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Revue de presse du dimanche 21 mars
Cette semaine encore une fois nous n’échappons pas au Coronavirus ni aux fabulettes de Jean-Michel Blanquer. Le monde quand même vit, respire et s’interroge, hors de cette chambre d’écho épidémique, sur la frénésie des classements et des évaluations, les conditions de la réussite scolaire et les apports du distanciel (entre autres). Et, à l’heure de la semaine de la presse et des médias à l’école, l’éducation aux médias nous offre des billes pour prendre du recul (poke aux profs-doc).
Les fabulettes de Jean-Michel
On se contamine à la maison mais pas à l’école. Nous apprenons ainsi que le COVID applique magiquement les gestes barrière et que les établissements scolaires constituent de véritables sanctuaires. « Les enfants qui sont contaminés, la plupart du temps quand on remonte la chaîne de contamination, ce n’est pas du tout à l’école qu’ils se sont contaminés, ils se sont contaminés en famille », a expliqué Jean-Michel Blanquer au micro de BFM. L’OBS , fort facétieux relève que dans la même interview le ministre a donné un taux d’incidence dans les écoles plus élevé que le niveau pris en compte pour appliquer des mesures de confinement (version 1, 2 ou 3?). Il a aussi évalué à un peu plus de 2000 le nombre de classes fermées. Le site vousnousils souligne la hausse inquiétante des chiffres. « On compte 2018 classes fermées, contre 833 la semaine dernière. Et du côté des personnels, 1809 personnes positives au covid-19, contre 1106 la semaine dernière. » La réalité dépasse la méthode Coué. Les difficultés de remplacement face à l’augmentation des cas chez les enseignants inquiètent les parents d’élèves comme c’est le cas à Nantes où leur mobilisation est relayée par France Bleu.
Rassurez-vous, des mesures sont prises à commencer par la demi-jauge pour les lycées. Au fil des mois pandémiques, notre vocabulaire s’enrichit. En ce début de 3e confinement qualifié « d’hybride » le terme de demi-jauge tient la corde de mot vedette. Mais attention, il y a demi-jauge et demi-jauge. « En ce qui concerne les lycées de ces 16 départements confinés, le ministère de l’Éducation nationale a précisé à franceinfo que la « demi-jauge » évoquée par le Premier ministre s’entendait à l’échelle du lycée, et non pas à celui d’une classe. Il s’agit d’un « fonctionnement hybride ». Les lycées ne devront donc pas diviser les classes en deux groupes. Mais c’est au niveau de l’effectif global de l’établissement que cela devra se faire. » peut-on lire sur le site France Info . Mesdames et messieurs les Perdirs, nous vous souhaitons un bon week-end de casse-tête. «Est-ce que le ministère réalise que les chefs d’établissements concernés vont devoir réaménager toute la vie de leur établissement et informer les familles en une journée ? Qu’ils vont sans doute passer le week-end à répondre aux parents qui auront légitimement des questions ?», interroge Stéphane Crochet, de l’Unsa dans Libération.
TAP en PLS
Les enseignants sont en première ligne pour éprouver le triptyque TAP « Tester, Alerter Protéger » dans des conditions plutôt brouillonnes et contrariantes. Ils ont constaté qu’ils devaient contribuer au déploiement des tests salivaires y compris pécuniairement. « Ces tests salivaires, présentés par le ministre de l’Éducation nationale comme l’outil majeur pour maintenir les écoles ouvertes, seront gratuits pour les enfants. Les enseignants peuvent en bénéficier à l’occasion du passage des équipes des laboratoires dans les établissements. Mais ils devront débourser un euro, soit le reste à charge appliqué par l’Assurance maladie. » explique France-Info. « Ce n’est pas pour la somme, mais c’est pour ce que cela renvoie comme image de la relation avec notre employeur », regrette une enseignante. Le regret vaut aussi pour les vaccins pour lesquels les personnels de l’éducation ne sont pas jugés prioritaires. « Ainsi, s’il est vrai que d’autres pays ont commencé la vaccination des enseignants, il faut rappeler que les enseignants sont prioritaires aux États-Unis uniquement après les maisons de retraite et les soignants ou qu’en Espagne ils font partie de la deuxième vague de la campagne de vaccination. Néanmoins, d’autres nations – l’Italie ou le Portugal- les ont effectivement pris en compte comme prioritaires de première ligne. » explique 20 Minutes.
Le contraste est donc fort entre des déclarations gouvernementales énamourées sur le rôle primordial des écoles (et donc la nécessité de les laisser ouvertes) et le mépris ressenti par les enseignants à leur égard. Pourtant, La Croix relève dans un rapport de la Cour des Comptes sur l’école « Si la mobilisation des enseignants pour assurer la continuité pédagogique a été « réelle et rapide » pendant la crise sanitaire, des efforts doivent être accomplis pour mieux les former aux usages numériques et structurer les enseignements. ».
Nuances et perspectives
Puisque le présent est tortueux, prenons de la hauteur pour réfléchir sur ce qui bouge. Bruno Magliulo s’intéresse à l’évolution de l’évaluation en s’interrogeant sur la complémentarité ou la concurrence entre évaluation interne (contrôle continu) et évaluation externe (épreuves nationales). « Dans quelle mesure l’accroissement progressif de la prise en compte du contrôle continu défavorise-t-elle les élèves scolarisés dans des établissements sélectifs ? ». L’évaluation par compétences est une des réponses qu’il apporte à la question.
Pour les lycées, évaluation ou classement ? « En 2021, le classement des lycées de l’Etudiant observe une forte augmentation de la note obtenue par les établissements », une progression due aux bons résultats au bac. La revue précise que dans ce contexte, ce sont les critères d’accompagnement qui sont déterminants. « Les lycées dits « accompagnateurs, qui ont pour vocation de suivre les élèves pendant tout le cycle terminal et de les faire progresser, tirent donc leur épingle du jeu. » Ainsi, le lycée Germaine Tillon du Bourget (93) est classé 4e. Il est toutefois absent du top ten du Figaro qui lui préfère (comme c’est étonnant) le lycée Stanislas. Le choix des données pèse sur les classements.
Claude Lelièvre alerte d’ailleurs sur les comparaisons hâtives en particulier celles entre le public et le privé. « Il est d’autant plus absurde de prétendre faire des comparaisons fondées entre le secteur public et le secteur privé que seuls 7% des élèves de terminale ont eu une scolarité uniquement dans le privé, 53% uniquement dans le public, et 40% dans le public puis le privé ou dans le privé puis le public. »
L’école branchée fait un retour sur une conférence donnée par John Hattie sur (entre autres) la rétroaction pédagogique « Ce qui manque trop souvent dans la rétroaction offerte aux élèves, selon le chercheur John Hattie, c’est une indication vers la prochaine étape requise pour progresser, le « what’s next ». Et pour favoriser le progrès, il faut viser l’engagement. Attention toutefois, rappelle-t-il, « faire quelque chose » ne veut pas dire « être engagé »!
L’Etudiant salue « des innovations qui viendront sans doute enrichir durablement le fonctionnement des universités et grandes écoles... ». Les enseignants du supérieur sont descendus de leur estrade pour se creuser les méninges et selon l’un d’eux, « aménager le calvaire pour en faire un terrain d’expérimentations pédagogiques ». Une perspective positive pour un secteur particulièrement touché par les effets délétères du distanciel prolongé.
Un travail de fond semble toutefois nécessaire pour soigner le malaise enseignant et envisager de profonds changements pour une école réellement démocratique. «Il me semble urgent d’engager une véritable réflexion pédagogique pour construire une école plus juste et plus efficace, car ce qui est sûr, c’est que l’on ne pourra pas enseigner dans l’école d’après avec la pédagogie d’hier...» souligne Philippe Watrelot dans un entretien pour la revue « pdf »>Animation & Education« de l’OCCE. Un article intitulé très justement « Avant de penser l’École, il faudrait la panser ! ». Et il y a du travail!
Vive la presse
Que serait cette revue sans toutes les publications qui nous informent ? Rien du tout, nada ! La presse se fête et s’expérimente la semaine prochaine. Radio-France met les petits plats dans les grands avec InterClass’UP, plateforme destinée à l’éducation aux médias, un prolongement voire une démultiplication des formidables Interclass’, émissions construites par des lycéens en collaboration avec des journalistes de France Inter. La chaîne publique de radios a également ouvert une plateforme de ressources pour les lycéens et les étudiants. « Après une année marquée par des conditions d’enseignement difficiles, lycéens et étudiants s’apprêtent à passer les traditionnels examens de fin d’année. Avec ce nouvel espace, Radio France entend leur fournir des outils et des clés d’apprentissage complémentaires aux cours dispensés par leurs enseignants. ».
« La Semaine de la presse et des médias dans l’école, organisée du 22 au 27 mars 2021, portera sur le thème « s’informer pour comprendre le monde ». Elle abordera également la liberté d’expression pour rendre hommage à Samuel Paty. » explique le Journal des Femmes avec un lien vers le site du CLEMI.
La presse quotidienne régionale s’associe à l’évènement comme La voix du Nord à Grande Synthe. « Une série de rendez-vous en ligne est organisée par l’Alliance pour l’éducation aux médias (Apem), émanation de l’Alliance de la presse d’information générale, qui regroupe 300 quotidiens régionaux et nationaux. » explique la Montagne. Une moisson de ressources pour fêter la presse et porter haut et fort la liberté d’expression.
Cette semaine aux manettes Monique Royer
Sur la librairie des Cahiers Pédagogiques
Suggestions thématiques:
N° 567 – Enseigner l’attention
Dossier coordonné par Peggy Colcanap et Jean-Michel Zakhartchouk
février 2021
Hors-série numérique Travailler avec le dessin de presse
Dossier coordonné par Florence Castincaud
Juin 2018
Faire entrer le dessin de presse dans la classe : pourquoi ? Comment ? Parce que le trait de crayon est un outil alternatif pour faire entrer dans l’analyse et la réflexion, parce que le dessin génère des pratiques nouvelles, parce qu’il ne laisse personne indifférent, parce qu’il offre un vrai espace à la liberté de pensée. Mais lire et comprendre un dessin de presse, cela s’apprend ! Témoignages de professeurs, de dessinateurs, récits de pratiques et bien sûr florilège de dessins !
N° 530 – Former les futurs citoyens
Dossier coordonné par Laurent Fillion et Pascal Thomas
juin 2016
Mise en place du nouveau socle commun, de l’enseignement moral et civique : l’éducation à la citoyenneté, thème souvent abordé par les Cahiers pédagogiques, revient au cœur des préoccupations. De quelle éducation à la citoyenneté parle-t-on ? Comment ne plus la confondre avec une éducation au civisme et à la civilité ?