrée 2012. Mais attention, si on annonce un « moratoire » pour les écoles primaires, le principe de suppression de 16 000 postes est maintenu. Avis aux enseignants des collèges et lycées ainsi qu’aux personnels des RASED, aux remplaçants et à tous les enseignants qui ne sont pas « devant élèves »… ! Et rappelons que, depuis cinq ans, ce sont près de 66 000 emplois qui ont été supprimés alors que dans le même temps le nombre d’élèves a augmenté.
Au-delà de la communication, le bilan de l’ère Sarkozy et de ses ministres Darcos et Chatel apparait bien négatif. Avec notamment la semaine des quatre jours en primaire, dénoncée par tous comme nuisible au rythme des enfants, la réforme de la formation des enseignants (la « masterisation »), qui a envoyé les nouveaux profs devant les élèves sans réelle préparation pédagogique. Ou l’échec de la libéralisation de la carte scolaire présentée comme un moyen d’améliorer l’égalité des chances alors qu’on assiste à un creusement des inégalités géographiques et sociales. Parallèlement on voit s’opérer des transformations insidieuses du système éducatif et du métier enseignant, sans véritable dialogue social : dérive technocratique fondée sur la performance, modification de l’organisation administrative, changements dans l’évaluation et le recrutement des enseignants.
On pourrait poursuivre l’attribution des mauvais points. Mais un danger de ces débats serait de se limiter à un discours de déploration et de « restauration » d’une école mythifiée. L’école va mal, elle a certes besoin qu’on cesse de réduire ses moyens et sa fonction de service public, mais elle a surtout besoin d’une « refondation », de retrouver un projet et une ambition. Ça mérite bien un débat national.
Le CRAP-Cahiers pédagogiques s’efforcera d’y contribuer, en particulier en organisant à Paris les lundi 24 et mardi 25 octobre 2011 les troisièmes « Assises de la pédagogie » intitulées « Pour une école plus juste et plus efficace, 12 débats… 12 propositions… pour 2012 ». Au plaisir de vous y retrouver !

Philippe Watrelot
Président du CRAP-Cahiers pédagogiques