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Brouillage

Depuis fin janvier, le mot réforme est apparu à propos des changements annoncés pour le collège ; groupes de niveau et redoublement en tête. Petit à petit, on réalise donc que c’est une réforme d’ampleur qui se met en place, sans avoir été présentée comme telle par Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, qui avait égrené des mesures affichées comme étant simplement de bon sens.

Le déclic aura sans doute été le rapport du Conseil supérieur des programmes, paru justement fin janvier, et qui, tout en confortant les annonces de l’ex-ministre, va nettement plus loin, dessinant ce qui ressemble à la fin du collège unique et un retour au « petit lycée ». A-t-il ainsi révélé le projet caché du gouvernement pour l’école ?

Difficile de départager entre celles et ceux qui prêtent au gouvernement un projet cohérent de destruction de l’école publique en marche depuis sept ans mais à couvert, et celles et ceux qui n’identifient que des « coups de comm » dictés par la nécessité de plaire à l’opinion publique, de marquer les esprits, de donner l’impression d’agir.

D’autant plus difficile qu’on ne sait même plus qui dirige le ministère de l’Éducation nationale, entre une ministre empêtrée dans les mensonges et les polémiques, un Premier ministre qui assurait lors de sa nomination à ce poste qu’il emmenait avec lui « la cause de l’école », un président de la République qui a fait de l’éducation son « domaine réservé », voire sa femme, dont il se murmure que rien de ce qui se passe dans ce ministère ne l’indiffère. Ou peut-être quelqu’un d’autre d’ici à ce que vous lisiez cet édito ?

Faut-il suivre Michel Rocard, qui recommandait de « toujours privilégier l’hypothèse de la connerie à celle du complot », parce que « la connerie est courante » alors que « le complot exige un esprit rare ? » À moins que ce ne soit les deux, une conception élitiste et séparatiste de l’école qui s’exprime par à-coups de « comm » sans pour autant qu’il y ait un « plan » construit de longue date, mais plutôt un impensé, un vague horizon…
Quoi qu’il en soit, les temps sont douloureux !

Cécile Blanchard

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