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Grossesses adolescentes

De nombreuses adolescentes enceintes ont une mère qui a elle-même enfanté jeune. Dans la culture des roms, la grossesse à l’adolescence est très courante.

L’IVG ou le rejet

Il est très fréquent que cette grossesse débute par un déni. Il n’est d’ailleurs pas rare que le premier à découvrir cette grossesse soit un professionnel de l’Éducation nationale ! Il est donc parfois trop tard pour elles pour prendre une décision d’avortement. Celles qui fréquentaient le foyer éducatif ne m’ont jamais dit qu’elles auraient souhaité avoir recours à une IVG. Lorsqu’une jeune femme demandait une IVG, nous indiquions systématiquement aux professionnels extérieurs qui accompagnaient la jeune femme de ne pas demander pour elle une orientation vers un centre éducatif pour jeunes mères. La confrontation d’une jeune femme souhaitant une IVG avec des jeunes femmes souhaitant aller au bout de leur grossesse, ou ayant déjà un bébé, relevait de l’impossible. Soit parce que les autres jeunes femmes ne pourraient pas comprendre ce choix d’IVG et seraient très jugeantes à son égard, soit parce que la confrontation avec la maternité des autres pourrait la mettre en conflit avec son choix d’avorter.

Très fréquemment, les familles des jeunes femmes étaient demandeuses d’IVG. Quand le choix de la jeune femme n’était pas celui-ci, elle n’avait souvent pas d’autre choix que de partir de la famille pour préserver un espace pour sa grossesse en dehors du « vœu de mort à l’égard de son bébé ». Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’être convoqué devant un juge pour qu’un enfant soit confié à un service éducatif. Les parents peuvent le demander dans le cadre d’une mesure administrative au service de la protection de l’enfance du conseil départemental (l’orientation vers un foyer éducatif peut donc se faire d’une manière contractuelle avec la famille).

Fonder sa famille

Une autre composante fréquente était celle des violences sexuelles. De nombreuses jeunes femmes qui fréquentaient le foyer éducatif avaient été violées, de manière incestueuse ou non. Mais parfois, cette jeune femme violée n’avait trouvé que la grossesse pour fuir une famille, qu’elle qualifiait de folle pour fonder une famille à elle.
De plus en plus d’adolescentes migrantes arrivent enceintes sur le territoire français. Les viols sont fréquents lors des migrations. Parfois elles partent enceintes de leur pays en quittant un mariage forcé.

Toutes les jeunes femmes ne réagissent pas de manière identique vis-à-vis du milieu scolaire. Certaines sont fières de présenter leur enfant à leurs copines de collège. D’autres veulent garder cette partie de leur vie comme un secret. Elles craignent parfois le jugement des autres.

Denis Guitton
Psychologue dans un centre maternel pour adolescentes