C’est la Maison familiale rurale « Le Cèdre », à Saint-Barthélémy-d’Anjou (49124) près d’Angers, qui nous recevait cette année, lors de cette nouvelle version des Rencontres d’été du CRAP-Cahiers pédagogiques. Pour "construire l’École de tous et de chacun". Oh, modestement. A la manière de ceux déposent chaque jour une petite pierre de retour de promenade. Mais sûrement. Et avec détermination.
Quelques temps forts ?
La rencontre, ou plutôt les retrouvailles avec Philippe Goémé et Marie-Anne Hugon.
Marie-Anne Hugon et Philippe Goémé sont bien connus du CRAP et du site des Cahiers pédagogiques. A l’occasion de la sortie de leur livre "Le décrochage scolaire", écrit avec Philippe Taburet disparu il y a quelques mois, nous les avions interrogés tous les trois, sur leur parcours, sur le travail en équipe. Michèle Amiel avait fait de cet ouvrage une recension. Une réunion avait eu lieu au CRDP de Paris également. Ils sont revenus nous parler des décrocheurs et de ce que l’on peut.
Le cercle vicieux. Le malaise. Regardé comme un animal qui fait peur. Le manque d’échanges. Marcher sans marcher tout en marchant. Un casier scolaire difficile.
Les expressions sont fortes. Dérangeantes. Elles tombent comme des couperets, de la bouche d’élèves identifiés décrocheurs, dans des vidéos marquantes. Le décrochage, insidieux, puis lancinant. Destructeur enfin. Tout bascule. Pas eu... pas eu le brevet, le bac, le courage de se lever le matin.
Dans la salle, les enseignants réagissent. Ces élèves devenus violents, ou étant en classe sans y être, ces élèves sages en classe qui n’écoutent pas, ils les connaissent bien. Trop bien. Dès le primaire. Ces chaises déjà presque vides...
Le nombre de décrocheurs est moins important qu’en 1980, c’est la bonne nouvelle. Mais la mauvaise nouvelle le risque d’exclusion est bien plus grand.
Ces enfants sont un miroir, une loupe, qui nous révèlent nos pratiques. Les paroles des enseignants un destin qui s’imprime : "Je ne suis pas capable. Je ne suis pas capable."
Parents désemparés. Enfants désemparentés.
Et lorsque l’école se met à externaliser la difficulté, parce que l’école ne peut pas, ne se sent plus, l’enfant se met à être hors jeu.
Les enfants en risque sont sensibles à la qualité de l’ordre scolaire à différents niveaux : l’enseignement lui-même, l’organisation de la classe, le climat de l’école. Reste à donner à l’enfant un cadre sécurisant.
La forme scolaire fabrique le décrochage : la pression pour la performance, la hiérarchie des disciplines, la non prise en compte des rythmes d’apprentissage différents, etc. Une solution : le travail collectif en étant attentif à chacun.
Les élèves se protègent : ils deviennent très forts pour cacher qu’ils se protègent. Difficile de les repérer, en particulier en primaire.
Le challenge, c’est que les élèves se sentent à leur place, aient leur place à l’école. Le coeur, c’est le projet.
Les structures contre le décrochage sont des aides précieuses pour mieux comprendre un phénomène, amener à réfléchir et faire bouger tout le système scolaire.
Merci à Marie-Hugon et Philippe Goémé pour leur simplicité lors de cette intervention pourtant brillante...
La présentation des Maisons familiales rurales
500 maisons familliales rurales en France. Autant à l’étranger. 74 établissements sur les pays de la Loire. Deux jeunes sur trois qui continuent leur cursus, trois jeunes sur quatre qui s’insèrent directement suite à leur formation. L’approche des jeunes et des familles se situe d’abord sur de l’éducatif. La personne, le jeune donc, est pris en compte, notamment à travers le projet de formation, mais pas seulement, et est pris en charge par une équipe qui balaie tous les champs. Un travail avec le Burkina Faso est mené dans le département.
Le mardi 20 aout à 14h, un café sympathique nous a été offert en même temps qu’une information sur les Maisons familiales qui ont animé les participants des Rencontres. Il semble qu’ils se retrouvent bien dans l’esprit et la manière de travailler des formateurs et moniteurs des MFR...
Thierry Gallard, directeur régional des MFR nous a parlé de la pédagogie des maisons familiales rurales. Pascal Pinon, directeur départemental, a présenté l’action des MFR dans le Maine et Loire. Ont suivi les interventions de la directrice de la MFR “La saillerie” et du directeur de la MFR “Le Cèdre” dans laquelle nous avons été reçus admirablement bien toute la semaine.
Vous pouvez retrouver une interview de Patrick Guès responsable du service communication à l’Union nationale des Maisons familiales rurales, et de Christophe Bernard formateur aux MFR, sur notre site.
Pour terminer, une photo en forme de sourire, à l’image de ces Rencontres chaleureuses qui ont permis à tous de réfléchir, préparer, discuter, projeter.
Cathy Marret et Jacques Tenier, vous organisez les Rencontres du CRAP depuis plusieurs années. Pourquoi y vient-on, mais surtout pourquoi y revient-on ?
La première fois, c’est par curiosité : « Tiens, j’irais bien là pour terminer les vacances, c’est pas trop loin et ça peut être amusant avant la rentrée » ; ou par intérêt ou besoin : « Bon, je vais avoir des problèmes à la rentrée avec… ; j’ai lu un truc pour ça dans les ’Cahiers Pédagogiques’, je vais pouvoir m’y préparer ».
Et puis après, on y retourne : « Ça m’a bien plu, je remettrais bien une deuxième couche » ; ou « J’ai rencontré … et j’aimerais bien travailler un peu avec [lui, ou elle, selon les affinités] » ; mais aussi : « qu’est-ce qu’on se marre, quelle bonne solution pour terminer les vacances ; tiens, j’y retourne ».
Mais surtout, le virus est devenu actif, l’accoutumance est irrésistible – c’est mieux qu’une drogue ! -, quand on se retrouve à l’assemblée générale de l’association fin octobre et que, sans s’en être rendu compte, on est devenu animateur d’atelier...
Qu’est-ce qui va faire la particularité des Rencontres de cette année ?
Cette année, ça sera l’année de la reconstruction de l’école. L’an dernier, on était encore sous le coup de la gueule de bois de l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche ; maintenant, un an plus tard, on est dans la reconstruction d’une École pour laquelle nos valeurs sont maintenant officiellement reconnues et proclamées au plus haut dans les discours. Nous avons une responsabilité, il faut l’exercer dans l’action et ne pas nous effacer devant les attentes. Le CRAP doit être présent sur ce chantier, soyons-le dès cette rentrée, qui est capitale. Et quoi de mieux pour préparer la rentrée que les Rencontres du CRAP ?
Vos meilleurs souvenirs à vous, quels sont-ils ?
Jacques ?
Je me souviens…
… ma première arrivée, la première personne rencontrée : Philippe Watrelot.
… ma première participation à un brassage, le moment où j’ai fait connaissance avec le groupe :
« Bonjour, alors, comment tu t’appelles ?
Ben, Jean-Michel Zakhartchouk.
Ah ?… »
...ma première animation d’atelier, qui était aussi ma deuxième participation
...mes craintes de la routine. Mais non, jamais !
Cathy ?
L’émotion au départ de mes premières Rencontres : la sensation d’avoir enfin trouvé une famille de pensée pour l’école.
Les Rencontres 2013 proposent de « construire l’École de tous et de chacun ». Et cela s’inscrit bien dans le courant de reconstruction initié depuis l’arrivée du nouveau gouvernement, avec notamment Vincent Peillon, Ministre de l’Éducation nationale, qui tente cette reconstruction avec toutes les difficultés que l’on connaît.
Dans cette École en reconstruction, la pédagogie et donc notre mouvement trouvent naturellement leur place.
Pour apporter nos pierres à cette reconstruction, cet été 2013, nous vous proposons de choisir un atelier thème et un atelier activité parmi les suivants :
Ateliers thèmes
1. Comment travailler avec les familles
Corinne Brisbart et Jean-Michel Zakhartchouk
2. Quelle éducation laïque à la morale ?
Élisabeth Bussienne et Michel Tozzi
3. Un chef-d’œuvre, sinon rien (travailler en équipe)
Emmanuel Gunther et Christine Vallin
4. De la relation à construire au sein de la classe
Hélène Eveleigh et Jeanne-Claude Mori
5. Écrire son quotidien au travail
Nathalie Bineau et Sylvie Floc’hlay
6. Lire, faire lire
Agnès Berthe et Patrice Bride
Ateliers activités
A. Danse et écriture : mouvements d’échange
Armelle Legars et Evelyne Clavier
B. À l’affiche de l’atelier théâtre : des masques pour le dire
Laurent Nembrini et Gilles Gosserez
C. Jeux de lettres et de chiffres
Sylvie Menet et Dominique Seghetchian
D. Cartes virtuelles sur table... pardon tablettes
Roselyne Ndiaye et Pierre-Louis Marret
E. Canoë
Marina Ferreruela et Michel Jaffrot
F. Exister, c’est créer
Caroline Elissagaray et Monique Ferrerons
(Voir plus bas la présentation développée.)
Le dimanche 18, une conférence-débat sera animée par Marie-Anne Hugon, chercheur en sciences de l’éducation, et Philippe Goémé, professeur au sein du PIL (Pôle Innovant Lycéen) qui regroupe plusieurs structures de raccrochage, tous les deux auteurs de « Le décrochage scolaire, des pistes pédagogiques pour agir » ouvrage récemment paru dans la collection « Repères pour agir ». Les questions qui seront abordées : les décrocheurs et les structures innovantes de raccrochage - en quoi les dispositifs de « raccrochage » nous aident-ils à penser l’école de tous et de chacun ? Qu’ont-ils à nous apprendre d’un « autre » fonctionnement de l’école ? Ce moment sera dédié au troisième auteur du livre, Philippe Taburet, professeur au PIL, lui aussi, et qui a disparu brutalement en janvier dernier.
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Les modalités de participation aux Rencontres