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Avec le Rased
Suite à mes recherches, j’ai expérimenté des méthodes, des astuces pour aider les élèves à être plus attentifs. Je liste ci-dessous les différentes pistes explorées afin d’aider les élèves à développer leur attention.
Observer les capacités d’attention de l’élève, dès le début de l’aide
Ce qui est intéressant quand je commence à aider un élève, c’est de l’observer dans différents contextes : en classe, en échanges collectifs, en individuel, en petit groupe lors du travail en Rased, dans des situations plus ludiques, etc. Cela me permet de voir si cet élève a des soucis d’attention de manière générale (et, dans ce cas, cela vaut la peine d’avoir l’avis de la psychologue scolaire), ou si l’élève montre, dans certains contextes, une capacité d’attention. Cela me permet d’orienter mon aide de manière plus précise.
Favoriser l’attention de l’élève
- Autoriser l’élève à bouger
Certains élèves se concentrent tellement sur le fait de « rester bien assis, sans bouger » et d’avoir une « bonne posture » qu’ils n’arrivent pas à focaliser leur attention sur la tâche à faire. J’autorise par conséquent ces élèves à bouger. Un enfant m’a même dit : « Depuis que je peux bouger mes jambes sur l’élastique, j’arrive mieux à faire travailler ma tête ! »
Dans une réflexion commune avec l’enseignant et l’élève, on peut alors explorer différentes pistes pour voir ce qui peut aider ou pas : manipuler des petits objets, être sur un coussin à picots ou sur un gros ballon, mettre une chambre à air sur les pieds de sa chaise, etc.
- Donner du sens aux apprentissages
Pour une grande partie des élèves, le manque d’attention est étroitement lié à une incompréhension des objectifs d’apprentissage : il est difficile d’être attentif quand on ne met pas de sens sur ce qu’on fait, quand on ne saisit pas ce à quoi on doit être attentif. Un travail de verbalisation est alors à développer, aussi bien au sein de la classe qu’en groupe Rased.
Par exemple, je questionne l’élève (ou lui donne un outil écrit) avec les questions suivantes : « Qu’est-ce que je vais apprendre ? », « pourquoi est-ce que j’apprends ça ? », « est-ce que ça me fait penser à un autre travail qu’on a fait ? », « comment est-ce que je vais m’y prendre ? »
Ce développement d’une attitude métacognitive va impliquer davantage l’élève et lui permettre de maintenir plus facilement son attention à la tâche.
- Aider l’élève à s’organiser
Une partie des élèves que j’aide sont aussi en difficulté d’attention, car ils n’arrivent pas à partager leur attention. Ils ont peu d’automatisation, et par conséquent sont sans cesse en surcharge. Pour ces élèves, un travail d’aide à la planification est utile : je découpe avec l’élève la tâche en plusieurs étapes pour alléger la charge cognitive.
J’utilise par exemple des petits Post-it où j’écris : le but de l’exercice, ce qu’il est en train d’apprendre (« j’apprends à faire une multiplication posée ») ; les étapes de son travail, que je détaille avec lui (« je commence par les unités », « si je ne connais pas le résultat, je m’aide de mes tables »).
Le fait d’avoir une intention précise et un découpage en petits objectifs à atteindre aide souvent les élèves à ne pas décrocher de la tâche.
Entrainer l’attention
- Des entrainements décrochés
Pour les élèves qui ont vraiment de la difficulté à maintenir leur attention, même dans des activités ludiques, j’entraine leur attention par des exercices, des jeux ritualisés : des jeux d’écoute (« essaie d’écouter tous les sons pendant une minute ») ; des jeux de société qui travaillent l’observation, l’inhibition (comme Bazar bizarre ou Pippo) ; des exercices de respiration, des automassages, des petits étirements, etc.
Ce travail sur des temps courts permet de développer une prise de conscience de ce que l’élève ressent lorsqu’il se sent attentif, afin qu’il transfère peu à peu ces capacités lors des activités scolaires.
- Développer des habitudes pour maintenir l’attention
Les élèves que j’aide ont souvent tendance à être en mode automatique (le mode « marionnette » décrit dans le dispositif Atole (Attentif à l’école)). J’ai ainsi cherché des pistes pour aider ces élèves à inhiber leur impulsivité.
Un élève n’arrivait pas à prendre conscience de ses moments de décrochage : j’ai mis en place pour lui une carte avec un panneau de la route « Attention ! ». Dans un premier temps, quand il décrochait, c’est son enseignante ou moi qui pointions cette carte devant lui.
Un élève passait sans cesse d’un sujet à l’autre, attiré par tous les stimulus extérieurs : j’ai travaillé avec lui l’habitude de faire trois respirations avant de se lancer dans une tâche. Il arrive même maintenant à le verbaliser : « Regarde Julie, je respire d’abord. » Il a également pris l’habitude, quand il sent qu’il sort du travail, de se faire des petits massages du visage, avant de mobiliser de nouveau son attention.
Pour un troisième élève, nous avons choisi l’image de la « cabane de l’attention » : quand il sent qu’il va avoir besoin d’une attention soutenue, il crée une sorte de cabane avec ses mains autour de son visage pour s’isoler des distractions externes.
- Matérialiser les capacités d’attention de l’élève
Pour aider les élèves à comprendre comment fonctionne leur attention, j’ai mis en place des outils concrets et accessibles pour eux.
– Faire un tableau avec l’élève : « ce qui m’aide à être attentif », « ce qui m’empêche d’être attentif », « comment je me sens quand je suis attentif », « comment je sens que je perds mon attention ».
– Chronométrer, sur une matinée, les temps où l’élève arrive à être attentif : cela lui permet de voir concrètement ses capacités d’attention et ses progrès au fur et à mesure des semaines.
– Instaurer des codes couleurs pour symboliser les niveaux d’attention nécessaires à une tâche : une carte rouge si l’exercice nécessite beaucoup d’attention, une carte orange ou verte si la tâche requiert moins d’attention. L’élève place un jeton sur la bonne carte avant un exercice, ce qui va l’aider à se mobiliser de manière adéquate.
– Proposer une carte avec le mot « pause » (ou un dessin), que l’élève peut sortir quand il sent qu’il a besoin d’un temps pour se recentrer, avant de revenir à sa tâche.
Julie Horvath
Enseignante en Rased (aide à dominante pédagogique) en REP+, dans des écoles de Villefranche-sur-Saône (69)