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Atelier : Le métier d’enseignant
Cet atelier devait élaborer des propositions concernant le métier et la formation au métier. Nous présentons ici le travail effectué sur le premier point débouchant sur une proposition intégrée par le CRAP.
Un premier temps était un travail en sous-groupes avec pour consigne de formuler une proposition visant à transformer le métier d’enseignant. Chaque proposition était ensuite discutée par le groupe.
1. Instituer dès aujourd’hui dans le secondaire la possibilité d’un service différent , du type 16 plus 4 (concertation, tutorat…), les « 4 » devant obligatoirement inclure du travail en équipe (projets communs, interdisciplinarité, pas seulement concertation). Donner des facilités à ce travail en équipe dans les établissements (emplois du temps…). 2. Revoir le cahier des charges du professeur principal afin qu’il soit clair (heures de vie de classe, PPRE en collège …). Priorité à ceux qui veulent un service 16 + 4 pour être prof principal en incluant certaines tâches dans ces 4 h. 3. Donner un volant d’heures aux établissements dans le secondaire pour les utiliser au service des projets , y compris en expérimentant de nouveaux horaires-cours de 45 minutes par ex ou des séances à deux dans la même classe. 4. Privilégier pour les années sabbatiques ou les congés formation les projets utiles au collectif et plus généralement accorder des priorités de moyens horaires à des recherches-action par exemple. 5. Revoir globalement les décharges horaires, mais à moyens constants, sans récupérer d’heures, en regardant les « besoins nouveaux » — TIC, aide à la documentation, etc. 6. Donner des compensations en temps, et non obligatoirement en argent à ceux qui font de l’aide aux élèves, qui s’investissent dans des projets particuliers, type ateliers culturels, dispositifs de lutte contre le décrochage,etc. Mettre en place un compte épargne temps. Les primes ZEP sont transformées progressivement en heures de décharge pour ceux qui s’impliquent dans des projets. 7. Recréer un CNIRS (conseil de l’innovation), afin de diffuser les innovations et les « bonnes pratiques » et ne pas laisser chaque rectorat n’en faire qu’à sa tête sur l’innovation :il faut que la diffusion soit nationale et internationale, et couplée avec la recherche. 8. Créer à l’intérieur des établissements des postes de responsabilités, liés au Conseil pédagogique (instance intéressante à garder et développer), par exemple correspondant formation. 9. Ouvrir davantage de postes à profil pour favoriser la constitution d’équipes volontaires dans des établissements difficiles. Recourir le moins possible à la dispersion d’enseignants d’un établissement à l’autre pour compléter leur service. 10. Admettre une certaine bivalence, mais uniquement s’il y a eu volontariat et formation conséquente. |
Une bonne partie des débats a porté sur le contenu du service des enseignants et en corollaire, sur la façon de compter le temps de service dans le second degré. Un accord se dégageait sur la nécessité de concevoir le métier non seulement en terme de cours à faire, mais aussi d’accompagnement, de relation avec les familles, de travail en équipe…Le métier doit être défini en fonction de ce qui fait progresser les élèves ; en particulier le travail en équipe doit être au centre de l’exercice professionnel, car on ne peut « fragmenter » l’élève. Les divergences portaient plutôt sur les stratégies pour refonder le métier :
– certains participants proposaient qu’on permette aux enseignants de choisir entre un service « classique » de 18 h comme actuellement et un service type « 16+4 » (les chiffres cités n’étant qu’une indication) annualisé, avec possibilité de changer suivant les années. Leurs arguments principaux étaient de donner de la souplesse au système et aux acteurs ; de plus notre conception du métier n’est pas partagée par tous et l’imposer de force échouerait sûrement ; une telle proposition permettrait d’avancer en un premier temps.
– D’autres objectaient que la conception du métier ne peux pas être un choix individuel mais un choix collectif, à faire en fonction de ce qu’on attend du service public d’éducation, de l’intérêt des élèves, que si par exemple on veut mettre le travail d’équipe et les projets au centre de la pratique, il faut obligatoirement une organisation horaire pour cela et qu’elle ne peut être librement choisie.
Peut-être ne s’agit-il en fait que d’un désaccord sur la façon d’aboutir à un objectif qui semble partagé.
Remarquons que si le métier doit changer pour inclure tout ce qui est projet, équipe, accompagnement, c’est valable pour le primaire comme pour le secondaire. Certains participants ont regretté que les transformations nécessaires dans le premier degré n’aient pas été suffisamment prises en compte, mais il faut dire que c’est le second degré qui est actuellement au cœur du débat public dans lequel nous voulons peser et que c’est là qu’il y a urgence à repenser le métier.
L’innovation a été l’autre sujet abordé : elle ne doit être ni un « supplément d’âme », ni une injonction. L’école a besoin de modifications qualitatives.Il faut partir de celles qui se font dans les classe, analyser et mettre en cohérence toutes ces pratiques innovantes : à partir de cela, on pourra faire changer le métier d’enseignant. Il faudrait recréer un CNIRS dont ce serait le rôle. Actuellement, malgré les cellules de pilotage rectorales, il y a un éclatement des pratiques que la liberté d’expérimentation inscrite dans la loi Fillon ne fait que renforcer. Cependant, on rappelle que la transposition des innovations pose problème (ce qui réussit dans un cadre donné ne réussit pas forcément dans un autre contexte — mais ce pourrait être aussi un sujet d’études — et quelques participants expriment une réticence de fond : créer une institution chargée de promouvoir l’innovation, cela suppose qu’il y a de « bonnes pratiques », donc un risque de dérive autoritaire, et d’ailleurs, est-ce au ministère de diffuser l’innovation ?
Instituer dans le secondaire la possibilité d’un service différent afin de favoriser le travail en équipe. |