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Les Sciences économiques et sociales : Histoire, enseignement, concours
Depuis la création de cette discipline en 1966 et selon les I.O. de 1994, les objectifs demeurent : aider les élèves à devenir des citoyens conscients et responsables en leur fournissant des outils théoriques et méthodologiques empruntés aux différentes sciences sociales. La finalité de l’enseignement des SES est d’amener l’élève à la compréhension du monde économique dans ses différentes dimensions. Le « et » est le symbole de la combinaison de différentes sciences sociales. La pédagogie a fait le choix des questions problématiques comme objets d’études et le choix de méthodes actives. L’élève doit être intellectuellement acteur et doit pouvoir confronter différentes sources et doit pratiquer le débat le rendant capable d’être un citoyen critique. Trois chapitres choisis dans l’ouvrage méritent notre attention.
Le travail sur documents
En 1966, les enseignants avaient 5 h. de présence élèves en Seconde. Le travail sur documents institutionnalisé modifie les relations entre professeurs et élèves : l’enseignant n’est pas la seule source de savoir, c’est un choix pédagogique. Les élèves participent à des enquêtes, des visites d’entreprises mais le principal outil est le dossier documentaire qui met l’élève en activité. Ce travail sur documents se fait en groupe ce qui renforce l’interactivité des élèves. Ces méthodes actives ont une finalité citoyenne (lire un journal, regarder une émission TV, déchiffrer l’actualité économique et sociale souvent présentée par des graphiques ou des tableaux statistiques). La filière B devenue ES a subi de multiples attaques visant l’esprit d’innovation.
Les fondateurs de la discipline avaient conscience qu’il ne suffit pas d’observer pour comprendre ou d’expliquer. Pour eux l’observation doit être « guidée et conduite ». L’élève doit maîtriser des notions, des concepts, des outils statistiques (l’approche inductive par exemple pour traiter de la déviance). Le travail sur documents est parfois assimilé à une pédagogie « invisible » qui favoriserait les bons élèves. La bonne approche des documents suppose un travail de décodage et une adaptation des contenus enseignés, du rythme du cours pour tous les élèves.
Le professeur doit se saisir des représentations des élèves pour concevoir et mener des activités en classe et ne pas confondre « mise en activité intellectuelle » et « participation des élèves ». Il faut veiller à l’efficacité du travail de groupe (apprendre à argumenter et donc justifier ses idées pour les confronter aux autres, apprendre à écouter l’autre et construire une réponse commune). Des enjeux complexes entre confrontation et coopération doivent conduire à une production finale (présentation orale, schéma ou synthèse écrite du groupe).
Le travail par compétences
L’approche par compétences est l’héritière de la pédagogie par objectifs (PPO) dans la mesure où elle partage la volonté de rendre explicite ce qui est demandé à l’élève, mais s’en éloigne par d’autres aspects (logique de l’apprentissage et modalités d’évaluation). L’approche par compétences souhaite s’opposer à l’« idéologie des dons » et à toute dimension implicite de l’apprentissage. Elle permet de cerner la question du transfert des connaissances c’est-à-dire la possibilité d’utiliser des savoirs en dehors du contexte de leur acquisition. L’enseignement des SES se situe dans un objectif de développement d’« habitudes intellectuelles » que l’on peut rapprocher des compétences liées à une démarche scientifique. Les « objectifs de référence » élaborés en 1993 préfigurent cette approche et un travail interdisciplinaire. Cinq sont retenus : collecter des informations, traiter des informations, acquérir et maîtriser des connaissances, analyser et commenter des informations, produire une synthèse. La réforme du lycée en 2010 va faire des SES un enseignement à statut particulier d’exploration.
La dissertation de SES au Bac est un exercice complexe qui nécessite de mobiliser des compétences nombreuses (choisir, mobiliser des idées, élaborer des raisonnements, argumenter, communiquer efficacement) Notre artisan « économiste » ou « sociologue » n’est pas un manoeuvre qui doit exécuter ce qui lui est demandé, il doit maîtriser les connaissances, les savoir-faire, les outils afin d’être capable de faire des choix opportuns. L’enseignement des SES ne peut se réduire à l’accumulation de connaissances ou de savoir-faire : elles sont donc en partie disciplinaires et en partie transversales.
La valeur de l’évaluation :
Cette norme est toujours en vigueur au lycée : les élèves au baccalauréat série ES sont notées sur 20 (coefficient 7 ou 9). La notation chiffrée n’est pas un outil très pertinent pour porter un jugement sur les compétences des élèves. Ils sont cependant notés toute l’année pour pouvoir être orientés dans l’enseignement supérieur (certification et sélection, mesure de leur progression en cours du processus d’apprentissage). La notation est la forme retenue de l’évaluation. Cette influence de l’épreuve terminale est modulée au cours de la scolarité. La tentative d’introduire une approche de compétences n’est pas apparue immédiatement dans l’histoire des SES. Deux dissertations au choix au premier bac ES en 1968 puis dans les années 90 au choix la dissertation ou la QSTP. L’objectif de cette dernière était l’analyse du dossier documentaire avec un travail préparatoire et la construction d’une argumentation à partir d’une problématique. A la réforme des lycées, la QSTP est remplacée par « l’épreuve composée » divisée en trois parties (mobilisation de connaissances, analyse d’un document et épreuve d’argumentation appuyée sur trois documents). Les travaux réalisés sur la notation des copies de bac remettent en question l’idée d’une notation « objective ». En 1985 la correction devient multiple puis l’harmonisation de la correction est mise en œuvre. Des efforts permettent de construire une évaluation : évaluer des savoirs, évaluer des savoir-faire : une évaluation formative sur la compétence de mise en œuvre de séquences argumentatives pour permettre aux élèves de s’approprier les critères d’évaluation.
Réjane Lenoir