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Finis les exposés aux parents…

Comment faire pour que les rencontres parents-profs de début d’année ne se réduisent pas à des exposés faits par chaque professeur de chaque discipline dans chaque classe ? Comment passer de ce formalisme à une vraie occasion d’échanges ?

Qui n’a pas vécu, lors de la première rencontre parents-professeurs de l’année, en tant que professeur ou pire, en tant que parent, le défilé des exposés par discipline (fournitures, exigences, méthodologie, programme, évaluations, projets, quand il y en a… ) ? Est-ce vraiment une rencontre : le prof y passe la soirée à répéter plusieurs fois la même chose s’il a plusieurs classes, à découvrir les collègues de l’équipe (mais n’y a-t-il pas d’autres moyens pour cela ?) et les parents écoutent dans la position de l’élève, en prenant des notes ou pas, en posant quelques questions, parfois. Ouf, au moins, ils ont vu la tête des profs de leur progéniture, qu’en retiennent-ils vraiment ?

Une synthèse sur une seule feuille suffit

Si on faisait autrement ? Les parents ont depuis longtemps la liste des fournitures et ont en principe fait les achats, on est à la mi-septembre, au mieux. Quant aux exigences, à la méthodologie, il y a heureusement de nombreux points communs entre les disciplines, alors pourquoi ne pas les lister lors d’un travail d’équipe préalable ? C’est ce que nous avons fait dans mon collège. Chaque professeur principal prend en charge la compilation des informations, y compris les spécificités de chaque collègue (programmes, projets, évaluations). Une feuille A4 recto-verso suffit.

Le soir prévu, les parents sont conviés et rassemblés par classe dans la salle de restauration. L’équipe de direction et les professeurs principaux du niveau concerné président. Les autres professeurs sont regroupés sur le côté de la salle. C’est l’occasion pour la direction de donner le ton de l’année, de rappeler les grandes lignes sur les enjeux du niveau et les exigences générales pour passer une bonne année de travail. La CPE, l’assistante sociale, l’infirmière, la professeur documentaliste se présentent aussi.

Puis, chaque professeur principal appelle les professeurs de sa classe à se lever pour que les parents les voient. Enfin, il emmène les parents concernés dans une salle. Chacun procède comme il l’entend par la suite.

Des parents qui échangent entre eux

Mes objectifs en classe de 6e sont, non seulement de commenter la feuille des exigences communes distribuée, mais aussi de sortir du modèle impositif – le prof sur son estrade face aux parents (d’)élèves – et pourquoi pas, de favoriser l’émergence d’une parole entre les parents. Pour cela, je leur fais disposer les tables en cercle. Le texte est distribué et sert de support de discussion. J’insiste sur l’importance de l’accompagnement de leurs enfants, en évitant toute culpabilisation. Des questions se posent au fur et à mesure, l’ambiance se détend. Il commence à y avoir un échange d’expérience entre nouveaux parents de collège et anciens qui ont des plus grands. Je leur demande ensuite comment vont leurs enfants. Les échanges continuent, de plus en plus riches, y compris sur l’autorité par rapport aux jeux vidéos, par exemple. Certains parents se rendent compte qu’ils ne sont pas isolés dans leurs difficultés face à des enfants qui grandissent. Une parole vraie s’est installée, grâce à des questions telles que : « À partir de quel âge un enfant peut-il être considéré comme autonome ? », posée par une mère. La principale adjointe doit nous déloger, car même debout, ils continuent à discuter dans la salle. On peut évidemment regretter que les présents ne représentent que la moitié des élèves de la classe. Aux autres familles, j’ai transmis la feuille par leur enfant. Libre à moi de les inviter à venir me rencontrer en tête à tête prochainement pour certains.

L’année dernière les réactions des parents ont été largement positives et nous avons donc reconduit le dispositif cette année. Je m’en suis emparée avec les objectifs cités ci-dessus et les résultats ont été au-delà de mes prévisions en ce qui concerne la qualité des échanges. Ceci montre à quel point les parents ont besoin de confronter, partager, leurs doutes, leurs expériences. Et si l’école peut aider à mieux se rencontrer…

Sylvie Menet
Professeure de maths et professeure principale en 6e en Loire-Atlantique