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La force tranquille de l’école finlandaise

Commençons par noter quelques points sur cette rencontre :
– Le ton modeste et qui tranche avec la suffisance de trop de discours qu’on entend ici de la part de politiques. La secrétaire attend avec une certaine appréhension en décembre prochain les résultats de PISA, car quand on est premier, on ne peut que descendre ! Tout en disant avec le sourire qu’après tout, une baisse dans le classement secouerait un peu le système qui a ses défauts et ne doit pas s’endormir sur ses lauriers ;
– L’insistance sur un certain nombre d’aspects qui là aussi font contraste avec bien des discours autour de notre école : la nécessité de maintenir de fortes relations de confiance au sein de l’école (la secrétaire va jusqu’à dire qu’il faut des relations « amicales » entre enseignants et élèves !), de toujours privilégier la prévention et l’accompagnement (elle fait part bien franchement de son étonnement devant des mesures de type pénalisation financière de parents défaillants, suite à une question d’une journaliste de Libération à propos de la suppression des allocations familiales), la mise en avant d’une formation très axée sur la pédagogie comme facteur décisif et comprenant une forte dimension réflexive sur le métier (formation qui est à la fois un droit et un devoir, insiste-t-elle), dans un pays où on se bouscule pour être enseignant (et madame Misukka indique bien que pour elle le facteur financier ne joue guère, les enseignants n’étant pas particulièrement bien rémunérés par rapport à la moyenne en Europe) ;
– Autre point encore : l’importance de la collaboration avec les syndicats. Ce qui a marché pour transformer un système qui était il y a trois décennies encore très inégalitaire et peu innovant, c’est bien la concertation et le fait de concilier le pilotage et la forte responsabilisation des acteurs, à qui on donne la liberté d’innover.

Dans une période de crise, qui touche la Finlande, l’école affronte cependant des problèmes bien entendu. La ministre rappelle les fusillades dans un lycée qui ont secoué tout le pays, mais qui n’a pas conduit à la « fermeture »). La société continue à considérer que les écoles doivent rester ouvertes et la notion d’ « école agréable » a permis la mise en place de programmes de lutte contre la violence qui ont eu des résultats spectaculaires là où ils ont été mis en œuvre.

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Parmi les questions qui se posent, il y a celle de l’accroissement nécessaire du travail avec les nouvelles technologies, lequel reste encore insuffisant.

Et puis, dans ce pays où chacun va à l’école proche de son domicile, la tentation existe pourtant de fuir certains établissements comprenant par exemple un fort pourcentage d’immigrés. 2 % d’élèves vont dans le privé actuellement, mais l’élitisme de certaines couches sociales menace parfois.

L’école finlandaise continue à travailler sur les savoirs de base à enseigner, sur une recherche de l’égalité compatible avec de hautes performances, sur la conciliation entre les grandes lignes directrices nationales et cette force décentralisation qui est un atout.

Un rapport récent d’une commission sénatoriale met aussi en avant tous ces facteurs de réussite. Mais qu’en fait-on chez nous quand on démolit la formation et qu’on choisit des solutions répressives le plus souvent contre la prévention et l’établissement de la confiance. Pas de « modèle finlandais », mais quand même une bouffée d’air frais…

Jean-Michel Zakhartchouk


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La Finlande  : un modèle éducatif pour la France  ? Les secrets de la réussite
Paul Robert, ESF éditeur, Pédagogies références, 160 pages, 2008.

Programmation 2014-2015

Programmation 2014-2015

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Notre revue a publié plusieurs contributions sur l’école finlandaise, dont un dossier intitulé « L’école en Finlande », coordonné par Päivi Sihvonen du département des langues romanes à université d’Helsinki.