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Une réaction d’André Ouzoulias à l’annonce de la suppression des postes de Rased

La suppression annoncée des Rased est un saccage incommensurable : chaque maître spécialisé de Rased représente un trésor de compétences, un appui irremplaçable pour les maîtres et les équipes d’école. Ces enseignants ont acquis une authentique expertise diagnostique
et pédagogique sur la grande difficulté scolaire, après des années d’expérience dans le travail auprès d’élèves qui ont des difficultés graves de toutes sortes dans les apprentissages scolaires.
Si on considère que chacun des 7 000 maîtres E et G de Rased sauve chaque année du désastre, ne serait-ce que dix enfants de cycle 2, c’est 70 000 enfants qui, au lieu d’être soustraits à l’échec scolaire, seront désormais pratiquement abandonnés à leur sort. Malgré toute la bonne volonté des enseignants (et elle est grande !), ce n’est évidemment pas deux fois cinquante minutes de « soutien » par semaine qui peuvent remplacer une prise en charge spécialisée E ou G, éventuellement au sein même de la classe. Comment croire que le gouvernement souhaite vraiment diviser par trois le nombre d’élèves en grande difficulté face à l’écrit, s’il raye ainsi d’un trait de plume, sans aucun scrupule, un dispositif dont bénéficient les élèves les plus en difficulté ?
Et quelle économie fera-t-on finalement ainsi dans les divers budgets de l’État, si demain, ces 70 000 élèves se retrouvent aux limites de l’analphabétisme ? Et dans vingt ans, combien de pauvres, que l’on qualifiera d’« inemployables » et pour lesquels on débattra pour savoir s’il vaut mieux un RMI, un RSA ou un autre R ? Les parents, et pas seulement ceux qui appartiennent aux associations de parents d’enfants dyslexiques, voire d’enfants en situation de handicap, peuvent comprendre qu’il y a là une véritable escroquerie.

André Ouzoulias, professeur à l’IUFM de Versailles-UCP (université de Cergy-Pontoise).