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Diagnostic et remédiation en lecture

Comment diagnostiquer les difficultés de lecture que rencontre un élève ? Comment y remédier ? Cet ouvrage est un ensemble de références théoriques, de conseils pédagogiques, de tests et d’activités de remédiation préparant le jeune enfant à l’apprentissage et au perfectionnement de la lecture. Il contient quatre parties.

La première partie du livre est un rappel théorique des stades de l’apprentissage de la lecture.

La deuxième partie de l’ouvrage contient 24 tests permettant de diagnostiquer la nature des difficultés de l’élève. L’enfant, perçoit-il les différentes unités sonores de l’oral ? Comprend-t-il le lien entre la chaine de l’oral et la chaine de l’écrit ? Connait-il les spécificités de l’écrit ? Comprend-t-il le système alphabétique ? Distingue-t-il dans une unité lexicale un bloc de lettres ayant une correspondance sonore connue ? Lit-il un mot en voie directe ? Utilise-t-il des stratégies pluriprocédurales de lecture ?

En fonction des réponses du jeune apprenant à ces tests et ces questions, des activités de remédiation sont proposées. Telle est la trame de la troisième partie de l’ouvrage. Celle-ci comporte 69 activités de remédiation. Pour percevoir les différentes unités sonores de l’oral, par exemple, l’enfant doit pouvoir acquérir cinq compétences clés. Chaque compétence est expliquée avec clarté et concision dans un paragraphe encadré en pointillé. Le diagnostic de sa difficulté est présenté dans un autre encadré et des activités de remédiation l’accompagnent. Le lecteur navigue ainsi de compétence en compétence, découvrant de nouveaux exercices et activités de remédiation permettant d’ouvrir le chemin de la lecture à d’autres.

La quatrième partie de l’ouvrage présente un riche matériel pouvant être aisément photocopié, découpé et travaillé.

Prenons l’exemple suivant : l’enfant, connait-il les spécificités de l’écrit ? Six compétences clés sont présentées, dont « la connaissance du nom des lettres de l’alphabet ». Selon une recherche menée récemment auprès de soixante-quatorze enfants, « la connaissance du nom des lettres règle les comportements d’écriture précoce et influence l’apprentissage implicite des relations lettre-phonème ainsi que le développement de la sensibilité phonémique. Parce qu’il fournit une identité phonologique aux lettres, le nom des lettres favorise la manipulation et la conceptualisation de l’écriture alphabétique[[Biot-Chevrier, Catherine, Ecalle, Jean & Magnan, Annie. « Pourquoi la connaissance du nom des lettres est-elle si importante dans l’apprentissage de la langue écrite ? » Revue française de pédagogie, n° 162, 2008.]]. Néanmoins, les enseignants ont souvent « l’impression que les enfants retiennent difficilement ce qu’ils ont appris et oublient les définitions, les concepts, les démarches, etc. d’une séance à l’autre » (page 61). Pour aider les enfants à retenir le nom des lettres de l’alphabet, Pascale Bézu-Debs propose des activités qui prennent en compte la particularité du nom : « pour B on dit bé, pour K, ka, pour S, ès, Z, zed, etc. » (page 62) et d’autres activités ludiques qui motiveront l’enfant à mémoriser le nom des lettres et l’entraineront à les nommer.

« Comprendre le vocabulaire spécifique de l’enseignement de la lecture est une des six autres compétences présentées pour faire connaitre les spécificités de l’écrit à l’enfant. Il n’existe pas d’activité de remédiation particulière : le vocabulaire s’acquiert en cours d’apprentissage » (page 60). Pascale Bézu-Debs rappelle cependant que « plusieurs études ont montré une relation entre la compréhension qu’ont les enfants des concepts linguistiques et leurs résultats en lecture. Certains enfants sont mis en difficultés uniquement parce qu’ils ne maitrisent pas ce vocabulaire spécifique. Le test 8 devrait être utilisé systématiquement en début de CP » (page 61).

Donnons cet autre exemple : l’enfant utilise-t-il des stratégies pluriprocédurales de lecture ? Trois compétences sont présentées, dont la « maitrise de ses stratégies de lecture ». Des conseils et des activités pédagogiques les accompagnent. L’auteure raconte sa propre expérience : « Alix, en CE1, à l’issue de cette activité, a été très surprise de s’apercevoir qu’elle lisait certains mots plus rapidement et facilement que d’autres. Assez mal à l’aise en lecture, cette simple découverte lui a donné de grands espoirs… Lire n’est pas toujours si difficile ! » (page 89)

Forte de sa riche expérience de professeure des écoles, de maitre formateur puis conseillère pédagogique, aujourd’hui docteure en sciences de l’éducation et enseignante à l’IUFM, Pascale Bézu-Debs fait le pari d’affronter les difficultés de lecture de l’élève, sans préjugé. La difficulté de la lecture est considérée comme étant naturelle et totalement remédiable. Sous cette apparence simple, il y a une méthode qui part du général et parvient au particulier. Elle génère un outil de travail qui ouvre de nombreuses perspectives à la pédagogie de la lecture.

Les propositions de travail de cet ouvrage sont l’occasion de se demander ce qu’il en est aujourd’hui de la place accordée à l’activité d’écrire. Si l’écriture n’est pas toujours très institutionnalisée, serait-elle une activité spontanée chez l’enfant ayant des difficultés à lire ? N’est-elle pas un instrument de vie et la compagne de route de plus d’un de ces petits élèves qui découvrent les mots en les prenant entre leurs mains ?

Mélanie Hamm