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Conserver oui, mais Freinet

À l’heure où l’on célèbre les 50 ans de la mort de Célestin Freinet qui transforma l’école et nourrit toujours le projet de l’éducation nouvelle, les candidats à la primaire de la droite française donnent à voir et entendre des programmes en matière de politique éducative d’un conservatisme consternant. Ils remettent en scène de vieilles recettes dont on sait qu’elles ne fonctionnent plus pour l’enseignement massifié, incapables d’assurer la réussite de tous et ne sachant que reproduire les élites.

Outre-Atlantique, Donald Trump a la possibilité de mettre en œuvre son programme pour l’éducation, qui comprend un système local remettant en cause le ­Common Core dont l’ambition était d’harmoniser les enseignements à l’échelle du pays, abandonnant ainsi toute idée de socle commun éducatif pour les élèves âgés de moins de 12 ans. Il engagera le ­School Choice qui entraine la fin d’un service public d’éducation en le soumettant à la seule loi du marché. Trump soutient la compétition entre les élèves au sein de l’école en affirmant que cela les rend « plus forts ». Ces mesures s’accompagnent de coupes budgétaires qui se traduiront par la disparition de 300 000 postes d’enseignants.

En France, les propositions du Front National et de certains candidats de la droite la plus conservatrice conduiraient aussi à une incroyable saignée pour les écoles publiques. Dans les deux pays, c’est la porte ouverte au libre financement par l’État des écoles religieuses privées et des écoles à but lucratif. Côté enseignants, Trump, comme Marine Le Pen, a mis la rémunération au mérite en tête de ses priorités. Ils soutiennent ce choix largement controversé qui base une partie du salaire d’un enseignant sur les résultats de ses élèves. Des deux côtés de l’Atlantique, ces visions limitées et nocives représentent clairement un danger majeur pour l’avenir des jeunes scolarisés, et des plus vulnérables d’entre eux en particulier.

Espérons alors que nos futurs dirigeants n’iront pas puiser leurs projets dans ces marmites ultralibérales et démagogiques bien loin de l’école émancipatrice, des classes coopératives et de l’école du peuple, chers à Freinet.

Pierric Bergeron