Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !

Atelier CAREP (Centre Académique de Ressources pour l’Education Prioritaire de Reims)

logo_IDF-2.jpg

Dans quelle mesure, selon quelles modalités, par quels moyens les dispositifs de l’éducation prioritaire favorisent-ils l’égalité des chances ? Témoignage d’actions menées par le CAREP de Reims et par les clubs Coup de pouce ?

Quelle est la question ?

L’intitulé le dit : l’éducation prioritaire est un dispositif, ce n’est en soit qu’un outil, un principe d’organisation et de fonctionnement proposé ; comme n’importe quel instrument il n’a pas d’efficacité intrinsèque ; il peut même parfois être contre-productif (effet de stigmatisation des écoles et établissement, effet d’attente négative des enseignants etc.) ; les rapports de l’IG (rapport Moisan Simon et Gille Armand) l’ont tous les deux, de manières différentes, démontré.
Rappelons tout de même que cette charpente proposée par le dispositif éducation prioritaire repose sur trois piliers : territoire / partenariat/ projet.

Reprendre ces trois termes, les expliciter, dire ce qu’ils sous-entendent comme analyse et principes d’actions :

Territoire : l’échec scolaire dont il est question est socialement déterminé et renforcé par l’effet ghetto et la non-mixité sociale dans les quartiers et structures scolaires.
Question : la mixité sociale rétablie suffirait-elle à éliminer le problème ?

Partenariat : l’école ne peut seule résoudre le problème posé par l’échec scolaire, elle doit travailler avec ses partenaires pour :

  • se consacrer à ce qui est son objet : l’apprentissage et ne pas vouloir tout faire (l’enseignant ne doit pas être l’éducateur, l’assistant social, l’infirmier, l’animateur socioculturel etc.).
  • et parce que l’école n’est pas (ou ne doit pas) être l’unique lieu d’apprentissage qui doit être initié et poursuivi dans d’autres lieux, d’autres manières.

Projet : pour être efficace l’action de l’école doit être ciblée sur des diagnostics et des objectifs qui sont cohérents de la maternelle au collège.

Pour autant le dispositif ne dit pas autour de quels objets doivent se fonder la cohérence pédagogique et éducative, le partenariat, ni ce qui est véritablement en jeu dans la transformation de l’inégalité sociale en difficultés scolaires.

Et c’est là que tout se joue…

La question est : quelles hypothèses explicatives faisons-nous des processus en œuvre dans la transformation d’inégalités sociales en difficultés scolaires ? Et quelles actions mettons-nous en place ?
C’est tout l’objet du travail d’un CAREP : apporter si possible une contribution utile aux équipes sur le terrain pour faire fonctionner le dispositif de l’éducation prioritaire sur les bons objets.

Approche historique des hypothèses retenues, quelles orientations actuelles de la politique du ministère ?

– Les thèses du handicap socioculturel que nous avons du mal à dépasser.
– Les orientations actuelles : promouvoir la réussite individuelle (bourse, choix du lycée pour les meilleurs etc..), travailler sur l’individu et sa famille (réussite éducative, PPRE, les 2h de soutien du primaire) qui ont du mal à s’articuler avec l’approche collective de l’éducation prioritaire qui sous-entend que ce n’est pas un individu qui est en cause mais une interaction qui se fait entre l’école et ses exigences et des groupes sociaux qui ont leurs caractéristiques.
L’éducation prioritaire va donc chercher à mettre en œuvre des actions, des évolutions des changements de pratiques qui vont intéresser des équipes pour créer une dynamique collective de réussite.

Il y a donc des tensions fortes au sein de l’éducation prioritaire :

  • Projet éducatif partenariale d’ensemble / recentrage sur les apprentissages
  • Et aujourd’hui plus qu’hier : approche individuelle / collective

Quelles actions du CAREP de Reims face à ces problématiques complexes ?

– Faire connaître les travaux des recherches et les diffuser : permettre aussi que ces travaux éclairent les réussites, alimentent les projets des réseaux (sciences de l’éducation/sociologie).
– Participer à la mise en place de complémentarité des dispositifs école/ hors l’école autour de la prise en charge du travail personnel de l’élève : formation des accompagnateurs à la scolarité, aide à la mise en place de partenariat de territoire (Cf. Wilson), suivi et évaluation du dispositif Coup de pouce.
– Aider à l’évaluation de dispositifs d’aide dans le collège pour favoriser l’évolution des dispositifs de soutien et d’accompagnement dans le collège.
– Aider à l’évaluation des réseaux par l’élaboration de tableau de bord et aide à leur interprétation.
– Faire connaître les dispositifs d’évaluation positive des élèves (Cf. Anne Frank), les modalités d’organisation pédagogique avec les personnels en supplément : profs référents, assistants pédagogiques, valoriser les façons nouvelles de travailler.

Les objectifs poursuivis par ces différentes actions sont :
– centrer la réflexion des acteurs sur l’apprentissage et la compréhension de ce qui se passe entre les élèves, leurs familles et l’école. Aider les enseignants à faire évoluer leurs pratiques pour s’adapter aux caractéristiques de leurs élèves, pour les persuader que leur marge de manœuvre et leur influence sur la réussite existe et qu’elle concerne les apprentissages collectifs autant que les façons d’aider ou de prévenir les difficultés,
– élaborer des complémentarités école hors l’école sur le terrain du savoir et des apprentissages,
– diffuser et de mutualiser,
– donner des pistes d’évaluation.


Action financée par la Région Île-de-France
logo_IDF-2.jpg