Les Cahiers pédagogiques sont une revue associative qui vit de ses abonnements et ventes au numéro.
Pensez à vous abonner sur notre librairie en ligne, c’est grâce à cela que nous tenons bon !
,

Revue de presse du dimanche 4 février 2024

Un seul mot domine la semaine éducative : le rejet. Rejet de la ministre, rejet de la réforme du collège, rejet des moyens alloués aux établissements.

Le rejet de la ministre

La ministre apparait particulièrement fragilisée, à la fois par les polémiques, mais aussi parce qu’elle ne convainc pas dans son rôle. Les appels à la démission étaient nombreux lors de la grève du 1er février. Et la démission du recteur de Paris a ébranlé tout cela. Au point que des rumeurs de changement circulent.

Amélie Oudéa-Castéra, une ministre fragilisée à l’éducation nationale (lemonde.fr). “Les polémiques qui ont émaillé la prise de fonctions de la ministre des sports, qui hérite d’un superministère englobant l’éducation nationale à six mois des Jeux olympiques de Paris, semblent avoir durablement entamé la confiance avec le monde enseignant, appelé à la grève le 1ᵉʳ février.” Par Violaine Morin et Eléa Pommiers

La Ministre échoue à son Grand oral face aux chef·fes d’établissement (cafepedagogique.net). “Mardi 30 janvier matin, Amélie Oudéa-Castéra rencontrait les chef·fes d’établissements. Une rencontre virtuelle, en visio-conférence. Initié par Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, l’objectif de l’exercice est un échange direct entre le grand patron de l’éducation nationale et ses cadres intermédiaires. Si en effet, tous les chefs d’établissements pouvaient assister à la conférence – ils étaient près de 11 000 connectés, l’échange était tout sauf direct. La ministre, qui ne semble pas encore très à l’aise avec les dossiers de l’éducation, s’en est tenue à ses notes. Quant aux questions, très nombreuses sur le tchat, elle n’a répondu qu’à trois d’entre elles. Les moins polémiques.

Grève dans l’éducation nationale : 20,26 % d’enseignants grévistes, selon le ministère (lemonde.fr)

Grève : les raisons de la colère (cafepedagogique.net). “Ils et elles étaient nombreux dans la rue jeudi 1er février à l’appel des syndicats de l’éducation : 40% d’enseignant·es du premier degré (20,11 selon le ministère) et 47 % du second degré (20,4). La plus forte mobilisation depuis 2022. Professeur·es, chef·fes d’établissement, CPE, assistant·es sociaux, animatrices et animateurs, Atsem, AESH, inspecteurs et inspectrices, lycéens et lycéennes, parents… étaient unis dans leur colère. Sentiment de mépris, manque de reconnaissance du rôle essentiel qu’ils et elles jouent dans la société sont les raisons principales invoquées par les manifestants et manifestantes.

Grève des enseignants : de nombreuses revendications pour l’école – L’Etudiant (letudiant.fr). “Revalorisation des salaires, classes moins chargées, de meilleurs conditions d’enseignement, trop de réformes… Les demandes étaient nombreuses lors de la manifestation des enseignants à Paris ce jeudi 1er février.

Education nationale : en désaccord avec le ministère, le recteur de l’académie de Paris démissionne (francetvinfo.fr). “Christophe Kerrero projetait de réformer en partie le système des classes préparatoires pour y intégrer davantage de mixité, projet suspendu par Amélie Oudéa-Castéra.” 

La démission du recteur de Paris charge Amélie Oudéa-Castéra (cafepedagogique.net). “La démission surprise de Christophe Kerrero, recteur de Paris, affaiblit la ministre de l’éducation nationale, déjà fortement fragilisée par les affaires à rebondissement et son style inimitable. D’autant que l’ancien recteur frappe là où la ministre est attaquée : sur la mixité sociale à Paris. Après avoirs mis les enseignants dans la rue, Amélie Oudéa-Castéra s’avère incapable de contrôler le haut encadrement de l’Education nationale. Et la critique portée contre la ministre vient de la droite, la cible courtisée par l’Elysée.

Réforme des classes prépas : désavoué, le recteur de Paris Christophe Kerrero claque la porte au nez d’Amélie Oudéa-Castéra – Libération (liberation.fr) (abonnés)

Éducation : le recteur de l’académie de Paris démissionne (lefigaro.fr)

Le rejet de la réforme

La réforme du collège fait quasiment l’unanimité contre elle. A la fois à cause de son idéologie, mais aussi parce qu’elle se fait à moyens constants et vient mettre à bas tout ce qui avait été construit dans les collèges.

Groupes de niveau : le choc de répulsion (cafepedagogique.net). “Le 5 décembre 2023, le ministre de l’Education nationale annonçait la mise en place de groupes de niveau en français et en mathématiques pour les 6èmes et 5èmes à la rentrée 2024 : un dispositif inégalitaire immédiatement contesté par les pédagogues, les équipes éducatives, les syndicats… En cette fin janvier 2024, alors que les établissements découvrent avec effroi leurs Dotations Horaires Globales pour l’an prochain, les autoproclamés « choc des savoirs » et « choc d’attractivité » se transformeraient-ils en choc de répulsion jusque chez les enseignant·es ? Voici 10 témoignages, édifiants, de professeur·es de français sur les conséquences désastreuses des groupes de niveau annoncés : aggravation de l’apartheid scolaire, stigmatisation d’élèves par l’institution elle-même, naufrage des pédagogies coopératives, progressions uniformisées, suppression d’options ou de dispositifs pour récupérer des moyens, renoncement au rôle si essentiel de professeur principal, fin des dynamiques de projets, cloisonnements disciplinaires, conditions de travail dégradées, évaluation problématique, perte de sens du métier … Le ministère entendra-t-il leur parole ?

Groupes de niveau : qu’en dit la recherche internationale ? (cafepedagogique.net). “Romuald Normand, professeur des Universités à l’Université de Strasbourg, propose une revue de la littérature internationale sur les regroupements d’élèves. Selon cette recension, pour que les groupes de niveau annoncés à la rentrée prochaine fonctionnent, il y a beaucoup de conditions à réunir : formation des enseignants, flexibilité des groupes dans le temps et dans l’espace, collaboration des équipes pédagogiques pour définir ensemble les groupes, les séquences pédagogiques et évaluer régulièrement les acquis cognitifs des élèves comme les effets du regroupement… Des conditions qui semblent loin d’être réunies dans les collèges français.

Daniel Bloch : Au-delà des pensées toutes faites (cafepedagogique.net). “Dans cette tribune, Daniel Bloch, père du bac professionnel et ancien recteur, analyse les différents éléments du « choc des savoirs » présenté par Gabriel Attal, alors aux commandes de la rue de Grenelle. « Peut-on espérer en la réussite de cette nouvelle salve de réformes alors que celles engagées au cours des six années écoulées, depuis le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron ont, pratiquement toutes échoué ? » interroge-t-il. Et comme à son accoutumée, certaines de ses positions peuvent surprendre – comme celle sur le redoublement. Mais c’est à dessein argumente-t-il, « Il s’agit d’apporter des éléments au débat ».

L’éternel ‘’retour’’ de la Marseillaise. Mais quelle Marseillaise ? (cafepedagogique.net). “Claude Lelièvre revient sur la Marseillaise dont Emmanuel Macron a estimé indispensable son apprentissage à l’école primaire. « Nous voilà (nous dit-on alors et comme si c’était la première fois) avec la Marseillaise à l’École ! Celle qui a accompagné de fait « Maréchal, nous voilà !» durant l’Occupation et l’Etat français ? Ou bien la « Marseillaise » républicaine, celle de la Résistance et de la Libération ? », interroge l’historien ?

 Au delà des groupes de niveaux, c’est la fin du collège unique qui semble annoncée par le projet du CSP.

Contre-réforme du Collège : le renfort du Conseil supérieur des programmes | Le Club (mediapart.fr). “Dans son avis du 30 janvier sur l’organisation des enseignements au Collège, le Conseil supérieur des programmes appelle au renforcement du caractère ségrégatif de la scolarité proposée aux collégiennes et collégiens.” Par Jean-Pierre Veran, formateur, expert associé France Education International (CIEP), membre professionnel laboratoire BONHEURS, CY Cergy Paris Université. Et en conclusion : “Rien ne manque donc dans cet avis : des parcours séparés à l’exclusion de cours et de l’établissement, le Collège est bien pensé comme la grande gare de triage ou l’ordre règne : l’objectif n’est pas de former une génération entière avec des objectifs de culture commune partagée pour faire société ensemble, mais de séparer dès l’entrée en 6e les élèves pour destiner les uns à la réussite académique et les autres à l’exclusion de cette perspective, l’excellence de la voie professionnelle n’étant que le faux nez de la ségrégation scolaire. On est bien loin des perspectives ouvertes par le CICUR dans la Lettre ouverte sur le Collège adressée au ministre le 1er décembre dernier[2].”

Avis de tempête sur le collège unique
« La fin du collège unique serait-elle annoncée ? Pour répondre à cette question, il faut lire avec attention l’avis du Conseil supérieur des programmes. Le CSP donne là une sorte de mode d’emploi pour mettre fin au collège unique. » Par J.-P. Delahaye, inspecteur général de l’éducation nationale honoraire.

École : Il doit donc y avoir un « choc des savoirs ». « La réforme annoncée de la création de groupes de niveau au collège est typique des travers structurels de la gestion politique de l’enseignement en France. L’historien Paul Airiau, qui est aussi enseignant, dénonce un pilotage politicien qui ne sait toujours pas penser l’éducation dans le long terme. »

Réforme du Collège : le CSP en renfort (cafepedagogique.net). “Dans sa publication du 30 janvier, le CSP – Conseil supérieur des programme, vient en renfort à Gabriel Attal et à la réforme du collège qu’il a initié lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale. « Le Conseil supérieur des programmes appelle au renforcement du caractère ségrégatif de la scolarité proposée aux collégiennes et collégiens » écrit Jean-Pierre Veran, ancien inspecteur d’académie.”  Jean-Pierre Véran

Et au lycée, on se pose aussi des questions.

« Aucune bille »: les stages en entreprise pour les élèves de seconde, une nouveauté toujours bien floue (bfmtv.com).“Alors que les élèves de seconde devront effectuer un stage de deux semaines au mois de juin, les chefs d’établissement s’inquiètent du flou qui persiste autour de ce nouveau dispositif.

Divers

Ministère : Attal n’est pas loin… (cafepedagogique.net). “Attal a dit vouloir emmener “la cause de l’école” avec lui à Matignon. Il garde au moins un lien fort avec la cabinet d’Amélie Oudéa-Castéra. Le Journal officiel du 31 janvier publie la composition du cabinet de la ministre. Et il saute aux yeux que les anciens membres du cabinet de G. Attal restent en place aux postes clés. “

« Une scolarité par défaut » : la contrôleuse générale des prisons s’alarme de l’enseignement dispensé aux mineurs enfermés – Le Parisien. “La scolarité des enfants placés en détention est pointée du doigt par la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), qui plaide pour en faire « une priorité absolue ».”

Enseignement au rabais des mineurs enfermés : «C’est grave de les négliger à ce point, ils sont notre avenir» – Libération (liberation.fr). “Dans la foulée de la publication de son avis publié ce mercredi 31 janvier, Dominique Simonnot, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, dénonce auprès de «Libération» la faiblesse de l’enseignement des mineurs dans ces endroits et demande une loi pour y remédier.” (abonnés)

Le blog de Bernard Desclaux » Blog Archive » Quand l’Europe incite, la France dirige (educpros.fr). “Le Conseil supérieur des programmes vient de publier « Avis sur l’organisation des enseignements au collège »[1] en janvier 2024. Jean-Pierre Véran en a proposé des commentaires[2]. Je ne reviendrais donc pas sur le détail du contenu des propositions, mais surtout sur le ou les principes qui s’en dégagent.

Les 7 principes de bonne gouvernance de l’éducation en Europe : la France à contre-courant (cafepedagogique.net). “Longtemps silencieuse sur le sujet, l’Europe a proposé, en 2018, des idées sur la gouvernance des systèmes éducatifs afin d’améliorer les apprentissages. Les travaux rendus par le groupe de travail reposent sur une analyse des tendances observées et sur une anticipation des besoins éducatifs à venir selon une logique de stratégie éducative. Ce modèle de gouvernance se diffuse progressivement.

Ecole privée : la «sensibilisation» des profs à la laïcité par l’évêque ultra-réac de Toulon annulée – Libération (liberation.fr). “Dans un courrier, le diocèse du Var considère «plus raisonnable d’annuler» cet événement au cours duquel Dominique Rey devait prendre la parole, comme l’avait révélé «Libération» cette semaine.

« Dans l’enseignement supérieur, le poids croissant du privé pose de redoutables problèmes de régulation » (lemonde.fr). “Le président du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, Stéphane Le Bouler, appelle, dans une tribune au « Monde », à « bâtir une nouvelle régulation » des acteurs privés de l’enseignement supérieur, dont le poids est croissant.” Stéphane Le Bouler, Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur

Ressources et réflexions

Avec l’écopédagogie, repenser l’éducation au développement durable (theconversation.com). “L’éducation au développement durable concentre de plus en plus d’attentions et s’est fait une place dans les programmes scolaires. Elle se focalise souvent sur les responsabilités individuelles, en incitant les jeunes à changer d’attitudes et de comportements, à travers notamment les écogestes – le tri des déchets, par exemple à la cantine. Avec une telle approche, comme l’observent Angela Barthes et Yves Alpe, professeurs en sciences de l’éducation, « la question de la responsabilité des systèmes de production dans les atteintes à l’environnement est peu abordée » alors qu’elle est déterminante si l’on veut changer la situation à grande échelle.” Par Irène Pereira, Professeure des Universités en sciences de l’éducation et de la formation, Université de Rouen Normandie

Enseigner par la nature. Le jardin scolaire au XIXe siècle | EHNE. “Le jardin scolaire est un espace pédagogique qui se développe progressivement au xixe siècle en Europe. Il est destiné à l’enseignement pratique de l’agriculture, de l’horticulture, et plus largement à l’enseignement des sciences. En France, les jardins sont pensés comme des lieux de démonstration et d’expérimentation agricole et horticole qui favorisent des rapports à l’environnement plus rationnels. Ce sont aussi des espaces perçus comme susceptibles d’éveiller l’attention des enfants à la nature (plantes utiles et nuisibles, insectes) et un attachement à leur « petite patrie », c’est-à-dire leur terroir et leur identité locale. Laissant une certaine place au travail des enfants de manière plus ou moins encadrée, le jardin est complémentaire de l’herbier et des promenades pédagogiques.”

L’éducation inclusive et numérique : quelles convergences ? n°146, janvier 2024. Auteur(s) : Prisca Fenoglio.  Télécharger la version intégrale du dossier (version PDF)  

Relations écoles-familles : une démarche collaborative sur un territoire — Centre Alain Savary – Education prioritaire – ifé (ens-lyon.fr). “Cette ressource présente un projet de développement des relations école-familles sur un territoire. Dans la partie « reportage », elle décrit comment un collectif intermétiers et intercatégoriel s’est emparé de cette question, dans le cadre d’une démarche alliant un accompagnement formatif et la mise en place d’actions. Dans la partie « zoom », elle propose une analyse outillée d’une situation de travail avec des parents autour de l’aide aux devoirs. Elle donne accès aux points de vue des professionnels et à des éclairages issus de la recherche. Vous pouvez accéder aux chapitres, en cliquant sur l’ infographie ci-dessous, ou bien sur les titres dans le sommaire.” 

 

Géraldine Duboz et Bernard Desclaux

Dans la librairie des cahiers pédagogiques

N° 590 – OBSERVER ET ÉCOUTER LES ÉLÈVES

Coordonné par Gregory Delboé et Eric Saillot

Qu’est-ce qui vaut la peine d’être observé et écouté ? Comment s’y prendre ? À quoi ça sert d’observer et d’écouter les élèves ? Comment apprendre et s’y former ? Ce dossier montre les tâtonnements et les avancées de ceux qui s’y investissent de la maternelle à l’université, et explore les cadres théoriques qui peuvent éclairer leurs choix.

 

 

 

N° 589 – TU LA GÈRES, TA CLASSE ?

Coordonné par Baptiste Hebben et Alexandra Rayzal

Comment « gère » -t-on une classe ? Comment faire vivre et travailler en collectif des enfants ou des adolescents qui n’ont pas choisi d’être ensemble dans cet espace-temps contraint qu’est la classe ? Notre dossier aborde les manières d’accueillir des élèves, d’obtenir et de maintenir une atmosphère de travail sécurisante plutôt que sécuritaire. Une réflexion qui relève donc aussi de l’éthique et du sens que chacun donne aux apprentissages.