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Pour un référentiel professionnel

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fraschini.jpgSe retrouver en formation initiale est sans doute pour l’enseignant débutant aussi déstabilisant que pour le débutant en informatique de se retrouver pour la première fois face au Net. Car qui maîtrise cet outil sait bien qu’un usage raisonné d’Internet implique d’être capable de trier, vérifier, hiérarchiser cette inflation d’informations disponibles. Ainsi le plus souvent, c’est un état de vague, un sentiment d’être noyé par un flot d’informations, des essais-erreurs, des « on ne m’y prendra plus ! » qui résultent d’une auto formation, plus ou moins réussie, plus ou moins rapide.
Et qui ne devraient en tout cas pas avoir droit de cité dans le cadre d’une formation professionnelle. En particulier, l’enseignant en formation ne devrait pas lui aussi se retrouver à devoir gérer une inflation de discours, de pédagogies, de réflexions, de conseils, et ce sans structuration ni hiérarchisation. Il en résulte qu’il est alors contraint de se construire une compétence professionnelle à la manière de ce apprenti-peintre impressionniste qui créerait son premier tableau, par petites touches successives, le « nez sur le tableau » sans avoir accès à la vision, à la signification globale de l’œuvre en cours.

L’Institution ne peut et ne doit pas attendre d’un enseignant débutant qu’il ait cette distance, cette perception globale. C’est à elle de faire preuve de pédagogie pour ne pas qu’il en résulte une « bouillie » pédagogique qui déforme plutôt que forme.
Pour cela, elle devrait s’appuyer moins sur des spécialistes disciplinaires que sur des enseignants qui ont une solide expérience du terrain suffisamment tels, par exemple, les maîtres-formateurs. Ces maîtres-formateurs pourraient travailler à un Référentiel Professionnel, en classifiant les attitudes et gestes professionnels du métier d’enseignant (en dehors des aspects didactiques propres à chaque discipline). Pour exemple : Les rituels – L’humour en classe – Corriger, annoter, noter le travail des élèves – La place de l’affectif – Donner aux élèves des méthodes pour apprendre – Faire preuve de bienveillance – Déceler les dys et autres freins aux apprentissages – Les leçons – L’autocorrection par l’élève – Le cahier du jour – Les prises de parole – Tenir le cahier journal – Habituer l’enfant à réfléchir sur la langue – Travailler à une calligraphie soignée – etc.

Ensuite, pour être la plus efficiente possible, la formation initiale devrait fixer des priorités, les hiérarchiser pour établir un contrat de formation explicite, base du projet d’insertion professionnelle qui concernerait les premières années d’entrée dans le métier. Les maîtres formateurs pourraient être chargés de cette formation transdisciplinaire. A chaque enseignant ensuite sur le terrain de progresser suivant son rythme, ses contraintes, ses possibilités, dans la mise en œuvre et l’acquisition de cette première liste d’attitudes prioritaires.


Après ces premières années de mise dans le bain professionnel
, il s’agirait de réajuster, et de construire pour chacun un projet personnalisé d’approfondissement des compétences professionnelles, suivant ses priorités, en relation avec son vécu et son expérience du terrain, enrichies du dialogue avec la hiérarchie, les conseillers pédagogiques, les collègues.
Plus personne ne devrait sortir, ni même simplement entrer en formation sans ce Référentiel Professionnel qui serait un outil permettant la mise au clair d’un projet d’insertion et de formation professionnelles.

Jacques Fraschini