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Et le miracle s’est produit

N’en déplaise aux sceptiques, cette année scolaire fera date dans les annales de l’école maternelle. Les nouveaux rythmes à la rentrée de septembre, le nouveau projet d’école dans la foulée mis en application dès janvier 2015, les nouveaux programmes de l’école maternelle en perspective : comme un alignement de planètes, la coïncidence de ces calendriers est suffisamment rare dans notre stratosphère éducative pour ne pas saisir l’opportunité historique de tout remettre à plat.

Entre les rythmes et le projet d’école largement préparés en amont, bousculant quelque peu nos habitudes, le travail sur les programmes qui sortent actuellement et sur lesquels nous avons déjà réfléchi, nous avons tout démarré en même temps.
Et le miracle s’est produit. On nous annonçait l’impossible et les possibles se sont soudainement révélés.

Juste trois exemples. L’entrée de l’école à 8 h 30 pour tous les élèves de la maternelle au collège. Pas très logique d’imposer à un petit de 2 ans le même réveil et le même début de journée qu’à un ado de 15 ans. Impossible de changer quoi que ce soit, nous serine-t-on : les transports scolaires, bonne excuse depuis toujours. Le conseil général organisateur du ramassage des enfants impose maintenant des tournées séparées, le second degré d’abord, le premier degré ensuite. Les nouveaux rythmes sont mis en œuvre, et voilà que non seulement c’est possible, mais cela devient obligatoire.

Les deux heures de pause méridienne : beaucoup trop long, se plaint-on, les élèves s’excitent à force de désœuvrement. La réduire à une heure trente ? Impossible de servir 200 repas en si peu de temps, claironne la restauration. Et voilà que nous réussissons à organiser parfaitement ce service. Juste une question d’organisation ? Plutôt de volonté ?

Et que dire de l’efficacité du début d’après-midi quand un tiers de l’école va à la couchette, pendant que les autres rechargent doucement leurs batteries ? Un temps nécessaire, mais pas très éducatif. On plaide pour un arrêt de jeu, comme dans un match. Impossible, rien ne bouge. Et voilà que c’est fait, la sieste est sortie du pôle éducatif et s’appelle maintenant TAP (temps d’activité périscolaire), ce qui permet de gagner une matinée en échange.

Nouveaux programmes et nouveau projet d’école, sans tout chambouler, de nouveaux outils sont tout de même introduits comme le cahier de réussite et de progrès, visant à la fois la motivation, l’estime de soi et l’autonomie ; chaque jeune élève prend ainsi conscience de ce qu’il sait faire en coloriant lui-même chacune de ses réussites. À cent mille années-lumière du vieux débat sur les notes. Au fait, ça existe encore ?
Bref, nous devrions être comblés. Tous les problèmes ne sont cependant pas résolus. Ainsi nous vivons mal les effectifs de classe, entre trente et trente-quatre, à la limite de l’insupportable. Nous espérons une ouverture de classe pour la rentrée prochaine. Allez, puisque nous croyons aux miracles.

Dominique Moinard est directeur d’école maternelle