Mars-avril 1983. ZZ Top atteint le sommet : « You look like who you say you are ; So scoot over let me drive your car ; Roll down the glass and give me some wind. » Ah ! S’il suffisait de baisser la vitre de la Cadillac pour que la liberté permette à chacun de s’émanciper !
Le rapprochement avec l’actualité est un peu tiré par les cheveux. Pourtant, les mots de liberté et d’émancipation sont bien au cœur des débats sur l’école, en ce printemps 83 où le débat sur le projet d’un « grand service public de l’éducation » bat son plein. Les Cahiers pédagogiques ont choisi, comme toujours, d’aborder la question avec engagement et distance. « Pluraliste ? privé ? décentralisé ? », tel est le titre du dossier du mois dont l’avant-propos, signé Cécile Delannoy, expose un choix éditorial très proche de celui du dossier que le lecteur a aujourd’hui entre les mains : « Notre problème de fond dans ce dossier n’est pas “faut-il intégrer ou non le privé dans le public ?”, même si certains d’entre nous choisissent nettement de commencer par là, tandis que pour d’autres, le privé ne survivant que pour satisfaire les demandes auxquelles le public ne répond pas, il faut d’abord réformer le public. Notre problème majeur c’est “comment réformer le public en y intégrant le droit à l’innovation décentralisée, donc le droit à la différence”. » L’article dont nous reproduisons ici de larges extraits illustre bien cette position ambivalente qui est le fondement de l’école républicaine : entre l’enthousiasme pour des projets pédagogiques porteurs de liberté individuelle, l’inquiétude sur la rupture de l’équité entre les élèves, les familles, les territoires, porteuse d’un projet d’égalité, et l’engagement dans tout ce qui construit de la solidarité sociale, et, disons-le, de la fraternité.