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Inquiétudes de formateurs
Les formateurs des équipes de formation continue de l’académie d’Amiens ont eu la surprise, en ce début d’année scolaire, de recevoir du rectorat un courrier qui, au nom des changements nécessités par la mise en œuvre prochaine de la LOLF, annonce une modification sensible de leurs conditions de travail, en particulier une disparition annoncée des heures-années (HSA) attribuées a priori : le paiement se ferait après service fait sous forme d’heures effectives (HSE).
Dans leur sécheresse, ces dispositions (ainsi que d’autres qui alourdiraient la charge de travail des formateurs) qui disent vouloir « permettre de réajuster les moyens à hauteur de leur consommation réelle » et même « augmenter les capacités de recrutement de nouveaux formateurs » signeraient de facto la fin des équipes de formateurs.
À l’IUFM d’Amiens, comme ailleurs, existent des équipes, transversales et disciplinaires, qui ont travaillé depuis des années pour former et se former. Elles ont permis à de nouveaux formateurs d’entrer dans le métier aux contacts d’anciens, ont organisé des journées de réflexion, ont tissé des réseaux avec d’autres équipes académiques (par exemple dans les « écoles d’été » inter IUFM), ont acquis depuis l’époque des Mafpen un savoir-faire reconnu qui doit beaucoup à leur insistance sur le travail en commun, l’échange, la coformation y compris à partir d’apports extérieurs comme les interventions d’universitaires.
La charge de travail des formateurs est souvent lourde. Une formation de qualité, répondant aux besoins, exige des négociations préalables avec les chefs d’établissements et les collègues, un suivi (échanges par Internet, envois de documents, etc.), des réunions d’équipes et des temps de formation personnelle.
Pour poursuivre ce travail, pour continuer à offrir des formations « de terrain » qui répondent aux demandes face à la difficulté scolaire, on ne peut parier sur des formateurs isolés répondant au coup par coup aux demandes. Il faut maintenir :
– La rémunération a priori, sur la foi d’un contrat d’objectifs, donc d’une charte du formateur, engageant les deux parties concluantes. Seule une garantie de décharge de service donne le temps suffisant pour travailler à la formation.
– L’existence des équipes et la reconnaissance de leur travail.
Sans HSA, donc sans décharges de service, sans prise en compte du temps de travail hors stage, que peut-on encore faire de solide ?
Notons qu’il y a contradiction manifeste entre ces mesures annoncées et les bonnes intentions d’un cahier des charges de la formation pour 2006-2007[[Pour info, le cahier des charges de la formation continue pour 2006-2009 vient d’être mis en ligne : www.ac-amiens.fr/formations/innovation/formation.htm]] qui met l’accent sur l’importance de la formation continue pour accompagner la transformation nécessaire du métier, en vue de la réussite de tous les élèves. Ces intentions ne peuvent se transformer en action que si des moyens réels sont donnés aux formateurs : un statut professionnel et une reconnaissance effective.
Florence Castincaud, formatrice, Amiens.