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Entre la ville et le collège

Origine de l’action

Avec mise en place de Parcours de découverte des métiers et des formations (PDMF) dans les collèges, des fonctions nouvelles en ont découlées, « les collèges se sont trouvés démunis » (Chef de projet insertion sociale et professionnelle des jeunes – DEJ), même si des actions préexistaient sur le territoire (Place Ô gestes par exemple). Aussi, sur l’idée qu’un « projet professionnel se construit dans un cheminement qui peut être assez long », la ville, « au titre de son projet de réussite éducative et de l’amplification de ses actions d’insertion sociale et professionnelle des jeunes, soutient la mise en œuvre pour les adolescents d’un “parcours de découverte des métiers” soit en pilotant directement des actions, soit en appuyant les actions portées par ses partenaires. »

Objectifs visés

Pour la ville, « l’objectif général est bien d’accentuer la « culture métier » des jeunes, élargissant le champ de leurs connaissances et de leur représentations, suscitant leur esprit de curiosité et pourquoi pas faire naître des désirs, des envies, des vocations… C’est en effet par un cheminement progressif et la participation à plusieurs actions qu’un jeune peut disposer des points de repère nécessaires à la construction de son projet personnel. »

Les actions qui composent la palette d’outils que la ville est désormais à même de promouvoir auprès des établissements scolaires peuvent avoir des objectifs spécifiques :

    • Eveiller la curiosité / susciter l’intérêt pour des univers professionnels méconnus
    • Faciliter la rencontre avec des professionnels
    • Faire découvrir le monde de l’entreprise (multiplicité des métiers)
    • Faciliter la recherche et l’accès au stage
    • Proposer des mises en situation de travail dans le cadre de « chantiers découverte »

Mise en œuvre

Le principe qui guide la ville est de multiplier les moments, les formes et les initiatives tout au long de l’année scolaire, ce qui constitue « le parcours ». Les actions pilotées ou soutenues par la ville consistent notamment en :

    • L’organisation de temps forts et de manifestations sur les métiers : copilotage de « Place Ô Geste » en octobre, soutien à la mise en œuvre du festival «Métiers à l’affiche» en janvier, …
    • La mise en relation des jeunes avec des professionnels : soutien aux «Rencontres professionnelles» par l’AFEV et un parrain, un emploi, et au «rallye des métiers» organisé par l’association Styl’Alpaga
    • La visite d’entreprises locales : déploiement de l’«Action Déclic Métier» par l’association Escalade entreprise
    • L’accueil de jeunes stagiaires (3e) dans les services de la collectivité (Ville de Nantes et Nantes métropole),
    • La mise en œuvre de chantiers «adolescent» expérimentaux
    • Soutien à l’organisation de forums des métiers inter-collèges
    • La mise à disposition et l’utilisation de ressources documentaires, etc.

Ciblage du public

Les PDMF s’adressent aux collégiens à partir de la 5e et peuvent aussi concernés des lycéens ou des 16/25 ans qui ne sont plus scolarisés. Certaines actions sont individualisées à l’exemple des « rencontres professionnelles » mises en place par l’AFEV -en lien avec Un parrain, Un emploi- dans le cadre des accompagnements à la scolarité ; d’autres sont collectives et relèvent ou non d’un ciblage (tous les élèves de 4ème d’un collège / constitution de petits groupes sur la base d’une sélection partagée à l’exemple du chantier Ados à Nantes Nord – CF fiche correspondante)

Éléments de capitalisation

«Les élèves orientés en fin de 3e se retrouvent souvent en échec l’année suivante. Comment faire émerger un projet en adéquation avec les compétences, les résultats et les possibilités de chacun. Ici, s’ajoute une difficulté liée à la géographie : les jeunes ont culturellement du mal à se déplacer, à se projeter ailleurs. Il y a aussi des représentations très ancrées entre filles et garçons. Spontanément, ils vont vers ce qu’ils connaissent. L’enjeu est d’attiser leur curiosité.» (Principal du Collège)

Le projet expérimental de réussite éducative ouvre un nouveau cadre de collaboration

«Précédemment je travaillais dans un autre établissement, les mêmes actions d’orientations préexistaient. J’ai découvert le rôle de la ville a posteriori.» C’est lors d’une rencontre récemment organisée dans le cadre de la réussite éducative sur Bellevue que le principal «a pris conscience que la ville était derrière». «Pour l’instant, on est pas allé vers la ville : le lien est encore direct avec les opérateurs. Avec la ville en pilote, c’est peut un moyen pour construire des projets de parcours plus cohérent. Jusqu’alors, on était sur une approche morcelée. Aujourd’hui, ça paraît plus clair.»

Selon le principal, il reste à construire le lien avec les enseignants car aujourd’hui le lien existe entre les directions d’établissement et la ville mais pas avec les enseignants : «En tant que direction, on est toujours prescripteur, ça ne vient pas du terrain. La dynamique existe mais il faut la porter.»

Une approche convergente sur la notion de parcours

Entre la DEJ et le collège, un même postulat s’énonce : l’orientation relève d’un processus à accompagner sur la durée. «Un projet se construit progressivement à partir de rencontres; en ce sens, la notion de parcours est essentielle» souligne le chef de projet insertion sociale et professionnelle des jeunes de la DEJ. Pour le collège également, une continuité de l’action est nécessaire.

«Les classes de 4e ont participé cette année à 3 événements (PÖG, Déclic métiers et festival métiers à l’affiche). Mais il n’y a pas en interne de réflexion globale sur les objectifs spécifiques de chaque action. La perspective est de travailler sur le long terme. Il y a un important travail à faire sur la notion de parcours, qui pour l’instant n’est pas fait. En ZEP, un temps non négligeable est consacré à la gestion de classe en plus de la pédagogie. Il reste peu de temps à consacrer à l’orientation avant la troisième. Il y a d’importantes marges de progrès sur la continuité.»

Un programme à consolider en partageant mieux les objectifs

«Il est nécessaire de mettre à plat les problématiques les attentes et les objectifs pour vérifier que les actions y répondent vraiment. On nous propose des choses, on y va. Mais la ville ne nous a pas consulté sur nos objectifs pour mettre en place les expérimentations »

Concernant la recherche de stage, la première étape consiste à «susciter une démarche autonome des élèves. Le problème, c’est qu’on est bien souvent sur des clichés (les filles s’intéressent à la santé, à l’enfance). En tant qu’enseignants on ne les incite pas à s’ouvrir sur de nouveaux possibles.»

Expérimenter en multipliant les formes

Dans le cadre de ses accompagnements individuels à la scolarité l’AFEV, s’est interrogé sur la manière de répondre aux questionnements de collégiens (4e et 3e) sur leur projet : «Comment trouver l’information ? Comment comprendre ce qu’est la réalité d’un métier ? Comment à partir d’un accompagnement classique répondre à des besoins spécifiques ?». Pour l’association, le projet expérimental a nourri le dispositif d’accompagnement : en 2011, le rapprochement avec «Un parrain en emploi» a permis de proposer à une quinzaine de collégiens de Debussy, accompagné par l’AFEV, l’organisation de rencontres individuelles avec des professionnels. «Selon leur attentes, les jeunes peuvent faire jusqu’à 3 rencontres, cette possibilité vient compléter l’éventail.»

«On a besoin d’être inventif», affirme le principal du collège. «Je reste dubitative quant à la “rentabilité” des actions classiques de type forum. C’est beaucoup d’investissement pour peu de résultats à même de faire bouger les lignes.»

Thierry Pifteau
Chef de projet Insertion sociale et professionnelle des jeunes à la mairie de Nantes