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De la vie scolaire à la vie de l’élève

Cet ouvrage fait appel pour « traiter le phénomène de l’irruption de l’élève dans la tradition scolaire » à des contributeurs éclectiques et compétents. Il débute par une longue introduction, détaillant les enjeux de la publication : « La vie scolaire, devient le véritable lieu d’émergence de l’élève. »
La partie initiale, « mise en perspective », adopte une démarche d’investigation historique qui permet d’apprécier l’actualité des questions posées dès le début du xxe siècle : influences internationales, choix et traditions spécifiquement nationaux : les professeurs n’étant pas chargés de l’éducation, émergence professionnelle des personnels éducatifs marquée par les enjeux catégoriels, leur recherche de légitimité, leur formation en quête de références…
La partie médiane « vie scolaire », multiplie les angles d’analyse sur les fonctionnements dont la vie scolaire et les CPE sont porteurs : trois éclairages théoriques essentiels définissent rôles (médiateur, passeur, garant), modèles, tensions (éducation, pédagogie), espaces, rapport à la loi. Puis, trois échos du quotidien témoignent des possibilités offertes par la recherche, la formation, l’engagement militant ; violences des jeunes et incohérences des adultes ne sont pas inéluctables : les ponts et liens sont fréquents, utiles, nécessaires, à condition de « travailler ensemble » dans le respect des rôles de chacun.
« La vie de l’élève » occupe les pages centrales, analysée sous l’angle de l’existence juridique ; ce parti pris met en évidence les recompositions du paysage éducatif liées aux « jeunes majeurs », les principes laïcs et démocratiques des textes s’appliquant à la fois aux élèves et à ceux qui les encadrent. Mais il laisse en suspens des questions cruciales : absentéisme et travail des jeunes, usages de l’Internet, dépendances…
La dernière partie, intitulée « ouvertures », débouche sur un vaste ensemble de questions : le modèle de l’intelligence collective est-il compatible avec la représentation de zones de pouvoir hiérarchiques ? Quelles modalités pertinentes d’inspection envisager, où les temps seraient traités avec la même minutie que les espaces ?
La pratique des audits participatifs, ou la cohérence de leadership apportée par l’élaboration d’un projet de service vie scolaire, sont-elles des réponses institutionnelles compatibles avec l’unification des évaluations européennes ?
L’ouverture à l’autre, réaffirmée en conclusion, souligne la solitude d’adultes, engagés dans l’écoute et l’accompagnement des jeunes les plus en souffrance, signant ainsi leur appartenance à la « tribu des veilleurs ».
On regrettera ici ou là quelques néologismes et pataqués (les répétiteurs « martyrologues »(sic) de l’université, crise de l’« adultité »), des maladresses (présence insuffisante des Cop), des généralisations hâtives (« l’absentéisme est la plaie qui gangrène peu à peu toute l’école »).
De même, aurait-on pu tirer meilleur profit d’une harmonisation plus grande entre les contributions, ou pour le moins d’un pointage de certaines dissonnances, marquant une visée d’ensemble plus nette. Certaines questions auraient pu être plus approfondies, notamment celles qui ont trait à la violence ou au risque de coupure entre la jeunesse et l’institution.
Cette publication, antérieure aux textes relatifs au « socle commun », peut nourrir malgré ces quelques réserves, aussi bien la réflexion des étudiants d’IUFM que celle de tous ceux qui sont associés par fonction la vie scolaire.

Anne-Marie Gioux


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