Dans le contexte de l’autonomie grandissante des établissements scolaires, notamment depuis l’acte II de la décentralisation, en 2004, ou de la loi organique relative aux lois de finances (qui vise à développer la responsabilité à tous les niveaux, en terme d’objectifs, de résultats, de performances), le rôle des personnels d’encadrement s’est profondément modifié. Ces évolutions imposent de repenser leur formation, et cet ouvrage est publié alors que précisément, plusieurs académies ouvrent le chantier d’une refonte de la formation statutaire des personnels de direction.
Après avoir exploré les enjeux de cette formation, Jean-Luc Berthier, ancien chef d’établissement et responsable de formation à l’ESEN (École Supérieure de l’Éducation nationale) nous livre successivement des éléments très théoriques comme, par exemple, les mécanismes d’apprentissages, les processus de mémorisation ou la pratique réflexive, et des éléments pratiques d’ingénierie de formation, eux-mêmes complétés par des fiches pour construire un cahier des charges, un programme ou une action de formation.
Au passage, il présente chacun des acteurs (notamment l’ESEN) et précise utilement les places et rôles respectifs, dans le cadre de la formation en alternance, du chef d’établissement d’accueil, du tuteur et du formateur statutaire.
On retrouve les problématiques que l’on questionne dans tous les domaines de l’éducation, et bien sûr, dans la classe. Ainsi, le fil rouge tout au long de cet ouvrage, c’est l’opposition entre les savoirs professionnels (qui ne suffisent plus) et les compétences professionnelles (qui ne s’acquièrent pas, mais se développent). Cela permet d’aborder l’inter catégorialité, l’autoformation, les places respectives des formations initiales ou tout au long de la vie.
Il s’agit d’un livre un peu aride, mais très riche, et nécessaire dès lors que la formation des cadres est assurée par leurs pairs qui n’ont, en général, pas de préparation préalable ou de compétences spécifiques de formateurs. A cet égard, on peut considérer que sa mission est remplie et qu’il contribue utilement à leur professionnalisation.
Philippe Pradel