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L’accompagnement scolaire. Sociologie d’une marge de l’école
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Je sème à tout vent… Les acteurs de l’accompagnement scolaire s’activent, mais ils ne savent pas quels effets ils produisent, et nul ne le sait – les évaluations faites des dispositifs d’accompagnement scolaire n’en disent rien ou ne concluent pas sur ce point. C’est sur ce constat que se termine, en point d’orgue, le dernier livre de Dominique Glasman. Est-ce à dire que la devise de Larousse convient à l’accompagnement scolaire, comme elle convient généralement à toute entreprise d’éducation ? Sans doute pas : cette philosophie fort libérale n’est pas en accord avec le volontarisme affiché des pratiques d’accompagnement scolaire.
La même question s’était posée pour les ZEP, on s’en souvient, et la réponse évasive qui fut d’abord donnée, sur une base statistique, n’avait pas été jugée satisfaisante. C’est l’étude de Catherine Moisan et Jacky Simon, mettant en évidence les variations des effets de la politique des ZEP en fonction de la qualité de pilotage du dispositif, aux différentes échelles, qui permit de sortir du flou. L’observation méthodique des dispositifs d’accompagnement scolaire, à laquelle procède Dominique Glasman, amène à une conclusion semblable. On peut s’attendre à ce que les effets des dispositifs d’accompagnement scolaire varient en fonction des configurations locales (de quartier, municipales, nationales) dans lesquelles s’inscrivent ces dispositifs. En douze chapitres, le livre multiplie les points de vue à ce propos.
Le fonctionnement des dispositifs École Ouverte, par exemple, varie selon les projets locaux, les ressources locales. Mais il dépend aussi du cadrage national du dispositif, qui amène ses animateurs à faire la preuve de leur sérieux auprès des enseignants, ainsi qu’auprès des parents et auprès des enfants qui sont tout de même en vacances ! Il en résulte des formules récurrentes, qui combinent, pour les activités du matin, des formes assez scolaires de gestion du temps et du groupe, et, pour l’après-midi, des activités gratifiantes ou qui valorisent publiquement les enfants. Pas étonnant si le profil des élèves qui s’inscrivent présente des régularités.
Par les dispositifs d’accompagnement scolaire, l’école construit sa marge, nous dit le titre même de l’ouvrage. Elle aménage l’interface entre elle-même et son public en zone populaire. Faut-il parler à cet égard de médiation ? Le mot s’est banalisé ces derniers temps, mais « la chose » qu’il recouvre est loin d’être à proprement parler de la médiation. Dans la médiation, il y a en principe mise en contact d’acteurs éloignés l’un de l’autre, et mise en œuvre d’une négociation, procédures de traitement des conflits. Un des chapitres les plus éclairants du livre montre pourquoi il est peu probable que les dispositifs d’accompagnement scolaire favorisent la médiation entre familles (ou élèves) et écoles.
Il n’empêche qu’ils sont apparemment devenus indispensables, ils accueillent des proportions significatives d’élèves – peut-être 10 % des écoliers et collégiens dans les îlots les plus aidés dans la politique de la ville – les grands opérateurs de l’éducation populaire, tels la Ligue française de l’enseignement, ne sauraient désormais s’en désintéresser. Va-t-on vers l’institutionnalisation ? Il y en a certains indices, même si, en la matière, cette solution poserait d’autres problèmes, montre l’ouvrage. Ou vers une meilleure coordination avec les acteurs de l’école, dans une éthique de « responsabilité partagée » ? Il le faudrait sans doute, mais le chercheur n’en relève guère de signes sur le terrain.
Françoise Lorcerie
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