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Le calendrier de l’avant…

Jusqu’au colloque « Vous avez dit pédagogie ? » du 30 octobre 2012, à chaque jour sa surprise.

Vous ouvrirez la petite fenêtre de votre ordinateur, et apparaîtra… Un truc qui vous rappellera… ou qui fera penser à… ou qui ne nous dira rien. Et vous reviendrez le lendemain.
(Pour vous inscrire au colloque, c’est ici.)

Dimanche 28 octobre

Une photo en guise de fin de ce calendrier de l’avant.

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Pour dire que l’on est prêt à vous recevoir tous.

A mardi !

Vendredi 26 octobre

Si vous ne craignez pas d’entendre parler de littérature, de philosophie je crois même, alors restez un peu.

Vincent Peillon : l’onde en l’homme

portrait_peillon2_216100.54.jpgVous savez que Vincent Peillon viendra à notre colloque mardi. Un ministre de l’éducation nationale au colloque du CRAP-Cahiers pédagogiques… Ca ne passe pas inaperçu.
Alors je vais vous parler de Paul Valéry… Vous vous demandez pourquoi et c’est bien normal. Mais vous allez comprendre.

De Paul Valéry, je connaissais des poèmes. Délice, que ces vers :
Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d’être et de n’être pas,
Car j’ai vécu de vous attendre,
Et mon cœur n’était que vos pas.

Et puis dans plusieurs interviews de Vincent Peillon j’ai lu que « Monsieur Teste » de Paul Valéry avait été un livre important pour lui. Je me dis qu’un ministre-public est comme une voile prise par les vents cardinaux de ce que l’on appelle l’actualité, une voile qui claque, se plisse, gonfle et retombe soudain au gré des médias essentiellement. Cet aspect-là ne m’intéresse qu’assez peu. C’est de l’image. ce n’est que de l’image.
Ce que j’ai voulu sentir en lisant « Monsieur Teste », c’est quelle onde profonde, quel courant, continu, invisible, peut bien traverser et porter l’homme. Silencieusement. Mon avis n’a pas d’intérêt. Ce qui en a, c’est Paul Valéry. Alors, simplement, écoutez…

«[…] instants de loisir où la pensée se joue seulement à exister.»
«On n’est beau, on n’est extraordinaire que pour les autres.»
«Souffrir, c’est donner à quelque chose une attention suprême.»
«Il faut ne pas se connaître aux délices, que de vouloir les désirer séparer de l’anxiété».
«Vieux désir de tout reconstruire en matériaux purs : rien que d’éléments définis, rien que de contacts et de contours dessinés, rien que de formes conquises, et pas de vague.»
«Méprise tes pensées, comme d’elles-mêmes elles passent. – Et repassent !…»
«La partie est gagnée si l’on se trouve digne de son approbation.»
«[…] je me suis, je me réponds, je me reflète et me répercute, je frémis à l’infini des miroirs – je suis de verre.»
«Si nous savions, nous ne parlerions pas – nous ne penserions pas, nous ne nous parlerions pas.»

Moi, ça me rassure de savoir que, lorsque la rumeur médiatique se tait, dans le silence de l’homme, coule cette rivière-là…

Christine Vallin

Crédit photo : © MEN/Philippe Devernay

Jeudi 25 octobre

Je vous avais promis des surprises en chair et en nonosses ? Je ne mentais pas !
Hier vous aviez la théorie concernant nos lecteurs. Aujourd’hui, place à la pratique. Ils ont dit comment ils lisent les Cahiers. Comment ils les utilisent. Pourquoi ils les aiment.

sylvie_abdelgaber.jpg« Quand arrive un nouveau numéro, je le parcours en entier, de la première à la dernière page, et je note les articles que je relirai en détail. Certains numéros vont direct aux archives au grenier, d’autres dans la « pile à lire plus tard », d’autres dans le cartable pour donner à Untel ou Unetelle. »
Sylvie Abdelgaber

sylvie_coustier.jpg« Les Cahiers font partie de ma base de références pour la préparation de mes formations pédagogiques en circonscription pour les collègues du 1er degré. J’utilise parfois les contenus, il m’arrive de citer des articles, ou de les soumettre à la lecture des collègues comme base de réflexion. J’insère même quelques dessins humoristiques dans certains diaporamas. Ils font leur effet ! Ceci, toujours en donnant la référence de la revue et de l’auteur, bien évidemment. »
Sylvie Coustier

corinne.jpg« Tout d’abord, je lis le sommaire et le nom des auteurs, je repère les affinités affectives ou pédagogiques. Puis je vais vers les articles hors dossier, une façon de prendre la température de l’école : « Et chez toi, ça va ? » Pour le dossier, soit il répond à un sujet qui me préoccupe sur le moment et je cherche des réponses immédiatement, soit il correspond à une interrogation plus globale, je le lis quand j’ai le temps de me poser.
J’ai mes auteurs préférés. J’aime me retrouver dans les valeurs et les propos. J’apprécie de trouver des réponses rapides, des trucs, des réflexions qui me permettent d’avancer. »
Corinne Brisbart

caroline._e-2.jpg« L’écriture y est facile d’accès dans l’ensemble, et les articles souvent intéressants. Les récits sont souvent vivants et bien documentés, comme une tranche de vie, et leur format permet une lecture assez aisée. J’apprécie bien la nouvelle mise en page, avec des couleurs et des photos plus contrastées et des dessins qui rythment et égayent la lecture. »
Caroline Elissagaray

« Je lis la totalité des numéros, sauf quand vraiment un article ne m’accroche pas (articles au ton institutionnel ou universitaire trop marqué). Je lis le numéro dès que je l’ai, je relis des articles de numéros qui m’ont plus marqué. »
Jean-Pierre Fournier

di_martino_photo_veronique_flipo_-2.jpg« Jamais je n’oublie que les Cahiers, ce sont des gens derrière, des vrais, presque des comme moi. En plus sérieux, plus profonds, plus utiles, plus dévoués. Avec leurs défauts (parfois, vous êtes insupportables les gens du CRAP, je vous le dis !), avec leur immense enthousiasme, leur humilité, leur entêtement, leur courage. Il y a encore un tas de professeurs qui méritent de vous connaitre, de vous lire, de mettre un pied dans votre cercle, de respirer un air parfumé de pédagogie respectueuse. Comptez sur moi pour continuer à vous faire l’article ! »
Annie Di Martino
(Photo Véronique Flipo)

jeanne-claude2.jpg«Je lis surtout la rubrique « Et chez toi ça va » et d’autres articles qui concernent mon niveau d’enseignement : la maternelle. Un article par ci, un article par là, Quand mes enfants me laissent un peu de répit !
Quatre adjectifs pour décrire les Cahiers pédagogiques ? Originaux de part leur point de vue ; harmonisant, (ça fait du bien de voir que d’autres pensent comme moi) ; réaliste (les gens qui les écrivent le vivent au quotidien). Et utiles pour rebondir dans des situations difficiles.»

A demain pour une nouvelle surprise !


Mercredi 24 octobre

camion_500_petit.jpgD’abord la grande nouvelle : le 500 est arrivé à la rédaction ! Pas encore dans vos boîtes-aux-lettres, ça c’est pour début novembre. Une tonne et demi de Cahiers pour inonder les salles des maîtres et des profs !
500_et_collector_petit_.jpg

Et la surprise du jour, c’est une enquête sur le contenu de la revue et sur les lecteurs, menée en 1993. Vous reconnaissez-vous dans ce portrait ?

SÉMINAIRE SUR LES REVUES

« LES CAHIERS PÉDAGOGIQUES »

1.2 Ce que lisent les enseignants
Une des manières cruelle mais efficace de regarder la place que jouent les revues dans la diffusion du savoir en éducation, c’est d’observer ce que lisent les enseignants le plus régulièrement. Ce regard qui ne se centre plus sur ceux qui produisent les revues ou sur ce qui est écrit, est parfois sain. Examiner le public d’une revue, c’est regarder qu’elle est la réalité des pratiques de ce public dit captif (sorte d’eldorado pour tous les rédacteurs de revues).
Dans une étude récente menée par Christian Gambard chez les enseignants de collège (population urbaine), nous ne relèverons pour l’instant que quelques chiffres :
11 % des enseignants lisent régulièrement le Monde de l’Éducation (17 % irrégulièrement).
6% des enseignants lisent régulièrement la Nouvelle revue pédagogique de chez Nathan (2 % irrégulièrement).
Ajoutons que cet état « d’illettrisme pédagogique » est général sur les autres supports d’information (surtout les revues scientifiques) et nous pourrions dire que les enseignants de collège ne sont plus un public captif mais bien un public absent.
Sensibilisé par ce problème à travers mes recherches sur les pratiques informatives des enseignants, il m’a semblé intéressant de contribuer à notre réflexion sur les revues en essayant tout simplement d’observer celle qui est encore la plus lue.
Peut-on en examinant cette revue, repérer les éléments qui favorisent cette importante lecture. Vulgarisation et discours scientifiques cohabitent-ils et comment à travers cette revue ? Discours praxiques et discours théoriques peuvent-ils faire bon ménage dans une revue à forte diffusion ? Voilà les quelques questions que j’ai choisi d’esquisser dans ce modeste travail.
[…]

4. LE PUBLIC LECTEUR DES CAHIERS

Le public des lecteurs des Cahiers pédagogiques se situe dans la tranche 41-45 ans. Essentiellement constitué de professeurs du second degré (58 % de certifiés), ils enseignent dans la plupart des disciplines avec un net avantage pour les disciplines de sciences. Ils sont aussi formateurs à 45 % et chercheurs à 22 %, participent régulièrement à des actions de formation (67 %) et ont un engagement politique, syndical ou associatif (66 %).
Ce public ne saurait être représentatif du public moyen de l’enseignant dans le secondaire. C’est un public urbain, fortement engagé dans des actions pédagogiques, de recherche ou de formation, et en développement professionnel.
Comportement de lecteurs
Forts lecteurs (62,50 %) les lecteurs des Cahiers pédagogiques lisent souvent plusieurs revues pédagogiques. 58 % lisent le Monde de l’éducation, 20 % la revue française de pédagogie. Leurs lectures sont plus fortement ancrées sur les domaines didactiques que pédagogiques. Ce qui incite ces lecteurs à lire, c’est essentiellement les « dires » des collègues ou la découverte de certains numéros en stage de formation.
Pour eux la lecture des Cahiers pédagogiques est un outil important pour :
Changer leur perception des apprentissages (84 %)
Changer leur mode d’évaluation pédagogique (64 %)
Changer leur perception du système éducatif (62 %)
Changer les relations avec les élèves (61 %)

Ces lecteurs sont une minorité active. Ils reconnaissent aux Cahiers pédagogiques une utilité importante de changement des comportements professionnels et intellectuels.
Les Cahiers pédagogiques, comme nos analyses tendent à le démontrer, ont su réunir, au sein de ses auteurs, l’ensemble de la palette qui permet aux uns et aux autres de conduire cette double mutation. Les revues scientifiques qui se préoccupent de vulgariser les savoirs issus de la recherche ont peut-être à conduire, auprès de leurs rédacteurs, ce travail de mutation en terme de communication scientifique. L’expérience originale des Cahiers pédagogiques nous montre que la cohabitation, dans une même revue, d’articles hautement scientifiques et d’articles de terrain, ne conduit pas à une dégénérescence du savoir scientifique. Cette cohabitation est au contraire le germe de l’évolution des discours et aussi le gage d’une large diffusion des connaissances.

Séraphin Alava

(Merci à Jacques Carbonnel, ancien directeur de publication, qui nous a transmis ce document et bien d’autres. Merci à Catherine Nowak pour la saisie du texte)

A demain pour une nouvelle surprise (en chair et en nonosses) !


Mardi 23 octobre

Oh, un visiteur ! Ceux qui ne le connaissent le connaissent tout de même : il s’agit de François Malliet qui est resté permanent plusieurs années pour le CRAP, plus particulièrement en charge du site. Il se souvient. Et nous avec lui…

«Aussi loin que remonte mon souvenir, il y a bien une quinzaine d’années je crois, ma rencontre avec les Cahiers pédagogiques a d’abord été une rencontre avec Françoise Carraud. Elle m’a parlé du CRAP et de son souvenir enchanté des Rencontres d’été. Très vite, car je me suis laissé faire, elle a réussi à me happer dans le mouvement. Certainement avec une arrière pensée. Comme j’avais derrière moi une première vie professionnelle liée à l’informatique et plus précisément à la télématique, comme l’Internet avait déjà tiré bien des fils de sa toile, il a semblé tout naturel de me proposer de faire le site Internet des Cahiers. Tout naturel, c’est peut-être vite dit. Au CRAP il y avait les enthousiastes et précurseurs. Je me souviens de quelle manière Raoul Pantanella en était le parangon. Et puis il y avait les sceptiques, ceux qui s’interrogeaient en termes de culture contre culture, qui s’inquiétaient de la dénaturation de notre publication ou de la perte d’une histoire.

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Nous avons toutefois pris, très tranquillement, le train de l’histoire et je me suis retrouvé à bricoler des pages html, à construire notre premier site comme un album. À ce moment-là, rien de dynamique, mais simplement une suite de pages assorties des fameux liens hypertextuels. Interactivité faible. Simplement un petit agrément éditorial qui ne mangeait pas trop le pain de la revue.
Je ne sais plus exactement combien de temps cela a duré. Mais au début des années 2000 j’ai découvert un système pour gérer de façon dynamique les contenus d’un site. La chose devenait vraiment intéressante, la publication plus facile et plus rapide. Les contenus se sont étoffés et la consultation a commencé à devenir significative. On y parlait des Cahiers qui étaient richement présentés sans trop en dévoiler. Le CRAP y trouvait sa parole. Nous pouvions faire très vite le lien avec l’actualité. Des débats nous ont agités : faut-il commenter et prendre position à chaud ? Ou bien faut-il préserver le temps de la réflexion et de la discussion, du recul, comme on sait si bien le faire au CRAP, avant de publier une prise de position ? N’empêche que l’enjeu de la visibilité du CRAP était réel. Philippe Watrelot, nouveau président du mouvement, a dès cette époque défendu l’idée que nous étions un mouvement bi-média : la revue et le site.
Et puis un nouveau pas devait être franchi : celui de la vente en ligne de nos productions et des Cahiers en premier lieu. Une nouvelle évolution s’est effectuée, un nouveau degré était atteint. Si au départ le choix d’avoir un site en .com (comme commercial) avait pu faire tiquer quelques-uns, alors la chose était assumée.
Le site, la revue au format numérique, une présence forte sur les réseaux sociaux : le CRAP et les Cahiers sont désormais de plain pied dans l’édition électronique et les usages de l’Internet. Ils font même figure de précurseurs. Bien sûr, je suis heureux d’avoir accompagné toute cette mise en œuvre qui a, j’en suis certain, contribué au rayonnement du mouvement et à la diffusion des Cahiers. J’espère aussi avoir été un militant, même quand il s’agissait de se colleter la technique, au service de l’école et de sa transformation, de la promotion de la pédagogie.
Maintenant que j’ai rejoint le « terrain » après plusieurs années à mi-temps puis à plein temps aux Cahiers, j’éprouve à la fois la nostalgie de ne plus en être et le bonheur de voir les projets avancer et la parole du CRAP être aussi pertinente et entendue.
Un dernier mot. Je tiens à remercier tout particulièrement Patrice Bride avec lequel j’ai compagnonné durant les dernières années à la rédaction en chef des Cahiers. Je m’abstiendrai de superlatifs, mais travailler avec lui est une chance et un bonheur que je n’oublierai pas.»

Lundi 22 octobre

Aujourd’hui, roulement de tambour ! La surprise sera en images et portraits animés. Pour ceux qui nous ont suivis, vous savez déjà que Thierry Foulkes, pendant des mois, est allé à la rencontre de personnes, de personnalités même, dont la trajectoire a traversé celle des Cahiers pédagogiques. Il leur a demandé : « Quand avez-vous rencontré les Cahiers pédagogiques ? » et « quel numéro ou article vous a le plus marqué ? ». Tous ont accepté de se déplacer et de répondre. Tous avaient des souvenirs. Vous les retrouverez ici

Et aujourd’hui, une nouvelle vidéo, intitulée « Je me souviens… Des Cahiers pédagogiques » Ce que je peux vous dire, c’est que ces témoignages sont très émouvants, avec des paroles tout sauf feintes, cela s’entend dans les voix, se lit sur les visages. Les Cahiers ont marqué ceux qui les ont approchés, parfois au coeur même, lorsque l’on pense à André de Peretti ou à Philippe Meirieu (ancien rédacteur en chef).

Alors voilà, surprise pour vous qui êtes de passage. Et cadeau pour vous qui faites partie ou avez fait partie du CRAP et des Cahiers pédagogiques : la preuve qu’il n’est pas d’action qui finisse lettre morte, que l’on ne fait donc pas tout cela pour rien.

  • (cliquez sur l’image pour voir la vidéo «je me souviens»)
    visages_des_personnes_de_la_video_3.jpg

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« Ce qui m’a touché au cours de ces entretiens, c’est sans aucun doute la très grande proximité des intervenants avec les Cahiers. Presque de l’affection même bien que le mot soit un peu fort. Tous ont vu dans l’existence de la revue une évidence incontournable. Tous entretiennent avec elle des liens solides et anciens. Pour certains, celle-ci a été une véritable révélation qui leur a permis de développer leur activité professionnelle. Pour d’autres elle leur a fait faire des pas de géants.

Il leur a été difficile de faire un tri dans leurs souvenirs concernant un dossier ou un article. C’est un ensemble, un tout que chacun a en tête et que l’on refuse de découper. Et lorsque l’un s’aventure dans cette voie, c’est parce que l’article en question fait partie intégrante de sa propre histoire. Il m’a été très difficile de couper dans les propos pour parvenir à un résultat respectant le format de rythme et de durée de la vidéo. Beaucoup de choses sensibles et pertinentes ont été dites. L’exercice a été passionnant et je remercie chaleureusement les Cahiers de m’avoir fait confiance pour la réalisation de ces vidéos.»

Un immense merci à Thierry Foulkes, révélateur d’âmes et d’empreintes…

Et à demain pour une nouvelle surprise.

dimanche 21 octobre

philippe_ficus_0.jpgCe soir, oh on ne peut pas dire que ce soit surprenant de voir figurer dans ce calendrier de l’avant, le jardinier gratouillant son ficus. Ce serait plutôt la moindre des choses. Vu que cet invité mystère-là est l’un des porte-voix de notre association. Un formidable ambassadeur. Un monsieur amateur et défenseur de la parole et des règles qui vont la protéger, même s’il n’est pas d’accord avec elle. On le retrouvera dans le numéro 500 des Cahiers pédagogiques, racontant comment l’idée d’enseigner lui est venue, dans un de ces témoignages intitulés « Paroles d’école ». Certains à vous donner des frissons. Ecoutez notre jardinier :

Pourquoi ai-je choisi les sciences économiques et sociales ? Pourquoi professeur plutôt qu’instituteur ? J’étais en seconde AB et j’avais trois heures de cette nouvelle matière que je découvrais : les SES. Premier contact un peu froid. « Les SES demandent de la rigueur », pas facile quand on a 14 ans. Et puis, bien qu’assez bon élève, j’avais un rapport assez difficile avec l’école. J’avais l’impression d’y être un imposteur, de ne pas y être à ma place. La culture ouvrière dont j’étais issu (et nous n’étions pas encore très nombreux dans ces années là) me semblait ignorée, voire méprisée. Je me souviens que c’était intéressant mais pas très folichon. Et puis un jour, alors que les TPE et autres dispositifs pédagogiques n’avaient pas encore germé dans l’esprit de ceux qui nous dirigent, nous trouvons devant nous nos deux profs de SES et de Français (Mme Fréjean, Mme Romieu) Elles nous expliquent que nous allons travailler sur un projet commun aux deux disciplines à partir de l’étude de Germinal. Nous allions étudier le texte en classe de Français et en même temps travailler sur les conditions de travail et les conflits du travail en SES. Et là je me rends compte, enfin, que l’école parle de moi. Que l’on peut aussi étudier des choses qui font du sens pour le fils d’ouvrier et petit-fils (et arrière petit fils …) que je suis. Je somme mes parents de partir en week-end à Billy-Berclau, commune du Pas de Calais en plein bassin minier et berceau de la famille Watrelot. J’y emporte mon beau magnétophone à cassette Philips bleu que l’on m’avait offert pour ma communion. J’y interviewe longuement un de mes grands oncles (qui décèdera d’ailleurs peu de temps après de la silicose) qui me parle de la mine, du travail du fond, de la manière dont on traitait les ouvriers. Il me confie son vieux livret ouvrier qui était obligatoire auparavant. Nous faisons des dessins de la mine, de la salle des pendus, du chevalet, du cuffat… Ai-je besoin de vous dire que cela m’a profondément marqué ? Vous le devinez aisément. Je me suis passionné pour ce projet et je crois avoir eu une (très) bonne note à cet exposé. Cela m’a raccroché à mon histoire, mais aussi à l’école. Au delà, je crois que cet évènement m’a permis aussi de me construire non seulement en tant qu’être humain (ce qui est déjà beaucoup) mais aussi dans ma pratique d’enseignant de SES. Peut-être ai-je choisi cette matière à cause de ce projet lancé par ces deux enseignantes. Plus largement, cette anecdote m’a aussi appris que les apprentissages ne sont efficaces que lorsqu’ils font sens et qu’ils permettent de relier les savoirs, que l’on apprend mieux et durablement lorsque l’on est acteur de la construction de son savoir. Ces phrases, pour moi, ne sont pas creuses et vides de sens. Elles font écho à des souvenirs vieux maintenant de plus de trente ans mais toujours vivaces.

Vous avez reconnu celui qui bichonne son ficus aussi bien que son CRAP ?

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Philippe…

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… Watrelot !

Au jardin, les beaux arts sont un plaisir des dieux… N’est-ce pas, président ?

A demain, pour une autre surprise !


samedi 20 octobre

La surprise du jour est en trois parties ! Vous aurez d’abord des extraits d’un article du numéro 500 des Cahiers pédagogiques, numéro d’anthologie, de garde comme on dirait d’un bon vin. A côté des grands noms comme Develay, Clerc, on trouve des petits noms, Annissa, Sonia, Icrame, dans une discussion à visée philosophique animée par Michel Tozzi. Michel Tozzi est à la fois un des porteurs de la discussion philosophique à l’école primaire et un acteur du CRAP et des Cahiers pédagogiques. Ensuite viendra une interview de Sylvain Connac qui fut un des professeurs d’école de l’équipe Balard. Pour terminer… eh bien vous verrez !

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Michel Tozzi : — Est-ce que vous pouvez nous donner une définition de ce que c’est qu’apprendre ?
Sonia : — Apprendre, c’est faire des choses.
Icrame : — Apprendre c’est voir, écouter et réfléchir.
Bilal : — Moi je dis qu’apprendre, c’est voir, écouter, savoir les choses.
Anissa : — Moi je pense qu’apprendre, c’est regarder et savoir.
Angie : — On apprend à être scientifique.
Chafta : — On apprend à s’habiller.
M.T : — À votre avis maintenant, pourquoi c’est une chose importante d’apprendre ?
Sonia : — Apprendre, ça peut nous servir plus tard dans notre vie.
Icrame : — Si on n’apprend pas, après on pourra pas contrôler notre vie.
Anissa : — Par exemple quand tu seras grand, on te demande de payer le loyer, on te demande de regarder, tu sais pas lire, alors là tu seras un peu bête, Icrame : moi je dis que si t’apprends pas, t’as pas de vie.

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Sylvain, si tu devais décrire la classe dans laquelle a été enregistrée cette discussion, que dirais-tu ?

Un groupe de 25 enfants vivants, de 6 ans à 11 ans, plutôt bien dans leur peau et conscients d’être chacuns différents et riches à la fois. Des garçons passionnés par le club de foot de « La Paillade » et quelques filles aussi … Dans une école en ZEP à Montpellier, avec un projet pédagogique coopératif où toutes les classes étaient multiâges et où les enfants étaient accompagnés pour apprendre de manière engagée, responsable et autonome.

Pour le reste, la suite de la vie de cette école, une fois que le projet s’est arrêté, est malheureusement une illustration de la laideur humaine : des coups bas, des règlements de compte sournois, beaucoup de jalousie, une incroyable mauvaise foi et une volonté farouche de vouloir détruire la différence pour installer de l’uniforme. Je ne pense pas qu’il soit opportun de médiatiser cette misère… malheureusement trop répandue.

Combien de temps es-tu resté à l’école Balard ? Qu’avait-elle de si spécial, avec le recul ?

J’y suis resté onze ans. Onze ans d’incroyable aventure pédagogique ! Un projet un peu fou même : vouloir augmenter l’hétérogénéité des classes, avec pour intention de nous inciter à penser autrement notre profession. A plusieurs, nous avons réussi à unir nos forces pour essayer de proposer une organisation du travail qui permette à chaque enfant de progresser dans ses savoirs et dans le plaisir pris à apprendre. Pour cela, nous avions besoin des enfants eux-mêmes, de leur élan de vie naturelle et de leurs capacités à se montrer sérieux et responsables dans le travail à conduire.

Qu’est-ce que ces années t’ont apporté ?

En tout premier lieu, la preuve qu’il est possible de considérer les enfants comme partenaires dans cette entreprise que constituent les apprentissages scolaires. Et en même temps, la conviction que tout cela n’est possible qu’avec une rigueur pédagogique extrême couplée à un sentiment partagé de confiance entre adultes.

Cela paraît avoir été tellement fort, tout cela… Au point de te demander : « Y a-t-il une vie après Balard ? »…

Oui, tout continue autrement : les raisons de militer sont multiples, les besoins énormes et les volontés interpersonnelles très présentes. Chacun des membres de cette équipe se trouve dans de nouveaux environnements et poursuivent, à leur mesure et avec d’autres, à développer l’idée de la coopération à l’école, une véritable source de croire en notre école pour les années qui viennent.

Pour terminer avec La discussion à visée philosophique : si tu devais garder trois mots pour la définir, quels seraient-ils ?

Se sentir exister…

Propos de Sylvain Connac

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Dessin de Borris. Avec l’aimable autorisation de son auteur.
Et son superbe blog : http://borrisbdillustration.blogspot.fr/
Pour Hippolyte et Jérémie : http://hippolyteetjeremie.blogspot.fr/


vendredi 19 octobre

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Nom : Koch
Prénom : Jack
Signes particuliers : écume les routes alsaciennes, une guitare et des crayons à la main.

Blog ? Oui. www.dangerecole.blogspot.com

Jack, vous faites partie des illustrateurs familiers des Cahiers. Pourtant ce n’est votre métier disons… principal.

Mon métier c’est instit’. Je suis titulaire mobile dans la circonscription d’Obernai en Alsace. Maternelle et élémentaire, avec une préférence pour la maternelle. Les dessins viennent ensuite, avec la musique également.

Il paraît que l’on ne vous voit jamais sans vos crayons et sans votre guitare…

Ah oui, ça, dessiner c’est une maladie ! Donc en effet, je veille à toujours avoir de quoi gribouiller. Et puis sans guitare, je ne sais pas faire classe.

Là vous piquez la curiosité de la musicienne ! C’est comment, faire classe avec une guitare ?

C’est comment ? C’est utiliser la musique, l’instrument, pour calmer, amuser, faire rêver à différents moments de la journée. En apprenant des chants, en racontant une histoire en maternelle…

A quoi elle ressemblait la matinée de Jack Koch ?

En ce moment je suis en remplacement en maternelle moyens-grands depuis la rentrée. La guitare est à demeure en classe. Aujourd’hui, c’était une chanson sur les couleurs. On a inventé la strophe du jour sur la couleur jaune parce que c’est la semaine du goût et que les enfants ont goûté des aliments jaunes (et étaient habillés en jaune !)

Et pour le dessin, vous pouvez me dire un peu ce qui vous inspire plus particulièrement ? Où est-ce qu’il faut appuyer pour mettre votre crayon en route ?

Je crois que c’est quand j’entends ou que je vois un truc en classe, dans la cour. Ca peut être des parents, des collègues ou des enfants. L’idéal c’est quand on peut raconter quelque chose avec le dessin et surtout que le dessin reste « ouvert » et ouvre la discussion, comme dans mon dessin ici. Je n’ai pas donné un avis tranché, définitif. En général, j’essaye de ne pas dessiner ce qui se passe, mais ce qui s’est passé avant; après, à côté…
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A demain, pour une autre surprise !


jeudi 18 octobre

Qui est la surprise aujourd’hui ? Quelqu’un qui est partout dans les Cahiers pédagogiques et que vous ne voyez, lisez, entendez jamais. Il s’agit de Marc Pantanella, notre graphiste.

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(C’est lui ! Vu par Luz.)

Moi j’ai toujours entendu parler de Marc Pantanella… Mais depuis combien de temps es-tu graphiste pour les Cahiers ?

J’en ai aussi toujours entendu parler, ha ha. J’ai commencé il y a 15 ou 16 ans en tant qu’indépendant (« free lance », en jargon), au moment où les Cahiers ont décidé d’externaliser (encore du jargon) les tâches de maquette. En 2011, les Cahiers m’ont salarié, j’ai enfin des tickets-restaurant.

C’est un avantage ou un inconvénient, cette durée longue ?

L’intérêt de suivre une publication sur un temps long, plutôt qu’enchaîner les commandes ponctuelles, c’est la possibilité d’une vision « historique » de ce qu’on fait. Le mot est un peu solennel, mais l’édition a connu ces dernières années d’énormes changements économiques et techniques, et les Cahiers n’y ont pas échappé. La rapidité, le caractère brutal de ces évolutions rend nécessaire une prise de distance, qui – en ce qui me concerne – est plus facile si je peux m’appuyer sur les exemples concrets de mon parcours professionnel.

En quoi consiste ton travail ?

De la maquette et du graphisme pour des supports papiers et web.

Le plus problématique, qu’est-ce que c’est ?

Dans mon cas, c’est d’intégrer les évolutions techniques de la publication numérique, donc d’avoir à manipuler et comprendre des outils pour lesquels il faut une autoformation permanente, dans un domaine très agité, et de se frotter à des notions parfois bien exotiques pour lesquelles ma formation initiale ne m’est d’aucun secours. Il y a aussi la difficulté à trouver un traiteur valable aux alentours de la rue Chevreul.

Ton meilleur souvenir de graphiste aux Cahiers ?

Les vacances. Mais non, bien sûr. Je n’ai pas un souvenir dominant. Je suis content quand je juge qu’un truc est réussi : une page, des pages, une affiche, une couverture, bref… Mais je suis peu enclin à l’autosatisfaction (c’est ce qu’ils disent tous). Disons que, d’une façon générale, on est plutôt content de ce qu’on fait quand le résultat n’est pas trop éloigné de l’image mentale qu’on en avait au préalable – si l’on en avait une – et lorsqu’on vérifie que notre représentation a priori est adéquate au contenu. Dans le jargon, on dit : « ça fonctionne »… Et on passe à autre chose.

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Nos couvertures, de 1945 à 2012.


Mercredi 17 octobre

Carolina, une voix venue d’ailleurs

Le numéro 500 des Cahiers pédagogiques va bientôt sortir de l’imprimerie. En plus des articles, vous allez découvrir des tas de témoignages. Notamment sur ce que représente apprendre aux quatre coins du monde. «Paroles d’ailleurs», cela s’appelle. Parmi les témoignages, celui de Carolina.
Carolina Aular a 20 ans. Elle est étudiante en relations internationales, à Caracas, au Vénézuela. Elle vient de passer trois mois en France. Et elle nous a raconté comment on voit l’éducation au Vénézuela lorsque l’on a 20 ans.

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Nous, les jeunes et les moins jeunes, pris dans la mondialisation en ce XXIe siècle, nous considérons l’éducation comme un moyen de progrès et de subsistance. La société actuelle demande des citoyens de plus en plus formés et par conséquent, la formation académique est plus dure et plus exigeante. Pour certains, la formation académique est un luxe, parce qu’en raison des caractéristiques de leur pays, elle n’est pas accessible à tous, de sorte que la démocratisation du savoir a été, et doit continuer à être un des objectifs du siècle nouveau. Il faut aussi mentionner l’impact des nouvelles technologies dans le champ de l’éducation, lesquelles suscitent de nouvelles méthodes d’enseignement; compte tenu de l’ampleur de leurs acquis, elles constituent un monde énorme et inconnu, qui soulève un grand intérêt. Bien sûr, leur succès provient de la curiosité qui s’éveille en nous, quand se manifeste ce désir incontrôlable de vouloir apprendre, vouloir découvrir ; car ce désir est le premier pas nécessaire pour commencer à éduquer, s’éduquer, ou encore être éduqué. Ce sont les appels de notre curiosité qui nous font accéder à la connaissance «en gros», à ces idées bien souvent vraies mais désordonnées qui vont se mettre en ordre quand nous nous formons et entrons en contact avec la science théorique. Cependant, il y a quelque chose que les technologies n’ont pas su investir et il serait bien difficile qu’elles y parviennent : c’est le contact personnel professeur-élève, qui, de mon point de vue, est et sera ce qui forme des professionnels qui soient aussi humains, attachés aux valeurs éthiques qui peuvent guider le savoir maitrisé.

(Traduit de l’espagnol par Danièle Manesse)

A demain pour une autre surprise !


Mardi 16 octobre

Aujourd’hui, oui, un petit dessin de Charb. Trois en un, même !

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