Nos deux compères, Baudelot et Establet récidivent. Vingt après « le niveau monte », les voilà qui analysent avec beaucoup de finesse la seconde partie de leur constat d’alors : « mais les écarts se creusent », et cela à la lumière des enquêtes Pisa.
Et dans un style alerte, mais appuyé sur une très solide documentation, les auteurs font un constat assez accablant pour l’école française, bien plus élitiste qu’on ne le croirait. Championne en matière de redoublements, reproduisant, voire amplifiant les inégalités sociales, notre école n’obtient en même temps que des résultats médiocres.
Certes, il faut relativiser les palmarès et de toute façon, se dire que les écarts entre les pays riches restent modestes, ce qui fait dire à Baudelot et Establet que « en France, comme dans les autres pays de l’OCDE, le développement économique et la hausse du niveau scolaire ont constitué depuis un siècle un cercle vertueux ».
N’empêche que notre système éducatif pourrait faire mieux s’il se débarrassait un peu plus de ses tendances à l’élitisme et à la peur de l’hétérogénéité.
L’important n’est pas le résultat global. Les meilleurs élèves sont bien classés, mais les 25 % les plus en difficulté le sont davantage que dans bien d’autres pays.
Un ouvrage en fin de compte optimiste, puisqu’il nous annonce quelques bonnes nouvelles, résumées dans des titres de chapitre révélateurs : « égalité, efficacité : même combat », « moins une société est inégale, meilleure est son école » « les enfants d’immigrés ne font pas baisser le niveau ».
Un important petit livre, véritable outil de travail pour tous ceux qui croient en la démocratisation et qui veulent en convaincre le plus grand nombre.
Jean-Michel Zakhartchouk